Il y a 66 millions d'années, l'Age des dinosaures prenait fin. Alors que les principales espèces s'éteignaient les unes après les autres (imaginez une musique de Stravinsky pour rythmer un peu le tout) certaines ont réussi à survivre et évoluer jusqu’à devenir nos oiseaux modernes. Pour mieux comprendre comment ces bêtes d'un autre temps sont devenues des petits volatiles, des scientifiques de l'Université de Chili ont modifié des embryons de poulets pour qu'ils développent les pattes de leurs ancêtres !
(un embryon de poulet, photo type)
Le principe de l'évolution inversée
L'évolution des dinosaures vers les oiseaux a commencé il y a 150 millions d'années. Leurs corps se sont peu à peu dotés de plumes, leurs membres ont fusionné pour devenir des ailes, ils ont acquis un bec à cause de leur façon de récolter la nourriture... Si certains détails de leur évolution sont connus grâce aux fossiles, beaucoup de questions restent encore sans réponse. Les scientifiques essayent de se représenter en détails comment ces mutations de l’anatomie se sont développées.
Pour cela, ils se sont lancés dans une expérience "d'évolution inversée". Le principe semble digne de Jurassic Park (version poulailler). Les scientifiques ont identifié certains gènes précis qui ont participé à la mutation des dinosaures en oiseaux. Ils tentent à présent de les altérer pour qu'ils retrouvent la forme qu'ils avaient à l'époque. D'après une étude publiée dans le journal Evolution, ils sont parvenus à faire pousser une jambe de dinosaure sur un fœtus de poulet !
Ça n'est pas la première fois qu'une équipe réalise une expérience de ce type. En 2015, des modifications de protéines sur des embryons avaient démontré que les poulets pouvaient développer un museau de dinosaure à la place du bec. Le but de ces expériences est de mieux connaitre la structure des os des dinosaures.
Des modifications génétiques
Nos oiseaux modernes descendent d'un groupe de dinosaures à plume appelé Coelurosauri. Cette famille, comprend entre autres les Deinonychus, Tyrannosaurus, et Velociraptors. Des grosses bêtes jusqu’à nos petits amis à plume, pas plus hauts qu'une cheville humaine, il y a de la marge ! Les chercheurs de l'Université de Chili tentent de découvrir les différentes étapes qui ont mené à ce résultat. Pour cela ils ont bloqué le processus d'expression d'un gène particulier celui de l'Indian Hedgehog (hérisson Indien). Ils ont alors remarqué que la fibula continuait de grandir comme celle d'une jambe de dinosaure. La fibula (ou péronné) est un os de la partie latérale du squelette de la jambe, articulé avec le tibia à ses deux extrémités. Chez les oiseaux, la fibula est une baguette osseuse située dans le pilon. Lorsque que l'Indian Hedgehog a été réduit au silence, un autre gène s'est alors exprimé plus fortement : le PthrP. C'est lui qui a encouragé l'os à grandir.
La jambe modifiée rappelle celle d'un Archaeopteryx, une créature qui représente une étape intermédiaire de l'évolution entre les plus vieux Coelurosauria et les oiseaux modernes (photo ci dessous). Cela signifie que chez les oiseaux actuels, la jambe est programmée pour ne pas grandir au delà d'un certain stade. Le développement de la fibula pourrait même être régulé par un os de la cheville, le calcaneum, qui lui signale quand il faut arrêter de s'étendrde.
Après l'expérience, les embryons ne furent malheureusement pas autorisés à éclore. Les dinosaures en chair et en os sont toujours bien de la science fiction. Désolé de décevoir également ceux qui allaient déjà sortir le porte-monnaie pour acheter un pouletosaurus de compagnie. Ce n'est pas pour demain !
Par Vivian, il y a 8 ans :
Jurassic Park is COMING
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