Après une semaine mouvementée, il était temps de s'attaquer au gros morceau de l'actualité de YouTube : la polémique autour du Raptor Dissident. Sachez que mes normes journalistiques me forcent à faire preuve d'objectivité, mais que sous la plume de l'Avocat du diable, je me permettrai de dégraisser et d'expliciter pour souligner les points de litige essentiels. J'ai choisi d'arquer mon analyse autour de la problématique de la liberté d'expression. Aussi vaste et inconfortable soit-elle, celle-ci est néanmoins l'élément central de la joute.
Mise au point
Pour ceux qui ne savent pas, ou très peu, de quoi je parle voici une petite remise à niveau. Tout part d'une vidéo de la vidéaste Marion Seclin qui traite du harcèlement de rue de manière paradoxalement légère et froide. Suite à quoi le Raptor Dissident a réalisé à son tour deux vidéos soulignant les incohérences dans les propos de Marion, tout en chargeant les pseudo-féministes et les "SJW", des justiciers sociaux. Le problème, c'est que le style du Raptor se veut volontairement haineux et agressif et, après de très nombreuses plaintes à son égard, les vidéos ont été supprimées de YouTube.
Vexé, le Raptor a republié sa vidéo censurée sur Facebook avant d'en réaliser une seconde traitant de cette censure. Au milieu de tout ça, un autre youtubeur, Masculin Singulier avait à son tour sorti une vidéo tournant en satire le Raptor. Celle-ci a été partagée par plusieurs grands youtubeurs comme Antoine Daniel ou Mathieu Sommet qui ont été copieusement insultés par la communauté du Raptor (et non le Raptor lui-même) qui les accuse d'avoir poussé à la censure de la vidéo. De plus, figurant sur la miniature de "YouTube me censure" du Raptor, Mathieu Sommet a décidé de lui répondre. S'en est suivi un clash par média interposé autour de plusieurs vecteurs déterminants.
Bien entendu, je résume le plus possible la polémique car ce qui va être intéressant c'est de l'expliciter. Pour vous faire une idée, je vous invite à retracer dans l'ordre chronologique toutes les vidéos, surtout que plusieurs reprennent désormais le litige.
Au cœur de la liberté d'expression
Pour suivre la chaîne du Raptor Dissident, il est nécessaire d'être doté du 1000ème degré d'interprétation. En effet, comme expliqué précédemment, il se veut volontairement provoquant pour irriter et interpréter dans son style l'actualité. Le problème, et il est malheureusement récurrent sur YouTube et, de manière générale sur les réseaux sociaux, c'est que ce 1000ème degré, tout le monde ne l'a pas. Ainsi, quand un internaute tombe de manière aléatoire sur une vidéo du Raptor sans ne rien connaître de lui, on peut être en droit d'être surpris.
Sauf qu'ici, cette surprise en question a fait censurer sa vidéo. Et, avant de traiter de la liberté d'expression, attardons-nous quelques secondes sur le pourquoi de cette censure. Mathieu Sommet l'explique très clairement dans sa vidéo : Google et YouTube veulent éviter au maximum les procès futiles, et quand ils reçoivent un trop grand nombre de plaintes, ils ne perdent que très peu de temps pour censurer une vidéo sans même l'avoir regardée. Ils s'intéressent principalement aux aspects économiques, plus qu'éthiques.
D'autre part, le débat devient intéressant quand on y intègre la notion de la liberté d'expression. Le Raptor s'agace de cette censure en y évoquant ses droits alors que Mathieu Sommet tente de lui expliquer pourquoi sa vidéo aurait pu être censurée pour des raisons morales.
Une notion plurielle
Le problème avec la liberté d'expression, c'est que chacun la définit à sa manière. Principalement depuis les derniers évènements qui l'ont mise en centre d'intérêt (Dieudonné ou Charlie Hebdo), elle est devenue une sorte de bouclier aux frontières approximatives qui offre une protection contre chaque réclamation. "J'ai le devoir de m'exprimer, donc je m'exprime", telle est la philosophie qui tend à la définir, peu importe les droits qui régissent la loi.
Car cette loi, elle est neutre, presque trop. La limite de la liberté d'expression se trouve au pied de l'incitation à la haine, sauf que cette dernière se confond avec l'humour noir. Dans le cas du Raptor Dissident, on est complètement plongé au cœur de ce débat. Il ne s'agit pas d'un affrontement entre les pro-Raptor qui comprendraient l'humour noir et inversement, mais plutôt d'une pluralité de définitions de liberté d'expression. En effet, beaucoup d'internautes insistent sur le fait que l'humour noir est capable de maquiller l'incitation à la haine. Attention, je ne parle pas forcément du Raptor, ni de qui que ce soit, il s'agit juste d'interprétation.
De manière objective, le Raptor Dissident, Mathieu Sommet et les autres acteurs du conflit invitent les internautes à réfléchir sur une question ambiguë à l'échelle nationale : la liberté d'expression, surtout sur un média friable comme YouTube. Une fois n'est pas coutume, ce sont les internautes eux-mêmes qui ont mis le feu aux poudres. Entre ceux qui ont signalé la vidéo du Raptor et ceux qui ont critiqué ouvertement Mathieu Sommet, on note la différence de frontière abstraite de la liberté d'expression.
Par jeanLucasec, il y a 7 ans :
Sujet sensible !
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