Hier sortait au cinéma Suicide Squad. Le film, qui était assurément le film le plus attendu de l’été, vient de se faire descendre par la critique. "Un ratage monumental (…) ennuyeux, ridicule et bâclé" selon Le Figaro. "Suicide Squad est-il le plus mauvais film de l’année ?" se demande GQ. Quand on regarde le succès du film auprès du public, on se demande si les critiques de cinéma ont vu le même film que nous. Plus encore, on se demande si les critiques de cinéma ne jouent pas la carte de l’hypocrisie. Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que je comprends tout à fait qu’on puisse ne pas aimer un film. C’est une question de goût. Et je comprends également qu’on donne son avis. D’ailleurs, j’encourage cette démarche. Seulement voilà : je remarque qu’à chaque blockbuster très attendu, les critiques encouragent à éviter le film. Pourquoi ? Si cet article ressemble à un coup de gueule, je voudrais néanmoins apporter des éléments de réponse pour expliquer ce phénomène.
La peur de surfer sur la hype ?
Derrière leurs critiques acerbes dignes de celles du critique culinaire de Ratatouille se cache une hypocrisie qui me semble très voyante. Quand GQ se demande si Suicide Squad est le pire film de l’année, c’est à se demander si l’auteur de l’article va souvent au cinéma (ce qui serait le comble pour un critique cinématographique). D’autant que des films postulants pour le titre du plus mauvais de l’année, il y en a à la pelle. Ne serait-ce que Gods of Egypt, Amis Publics ou Les Visiteurs 3, qui me semblent mieux mériter ce titre que Suicide Squad.
OUI MAIS… Mais Suicide Squad était un film très attendu. Les fans de comics ou de films d’action attendaient ce film avec impatience. Et même ceux qui ne sont pas nécessairement amateurs de ce genre de films iront le voir, par curiosité. Autrement dit, Suicide Squad, avec ses scènes d’action extrêmement bien tournées, son casting cinq étoiles, et son humour débridé, a une chance de pouvoir rebondir sur le phénomène Deadpool. Sauf que, voilà, les phénomènes effraient les journalistes. Ils ont peur d’en faire partie. Ça les terrifie bien plus qu’un film d’horreur. Pourquoi avoir peur de ces "phénomènes" ? Je pense que les critiques (littéraires, de cinéma, de musique, etc) se voient comme les garants de notre culture, comme faisant partie d’une élite intellectuelle. Et donner son approbation à propos d’un vulgaire film de super-héros serait faire purement et simplement partie de la masse des gens normaux, des gens qui ne sont pas de cette élite qu’ils imaginent et fantasment. Bien sûr, tous les journalistes ne sont pas comme ça ! Mais il y a en a qui, indéniablement, font partie de cette classe snobinarde.
Autre problème du blockbuster tel que les critiques de cinéma semblent le percevoir, c’est qu’un film comme Suicide Squad est une véritable mine d’or pour les studios, qui se font un max d’argent parce que nous consommons leurs produits. Alors, rentrer dans cette mode, c’est être un mouton (bêêê) asservi par le système capitaliste, alors que critiquer ces films, c’est être "anti-système" et libre. Bref, les blockbusters, c’est pour les débiles.
La peur de l’infantilisation
Cette problématique souligne un autre problème, plus grave encore, et qui nous concerne. Si les films de super-héros, de SF, de fantasy sont vus comme étant un facteur potentiel d’un nivellement vers le bas qu’il faut éviter, c’est parce que la culture geek est vue comme infantilisante. Être adulte, ce n’est pas s’éclater devant Deadpool ou devant Warcraft : Le commencement. Noooon. On est adulte que quand on passe du marathon Star Wars entre potes à la soirée Michel Haneke avec sa belle-mère. Ce même cliché sur les geeks, on le retrouve dans chacune de leurs passions. Les jeux-vidéos sont dangereux, les comics sont débiles, etc, etc, etc. Souvenez-vous de la lourde appréhension qu’ont eue certains journalistes et notre gouvernement à propos de Pokémon Go ! Ce problème est la conséquence d’un autre : une mauvaise définition du mot "intelligence". Regarder un film de super-héros ne rend pas con. Seuls l’émission Touche pas à mon poste ! et Les Nouvelles aventures d’Aladin peuvent avoir un tel effet (ça c’est fait).
Donc, répondons aux journalistes qui voient partout un nivellement par le bas ! Pas besoin de signer une pétition : ils ont le droit d’écrire ce qu’ils veulent. Seulement, allons au cinéma. Regardons ce que nous voulons, quand nous voulons, et ce sans le moindre scrupule. Si regarder un film de super-héros, c’est la preuve que nous sommes asservis par le système, pourquoi s’en priver ? Ce système, nous le voyons tous les jours à la télévision, et n’est qu’horreurs (pauvreté, maladies, terrorisme, réchauffement climatique) : se divertir me semble être un moindre mal. S’ils veulent nous voir comme des moutons abrutis, qu’ils le fassent ! Je préfère personnellement mille fois être un mouton qui s’éclate qu’un pigeon qui s’égare.
Par jeanLucasec, il y a 8 ans :
Tout à fait d'accord avec toi !
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