Petit rappel des faits : le film Sausage Party a été attaqué en justice par plusieurs associations catholiques qui reprochent au film son caractère pornographique et certaines scènes très choquantes, notamment pour un jeune public. Le tribunal administratif de Paris a donc été le théâtre d'un procès pour le moins atypique et qui a notamment donné lieu à des arguments surprenants.
Une scène très violente d’épluchage de légumes
L'AFP a relayé certains des échanges entre la présidente du tribunal et les avocats des associations qui accusent le film d'animation de corrompre les jeunes. Attention florilège !
A propos de la bande-annonce, on commence avec un dialogue complètement lunaire :
“Maître, sauf erreur, la bande-annonce contient la scène très violente d’épluchage de légumes que vous venez d’évoquer.
– Oui, mais pas celle de la partouze finale.”
Parmi les arguments des associations on retrouve en désordre une reprise du "ton, des expressions de visage, des intonations de Pixar", le tout visant bien entendu à banaliser la pornographie montrée en l'associant à des personnages familiers. Sausage Party est également présenté comme un avant goût de ce qui se prépare dans l'animation : “Oui, vous mettez en scène des légumes. Que peut-on reprocher à des légumes ? Vous aurez très vite des films d’animation avec des scènes pornographiques.”
Concernant la fameuse scène d'orgie, on a notamment pu entendre ce genre d'arguments :
“Une orgie sidérante entre scènes de fellation, de sodomisation (sic) […] où l’on voit un paquet de corn-flakes – un objet assez corpulent – assénant des mouvements de va-et-vient brutaux et demandant : Tu aimes ça salope ?”
Une scène de viol a également été évoquée. Vous ne voyez pas laquelle ? L’avocate d’Action pour la dignité humaine vous éclaire : “On va tenter de relativiser, ironise-t-elle, ce n’est qu’une brique de jus de fruits, on montre ça sous un jour très rigolo…”
La réponse du ministère de la Culture
Face à ces accusations, l'avocat du ministère a affirmé :
“L’un des buts du film est de critiquer sur un mode humoristique la société de consommation, la religion aussi en prend pour son grade, mais il ne s’agit pas d’inciter à la violence [….]. Oui, le langage est cru mais regardez les protagonistes. Il n’y a pas de représentation de sexe, juste une activité sexuelle. [Le ton] est celui du grotesque, déjanté, et permet de prendre de la distance, tout ce qui est montré n’est pas réaliste.”
La décision a été rendue
La décision du tribunal vient de tomber. Alors ? Eh bien la justice a décidé que le film ne serait pas interdit au moins de 16 ans comme les associations le demandaient, mais resterait interdit au moins de 12 ans.
Comme pour les arguments exposés par les avocats des associations, le verdict rendu par la justice nous réserve quelques splendides envolées "lyrico-alimentaires" :
Considérant cependant que, d’une part, si une séquence, furtive, mime des relations sexuelles entre une boîte de gruau et une boîte de crackers, elle ne paraît pas, en l’état de l’instruction, figurer un viol à caractère raciste ; que l’aspiration par une poire à lavement du contenu d’une brique de jus de fruit ne peut être interprétée comme évoquant une agression à caractère sexuel que par des spectateurs en capacité de se distancier par rapport à ce qui leur est donné à voir ; qu’au surplus, ce comportement, qui est le fait du personnage auquel le rôle de ‘méchant’ est assigné, figure le pôle négatif des relations amoureuses et sexuelles auxquelles aspirent les deux protagonistes positifs du film. […]
Par jeanLucasec, il y a 7 ans :
Ca va me faire la journée
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