[Attention, dans cet article, une distinction sera effectuée entre les jeux de rôles "conventionnels", qui seront donc bêtement nommés "jeux de rôles" et ceux dont le support est en premier lieu dans les jeux vidéo, qui seront appelé "RPG", quelle que soit l'origine du jeu]
Fallout 4, Far Cry Primal, The Witcher III, Dark Souls III, autant de titres qui sont sortis dernièrement en jouant sur la carte du jeu de rôle accessible à tous et à toutes, au point de nous faire oublier les premières inspirations de ces jeux. Les jeux de rôle "papier" ont pourtant connu une nouvelle renommée avec le début, fin avril 2015, d'Aventures, un jeu de rôle dont les parties sont filmées, voire streamées et regroupant quelques Youtubeurs connus du paysage-web français, à savoir Frédéric Molas et Sébastien Rassiat (Joueur du Grenier), Krayn et enfin Bob Lennon (Fantabobgames). Tout ce petit monde est dirigé par Mahyar, figure bien connue des jeux de rôles et ayant contribué à la rédaction ou à la traduction de livres, jeux ou magazines liés au jeu de rôle.
La facilité des RPGs
Personnellement, je suis devenu Maître de Jeu pratiquement par accident : je tâtonnais vaguement dans le jeu de rôle depuis quelques temps, quand plusieurs de mes amis, des étoiles pleins les yeux après avoir vu les premiers épisodes d'Aventures, sont venus me voir pour me demander de masteriser sur du Donjons & Dragons (3.5 !). J'ai accepté, pour le plaisir, le fun et l'opportunité de faire souffrir "mes" joueurs en les plaçant dans des situations des plus inextricables.
Toutefois, rapidement, j'ai découvert l'envers de la médaille : préparer une partie de jeu de rôle, quel qu'il soit (D&D 3.5, l'Appel de Cthulhu, etc...) prend généralement beaucoup de temps, quel que soit le support : que ce soit sur une table, dans le but de réunir les joueurs autour, ou sur des sites ou des logiciels tels que Roll20 (utile, quand tout le monde se trouve à 400 kilomètres les uns des autres !). Et, même au dernier moment, il manque encore et toujours quelque chose !
Donc, rapidement, on ressent de la lassitude en voyant que les scénario sont longs à mettre en place, qu'il faut conserver tous les détails quelque part (j'ai sur-consommé les calepins et les documents Word, cette année...), choisir LA bonne musique pour accompagner tel ou tel moment, choisir les ennemis, préparer des pièges... Cela devient si frustrant que l'on finit par abandonner, l'espace de quelques temps, la création du scénario, afin de, pourquoi pas, reprendre la dernière sauvegarde d'un RPG, genre Oblivion. On ne va pas endiguer l'invasion de Merhunes Dagon en se tournant les pouces. En même temps, on se motive et on se donne bonne conscience en se disant "Au pire, cela me donnera des idées pour le scénario."
Et là, nous sommes piégés. C'est bien plus simple de jouer à un jeu dans lequel tout est pré-mâché, dans lequel nous n'avons qu'à suivre les directives de l'équipe de MJ que sont les développeurs. Au fil du temps, on se laisse aller à la facilité, allant jusqu'à préférer prendre une quête d'un jeu afin de créer un scénario sans effort.
Imagination et procrastination
Jouer aux RPG (et pas uniquement ces jeux) va sans aucun doute stimuler votre imagination, mais en partant du principe que tout le monde n'est pas un MJ, et que l'on a parfois envie de la faire travailler, comment faire ?
Il existe une solution, qui peut convenir à tous et à toutes : les forums roleplays, qui proposent de nombreux univers (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, fantasy, S.F., NSFW...), assez pour contenter les plus exigeants. Sur le "papier", leur principe est simple : il suffit de créer un personnage, en précisant directement quels sont ses traits, son caractère, voire même ses compétences, avec la possibilité de les voir évoluer au fil du temps. On a alors l'occasion de pouvoir écrire de bout en bout l'histoire de ce personnage, tout en ayant l'opportunité de travailler son style d'écriture, et de placer quelques références de bon aloi.
Mais cela prend du temps d'écrire les posts RP (les réponses aux autres rôlistes inscrits sur le forum, et qui participent à une partie de l'histoire de votre personnage, tout comme vous participez à celle des autres). Et l'on finit par repousser le moment où l'on répondra, encore et encore, préférant faire autre chose plutôt que de perdre une soirée à écrire une trentaine de lignes. Comme, pourquoi pas, jouer aux jeux vidéo ?
De ce point de vue, c'est sûr, on peut le supposer, les jeux vidéo ont supplanté les jeux de rôles. Mais qu'en pensent les principaux concernés, les rôlistes ?
La parole aux rôlistes
La plupart du temps, les rôlistes découvrent le jeu de rôle durant leur adolescence, poussés par la curiosité, l'envie de découvrir de nouveaux univers auxquels sont attachées des règles strictes, et parfois obscures. Cela permet, d'une certaine façon, de se joindre à une communauté (parfois bien trop stigmatisée...) et surtout de jouer avec l'imagination parfois débordante dont on peut faire preuve à cet âge-là.
Que recherchent-ils, quels sont leurs motivations ?
Tout d'abord, c'est la multitude de possibilités offertes par les jeux de rôle. Il existe tellement d'univers différents qu'il faut être exigeant pour ne pas trouver son bonheur. De plus, c'est la liberté de création et d'interprétation qui les attirent : au contraire d'un RPG où les actions du joueur sont limitées (même si certains jeux, tel que Fable II, proposent de très nombreuses interactions avec les PNJs, allant jusqu'à offrir la possibilité d'en forcer 5 à participer à une orgie...), les jeux de rôles, qu'ils soient sur papier ou sur forum, offrent bien plus de choix. Vous voulez éviter de combattre ce Troll qui garde le pont et vous bloque le passage ? Aucun problème, il est sans doute possible d'engager la conversation avec lui. Si il semble toujours réticent à vous laisser passer, vous pourrez toujours lui jeter l'Halfelin du groupe en pâture, avant de courir.
La motivation principale reste l'évasion dans un univers dans lequel il est possible de créer littéralement n'importe quel type de personnage, tout en étant encadré par des règles. Une Demi-Elfe Noire qui se travestie ? Un chasseur de primes qui se défonce quotidiennement pour empêcher sa mémoire absolue de le rendre fou ? Un Homme-Félin à l'aspect féminin et au comportement ambiguë ? Un journaliste d'investigation membre d'une société secrète révérant le panthéon nordique ? Vous pouvez ! C'est l'avantage des jeux de rôle : le libre-arbitre qui est proposé. Une véritable liberté de choix, où l'on n'est restreint que par son imagination.
Mais, est-ce que le jeu de rôle a un avenir ?
Toujours selon eux, oui, bien entendu ! Plus encore, selon eux, il reste encore un média apprécié, en raison du fait que les supports se sont petit à petit déplacés sur Internet (avec Roll 20, notamment). De plus, certains événements et conventions geeks ont des stands d'animations de jeux de rôle qui proposent des initiations aux différents univers aux néophytes voulant essayer.
De plus, ne se concentrer QUE sur les jeux de rôles "papiers" et "forums", ce serait oublier l'importance des jeux de rôle grandeur nature, qui permettent des reconstitutions de batailles, parfois historique comme ce fut le cas pour célébrer le bicentenaire de la Bataille de Waterloo.
Enfin, pour étayer cette thèse, le fait que des jeux de rôles, comme Donjons & Dragons et L'Appel de Cthulhu, sortent toujours de nouvelles éditions (D&D V.5 et l'Appel de Cthulhu V.7), montre que les jeux de rôles ont encore un avenir. Au moins pour les quinze à vingt prochaines années.
Nous remercions les forums Orcande et Les Enfants de la Force pour leur participation.
Par Tatu, il y a 8 ans :
Intéressant point de vue. Est-ce possible de réconcilier réellement les jeux de rôles et les jeux vidéo ?
A voir, en 2017 sortirait Call of Cthulhu sur consoles et PC, ce serait l'occasion de voir si cela est possible.
Mais ce qui serait VRAIMENT sympa serait une réédition du Temple du Mal Elementaire (D&D 3.5, sur PC), en ne touchant pas au gameplay, juste en mettant les graphismes à jour.
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