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Les nouveaux projets complètement fous de Park Chan-wook (Old Boy)

De Gaetan Desrois - Posté le 31 mars 2020 à 14h33 dans Cinéma

Depuis la sortie de Parasite de Bong Joon-ho, et son triomphe au Festival de Cannes 2019 (Palme d'Or) et aux Oscars (Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario Original, Meilleur Film Etranger), le monde semble s'être pris d'affection pour le cinéma sud-coréen, découvrant au passage le haut potentiel de ce cinéma qui a su lier si intelligemment cinéma d'auteur et cinéma de divertissement. Et nous sommes prêts à parier que cette idylle naissante entre l'Occident et le cinéma sud-coréen n'est pas prête de se tarir, avec le nouveau projet complètement dingue d'un de ses plus imminents représentants, le réalisateur surdoué Park Chan-wook. On vous dit tout !

Un remake du couperet 

Que Park Chan-wook apprécie Le Couperet de Costa-Gravas, ce n'est pas très étonnant. Tout d'abord, comme son compatriote Bong Joon-ho (Memories of MurderSnowpiercerParasite), Park Chan-wook est un habitué des fables sociales violentes et baroques, et ce depuis Sympathy for Mister Vengeance. Les rapports de domination, qu'elle soit hiérarchique (J.S.A), sociale (Old Boy) ou sexuelle (Thirst, Mademoiselle), habitent son cinéma. C'est d'ailleurs l'une des nombreuses cohérences de sa filmographie, intimement politique. Ensuite, parce que comme Bong Joon-ho, Park Chan-wook a été biberonné à la culture occidentale, et notamment au cinéma français. Bong avait rendu hommage au cinéma de Chabrol dans son discours au Festival de Cannes, après avoir obtenu la Palme d'Or. Park Chan-wook annonçait dès 2009 vouloir faire un remake du Couperet de Costa-Gravas. 

Le Couperet (The Ax en anglais) est, d'abord, un roman américain, publié en 1997, écrit par Donald Westlake. Il raconte l'histoire de Burke Devore, cadre supérieur dans une papeterie, licencié après une fusion entre entreprises. Au chômage depuis deux ans, et voyant ses perspectives d'emploi diminuer au fur et à mesure du fait qu'il a dépassé la cinquantaine, lui vient un plan machiavélique : tuer toutes les personnes ayant les mêmes qualifications que lui. Costa-Gravas, auteur d'une filmographie politique conséquente, découvre ce roman bourré d'humour noir, et en achète les droits d'exploitation, avant de réaliser une adaptation en 2005, avec José Garcia dans le rôle principal, qui livre une de ses meilleures interprétations. 

Si Park Chan-wook n'avait jusqu'à maintenant pas pu réaliser son souhait de faire une nouvelle adaptation du Couperet, les choses ont évolué, et la sortie de ce film devient une certitude. En effet, Park Chan-wook peut désormais compter sur l'aide de Costa-Gravas et de son épouse, toujours détenteurs des droits d'exploitation du film, qui produiront la nouvelle version du Couperet. Au Festival International du Film de Busan 2019, Costa-Gravas n'était pas avare en éloges, lorsqu'il parlait de Park Chan-wook, comme le montrent ces propos rapportés par nos confrères de Ciné-Asie.fr :

J'ai vu tous ses films. C'est surprenant qu'un seul réalisateur soit capable d'exprimer des sensibilités, visions et créativités si différentes dans ThirstOld BoyStocker et The Handmaiden. [...] Je ne voulais pas lui donner mon opinion en tant que réalisateur du film original. J'ai confiance en son talent et j'ai hâte de le voir. J'étais tellement content quand j'ai appris qu'il allait refaire un de mes films, et je vais l'aider autant que possible.

Cependant, il ne faudra pas s'attendre à un copié-collé du film de Costa-Gravas, bien au contraire. Tout d'abord, il est fort à parier que Le Couperet version Park Chan-wook sera encore plus mâtiné d'humour noir que la version de Costa-Gravas. Sans jamais sacrifier l'émotion, Park Chan-wook sait laisser une place suffisante au caustique, au grinçant, comme il l'a si brillamment démontré dans Old Boy ou dans Mademoiselle. Ensuite, les deux réalisateurs ont une approche stylistique diamétralement opposé. Park Chan-wook est un metteur en scène, de génie, où chaque plan brille par sa précision. Déjà impressionnante à ses débuts, sa mise en scène est devenue plus soignée encore, atteignant des sommets de majesté dans Stoker et Mademoiselle. Tout semble calculé, au millimètre et au quart de seconde près, Park Chan-wook devenant de plus en plus un horloger du cinéma.

Park Chan-wook a par ailleurs annoncé que sa version du Couperet serait un film en langue anglaise, tournant ainsi dans la langue du livre original. Ce n'est pas la première fois que le réalisateur sud-coréen tournera un film en langue anglaise. C'était déjà le cas en 2013 avec Stoker (avec Mia Wasikowska, Matthew Goode, Nicole Kidman) et la série qu'il a réalisée, The Little Drummer Girl. Il a également annoncé vouloir tourner une comédie noire, tournant au film horrifique. On peut donc décemment s'attendre à une de ces explosions de violence dont Park Chan-wook a le secret, ces scènes aussi brutales qu'esthétisées qui ont su faire fondre Quentin Tarantino en 2003, lorsque, Président du Jury du Festival de Cannes, il avait octroyé à Old Boy le Grand Prix du Jury, tout en affichant sa déception de ne pas avoir pu lui octroyer la Palme d'Or. 

En tout cas, Park Chan-wook en est certain : ce film, encore au stade de la pré-production, sera son plus grand chef d'oeuvre. Ce qui n'est pas peu dire, étant donnée l'excellence à la quelle Park nous a habitués. On a hâte de voir ça !

Un western ultra-violent

Les fans du cinéaste sud-coréen, et les cinéphiles en général, ont de quoi être satisfaits : Park Chan-wook travaille en parallèle sur un autre film : The Brigands of Rattlecreek. Il s'agira d'un western-ultra violent, racontant la quête de vengeance d'un docteur et d'un shérif contre un gang de malfrats. Produit et distribué par Amazon, The Brigands of Rattlecreek fait exploser notre hypomètre (outil permettant de mesurer la hype). En effet, non content de signer le grand retour de Park Chan-wook pour les histoires de vengeances, après Sympathy for Mister VengeanceOld Boy et Lady Vengeance, ce western sera également l'occasion pour Matthew McConaughey de livrer une interprétation aussi dantesque que dans la première saison de True Detective ou Interstellar

Autre ravissante nouvelle, The Brigands of Rattlecreek a été écrit par S. Craig Zahler, réalisateur de l'excellent western Bone Tomahawk (dans lequel Kurt Russell combattait des indiens cannibales) et Traîné sur le bitume (brillant thriller policier décadent, avec un Mel Gibson vieillissant). Le scénario avait fait sensation à Hollywood, mais aucun studio ne s'était risqué à produire le film avant Amazon, du fait de sa grande violence. 

On a très hâte de découvrir ces deux nouveaux films de Park Chan-wook. On espère également qu'il saura revenir à des films en langue coréenne. Ses films, tous magnifiques, font de lui un véritable ambassadeur du cinéma sud-coréen, un cinéma trop longtemps sous-estimé, et que nombreux découvrent avec plaisir, depuis le succès retentissant de Parasite

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Mots-Clés : Park Chan-wookOld Boycorée du sud

Salut, c'est Gaëtan. Diplômé d'un Master en Langues Modernes, je suis un grand passionné de Culture Pop. J'ai une affection toute particulière pour la culture des années 80/90. Grand lecteur, je suis aussi cinéphage et sérivore (un régime alimentaire des plus équilibrés !). Passionné par le Moyen-Âge, je suis un grand fan de Fantasy. Sinon, j'adore le cinéma coréen, la littérature japonaise, les séries et les comics britanniques. Ah, j'oubliais : pour savoir s'il y a du vent, faut mettre son doigt dans le cul du coq.

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Commentaires (1)

Par jeanLucasec, il y a 4 ans :

Impatience !!!

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