L'avocat du diable : qui sont ces networks qui contrôlent l'argent sur YouTube ?

Vous avez tous sûrement dû voir l'une de ces nombreuses vidéos qui calculent le salaire d'un youtubeur en fonction de son nombre global de vues et ainsi, la popularité de sa chaîne. Dans ce nouvel Avocat du diable, je vous invite à mettre de côté les fausses informations et de rentrer dans un monde méconnu et obscure qui rythme pourtant notre quotidien. Nous allons nous appuyer sur différents articles informatifs ou témoignages afin de décrypter au mieux l'immense plateforme commerciale qu'est devenu YouTube en seulement quelques années, de la monétisation jusqu'aux networks.  

"YouTube money" et monétisation

Ai-je, en 2016, encore besoin de décrire ce qu'est la YouTube money ? Son simple nom est déjà lourd de sens : il s'agit de l'argent virtuel qu'obtient un vidéaste grâce aux vidéos mises en ligne. La légende veut que toutes les 1000 vues, le possesseur de la vidéo gagne 1$, soit environ 90 centimes. Ce qui ferait, selon mes calculs, pour une vidéo qui dépasserait le million de vues, environ 900 €. C'est souvent sur ce principe là que les calculs sont effectués, à tort, dans les divers top qui cherchent à calculer les salaires de nos vidéastes français avec bien plus de complexité, puisque l'on doit prendre en compte le nombre de vues qu'ont engendré les vidéos précédentes. Bref, on en revient à exposer un algorithme truffé de potentiels erreurs qui n'aboutira jamais à rien. 

En effet, la monétisation est bien trop aléatoire sur YouTube. Je m'explique. Pour engranger de l'argent sur YouTube, il faut "monétiser" ses vidéos, c'est-à-dire autoriser la plateforme à diffuser de courtes pubs avant celles-ci qui permettront aux vidéastes de générer des profits. Mais les gains ne sont pas si simples. Ainsi, théoriquement, une vidéo devrait produire 90 centimes d'euros toutes les 1000 vues, mais pour ça, il faudrait qu'à chaque visionnage une pub soit affichée. Or, quelques fois, et à cause de la très grande demande de monétisation des vidéos, les pubs passent au travers. Selon Cyrus North qui expliquait ce principe pour Slate, on se rapprocherait plus des 60 centimes pour 1000 vues. Une différence de 30 centimes anodines d'un premier abord, mais qui se chiffrent en centaines, voire en milliers d'euros à grande échelle. 

L'omniprésence des networks 

De toute manière, aujourd'hui sur YouTube, on compte sur les doigts de la main les youtubeurs populaires qui ne sont pas "contrôlés" par les Multi-Channel Networks. Derrière cette vulgarisation souvent abrégée par network ou MCN plus simplement, se cachent des agences qui cherchent à gérer les vidéastes. Connaissez-vous Mixicom ? C'est l'un des plus gros MCN en France. Il garde chaudement sous son aile Norman, Cyprien ou Squeezie par exemple. Il en existe beaucoup d'autres, souvent liés à des chaînes de télévision qui mettent sur le devant de la scène ceux qu'ils appellent communément leurs "talents". C'est ainsi que par exemple W9 diffusait mi-septembre un prime spécial Golden Moustache. D'autre part, le Studio Bagel réalise de très nombreux sketchs sous l'impulsion de Canal +.

"Et l'argent dans tout ça", doit crier le hater devant son PC. "Il est payé combien Cyprien ? ". Eh bien c'est très flou, très aléatoire et très complexe, et pour le comprendre il faut s'intéresser au rôle propre de ses MCN. Le network va par exemple mettre à contribution des moyens professionnels, gérer les copyrights (musiques, photos...) ou mettre en place des partenariats. En échange, il prend aussi en charge la gestion et la monétisation du youtubeur qui lui sera reversé après avoir récupéré une commission qui dépasse très rarement les 30% à en écouter les principaux concernés. 

L'impulsion des networks    

Comme je l'expliquais plus haut à travers l'expression "sous l'impulsion", ces networks ne sont pas que des immenses pompes à fric. En effet, les internautes pensent souvent que les youtubeurs "se sont vendus à la distribution", ou qu'ils sont devenus commerciaux. J'ai beaucoup de mal avec cette expression. "Devenir commercial", ça veut dire quoi au final ? Qu'on le veuille ou non, à partir du moment où l'on active la monétisation sur une vidéo YouTube, on devient commercial, parce que notre travail de vidéaste devient un travail à but lucratif. Donc, au fond, Cyprien était déjà commercial, avant sa signature chez un network.

Après, je ne suis pas dupe non plus, je comprends l'expression sous son premier degré qui souligne une sorte de changement d'horizon : le youtubeur qui faisait au départ un travail pour le plaisir avant de le faire uniquement pour l'argent. Travailler pour un network, c'est souvent devenir commercial, mais maintenant il s'agit de savoir pourquoi ? Selon un grand nombre d'internautes, on devient commercial parce qu'on bénéficie de moyens professionnels pour ses vidéos, parce que ces dernières "transpirent l'argent". Prenons le Studio Bagel par exemple. En effet, des moyens colossaux sont mis à disposition du Bagel qui réalise des vidéos de grande qualité. Cependant, à la vue de ces moyens, beaucoup d'internautes se bloquent, sous prétexte que "c'était mieux avant", et on revient une énième fois autour du même problème.

Pour terminer sur quelques mots qui répondent à la thématique initiale, il est impossible de déterminer le salaire d'un youtubeur puisque que leur compte bancaire est alimenté par différentes sources de revenu. D'abord, la monétisation des vidéos sur laquelle a été prélevée une marge du network, puis, souvent des bénéfices générés par des contrats avec des partenaires. J'espère vous avoir éclairer sur ce sujet opaque qui masque l'immense marketing que constitue YouTube et, pour compléter cette analyse, je vous conseille cet excellent article de Slate qui pousse beaucoup plus l'investigation.