Vingt ans avant Peter Jackson, un réalisateur s'est essayé à transposer la trilogie littéraire de J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, en un petit film. Un scénario complètement lunaire où se mêlent séquences sacrifiées, personnages importants aux abonnés absents et un ton humoristique pathétique qui tranche avec la dimension épique caractéristique du réalisateur néo-zélandais.
Ce film Le Seigneur des Anneaux qui n'est (heureusement) jamais sorti
Le succès à a été immédiat lorsque Peter Jackson a adapté l'œuvre de J.R.R. Tolkien Le Seigneur des Anneaux, popularisant la trilogie littéraire et la faisant entrer au passage au Panthéon de la pop-culture. Pourtant, peu de gens savent que bien avant le réalisateur néo-zélandais, les romans de Tolkien étaient déjà dans le viseur d'un autre cinéaste.
En 1968, Tolkien, assez âgé, vendit à contrecœur les droits cinématographiques du Seigneur des Anneaux à United Artists. Deux ans plus tard, le réalisateur John Boorman, célèbre pour sa version d'Excalibur en 1981, a proposé une première adaptation en live-action. Mais United Artists a finalement rejeté sa proposition en raison des coûts de production trop coûteux.
Le scénario est depuis disponible en ligne et régulièrement partagé sur les forums. L'occasion d'apprendre que Boorman comptait condenser l'immense trilogie tolkiennienne en un seul long-métrage. Et, bien évidemment, un tel choix allait entraîner le sacrifice de nombreux personnages et scènes importantes.
LA COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU
Chez Boorman, toute la longue phase d'introduction des Hobbits et de la Comté est expédiée. Plus tard, Frodon rencontre Aragorn sur la route plutôt qu'au Poney Fringant, et lorsque les Nazgûl furent vaincus au Gué de Bruinen, leurs corps fondirent en une étrange matière noire avant de se combiner et se reformer plus tard pour devenir le Roi-Sorcier d'Angmar. Voilà qui dénature tout un pan de l'œuvre de Tolkien et le lore autour des anciens rois corrompus par Sauron.
De son côté, Arwen est devenue un enfant, et a opéré Frodon pour retirer un éclat de la lame Morgul de son bras. Comme pour La Comté, la partie relative à Fondcombe et le conseil d'Elrond qui donne lieu à la création de la Communauté de l'Anneau, est abrégé. L'un des premiers gros saccages de la mythologie tolkiennienne a lieu lors du passage du Col de Caradhras. Pas d'incantation de Saroumane ici et pas d'avalanche. Boorman choisit de lancer une meute de Wargs aux trousses de la Communauté. Pour s'échapper, tous boivent une boisson magique qui leur permet de survivre après avoir plongé dans l'eau glaciale. Leurs corps se retrouvent enfermés dans la glace pendant plusieurs mois avant de fondre au pied de la montagne. Lunaire.
LES DEUX TOURS ET LE RETOUR DU ROI
Mais la suite est encore plus étrange, notamment à partir de la seconde moitié du script de Boorman, qui semblait être en roue libre totale. Les Deux Tours et Le Retour du Roi ont été littéralement charcuté entraînant la coupe de scènes cultes. Merry et Pippin rencontrant les Ents, la bataille du Gouffre de Helm, la marche des Ents sur l'Isengard, les Rangers d'Ithilien capturant Frodon, Sam et Gollum, des scènes totalement absentes du script de Boorman. D'autre part, les pérégrinations des trois derniers ont été raccourcies. Gollum n'effectue pas autant de trajet avec les deux Hobbits, et quitte le groupe lors de la scène de la traversée du Marais des Morts.
La bataille des champs du Pelennor subit elle aussi plusieurs modifications. La séquence où Aragorn se fraye un chemin sous la montagne à travers le passage de Dimholt et rencontre l'Armée des Morts est supprimée, entraînant une grosse incohérence lorsqu'ils chargent sur les Orcs. À la destruction de l'Anneau, les serviteurs de Sauron acclamèrent Aragorn en tant que nouveau roi et s'intégrèrent aux sociétés du Gondor et du Rohan. Autres absurdités notables, le fait que les Orcs soient des créatures reptiliennes qui perdaient leur peau, que La Lothlórien était une oasis en plein désert plutôt qu'une immense région boisée, que Saroumane et la Bouche de Sauron soient le même personnage, et qu'il survécut à la fin de Guerre de l'Anneau.
Bref, les exemples sont légion. À cela s'ajoute toute la dimension épique sacrifiée au profit de nombreuses séquences humoristiques sans intérêt voire insultantes envers le matériel source. Boorman piochera finalement dans ce script pour développer Excalibur en 1981, tandis que les droits du film seront finalement transférés à New Line Cinema près de 20 ans plus tard.
Par Godrick le clairvoyant, il y a 2 mois :
A quel moment il s'est dit que ça allait passer surtout.
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