Après Batman : Year One, Batman : The Dark Knight Returns et Le Fils de Batman, le DC Universe Animated Original Movies s’attaque à l’adaptation d’un autre comics culte sur le Chevalier Noir de Gotham, et pas n’importe lequel : The Killing Joke, d’Alan Moore et Brian Bolland. On vous dit tout sur ce film ! Attention, si vous n’avez pas lu le comics, sachez que cet article contient quelques spoils.
Un des plus grands comics de l’histoire adapté
On connait tous le génie d’Alan Moore, qui a révolutionné le monde du comics à de très nombreuses reprises. Que ce soit avec V pour Vendetta, Watchmen, La Ligue des Gentlemen extraordinaires, From Hell, ou plus récemment Providence, le scénariste britannique frappe fort, et tout le monde est unanime : chacune de ses oeuvres frôle la perfection. The Killing Joke ne fait pas exception à la règle (et ce malgré le très mauvais avis que Moore a de cette oeuvre). Dans ce one-shot d’à peine 40 pages publié en 1988, le Joker s’est à nouveau échappé d’Arkham, plus dingue que jamais. Déterminé à prouver au monde que l’on peut devenir fou après une mauvaise journée, il kidnappe le commissaire Gordon, et viole sa fille, Barbara Gordon. Du début à la fin, nous sommes happés par cette aventure de Batman, l’une des plus sombres jamais écrites, et qui a bouleversé à jamais l’univers du Chevalier Noir.
Pour adapter The Killing Joke, DC a confié les rênes à des grands habitués de la Distinguée Concurrence. Tout d’abord, la réalisation du film a été confiée à Sam Liu, qui a travaillé sur les adaptations en films d’animations de All-Star Superman et Batman : Year One, pour ne citer qu’eux. Le scénario, quant à lui, a été confié au grand Brian Azzarello, scénariste du superbe comics Joker. Enfin, DC a confié à Bruce Timm les dessins du film. Oui, THE Bruce Timm. Celui qui a créé avec Paul Dini la série Batman des années 90 et qui a co-créé le personnage d’Harley Quinn. Bref, nous étions beaucoup à attendre Batman : The Killing Joke avec impatience !
Une adaptation avec beaucoup de contraintes
Adapter un comics de 40 page pour un film qui doit faire un peu plus d’une heure, ça a dû être un sacré défi pour l’équipe qui a réalisé Batman : The Killing Joke. Très vite, ils ont été obligés de rajouter des scènes, qui ne sont pas dans le comics original. Problème : comment rajouter des scènes dans un comics dont l’écriture, la structure et le rythme sont parfaits ? Afin de sauvegarder le rythme du comics, l’équipe a divisé le film en deux : une première partie centrée sur la relation entre Batman et Batgirl, totalement inédite, et une autre, qui suit les étapes du comics avec une fidélité quasi-névrotique (on va pas s’en plaindre !). Bien sûr, la première partie semble anecdotique à côté de la seconde !
L’autre gros défi auquel Liu, Azzarello et Timm ont dû faire face, ce sont les choix graphiques. Il fallait trouver un juste milieu entre la patte graphique de Bruce Timm et Brian Bolland, le dessinateur surdoué du comics original. Le résultat est plutôt satisfaisant, même si parfois quelques défauts surgissent dans l’animation, peut-être à cause de cette hésitation entre deux pattes graphiques bien distinctes. D’ailleurs, pour bien illustrer cette recherche de mélange entre les deux méthodes de dessins de ces deux auteurs de génies, ont aperçoit à un moment, sur un écran de Batman, le personnage d’Harley Quinn, co-création de Bruce Timm. Autre grande satisfaction de ma part, le Joker est campé par Mark Hamill, qui avait déjà prêté sa voix à la Némésis de Batman dans la série animée des années 90, signant là l’une des meilleures interprétations du Joker.
Le dessin est vraiment bon, le scénario également. Pourtant, les deux parties semblent, au premier abord du moins, fonctionner très difficilement ensemble, et se rejoindre seulement par l’approche plus adulte des personnages. On a plus l’impression de voir deux films différents, l’un à la suite de l’autre.
Si j’ai passé un très bon moment devant l’adaptation d’un de mes comics préférés, je dois néanmoins vous faire part d’une certaine déception : la fin du film n’a pas la même envergure que celle narrée par Alan Moore. Dans le comics original, après la blague du Joker, le Prince Clown du Crime et le Chevalier Noir de Gotham s’esclaffent ; puis petit à petit, Batman semble étrangler le Joker. Cette fin ouverte qui laisse supposer la mort éventuelle du Joker fait prendre tout son sens au titre de ce comics : The Killing Joke, la blague qui tue. Dans le film d’animation, néanmoins, le doute est moins présent : Batman pose ses mains sur les épaules du Joker. Parce que les personnages étaient « à contre-jour » dans la scène du comics, les corps n’étaient presque plus que des silhouettes, et le doute était permis. Ma deuxième réserve quant à la fin du film d’animation, c’est l’absence du phare de la voiture de police. Vous pensez peut-être que je chipote, mais le phare de la voiture, sur le sol mouillé par la pluie, séparait Batman et le Joker. Quand le phare s’éteint, on comprend que c’est un clin d’oeil très significatif à la blague qu’a racontée le Joker juste avant, et qui a causé l’hilarité de Batman : « C ‘est deux mecs dans un asile de fous. Et donc un soir, ils en ont assez de vivre dans un asile. Et ils décident de s’échapper. Alors, ils montent sur le toit, et là, juste en face, il y a la ville qui s’étend sous la lueur de la lune. Le premier type saute sur l’immeuble d’en face, à l’aise ! Mais son copain a la trouille. Il a la trouille de tomber. Alors, le premier type a une idée… Il dit à l’autre : 'Regarde j’ai ma lampe torche. Je vais l’allumer entre les immeubles, et tu n’auras qu’à marcher dessus.' Mais l’autre secoue la tête, et il dit 'Tu me prends pour un fou ou quoi ? Tu vas l’éteindre quand je serai à mi-chemin. » Ces deux mecs, ce sont Batman et le Joker, et le Joker a raison : on a éteint la lumière (du phare), le laissant ainsi tomber métaphoriquement. Avec cette lumière qui s’éteint, Alan Moore donnait raison au Joker, et nous donnait un autre de ces uppercuts dont il a le secret. L’équipe du film aurait dû l’inclure dans l’adaptation…
Une oeuvre déjà polémique
Lors du Comic Con de San Diego, un extrait du film a été dévoilé, où l’on voyait Batgirl et Batman qui allaient coucher ensemble sur l’un des toits de Gotham. Cette scène a fait polémique, pour trois raisons. Et je voudrais répondre à chacune de ces raisons, avant de conclure. D’abord, il a été reproché au film que Batgirl était une adolescente, et que du coup, la scène de sexe entre les deux héros masqués était illégale. Or, quand Barbara Gordon se fait tirer dessus par le Joker, elle a 19 ans (cf. L’encyclopédie Batman) ; Batman peut donc légalement avoir une relation sexuelle avec Batgirl.
D’autres ont reproché à cette scène le fait que Batgirl est censée être en couple avec Dick Grayson. Tout d’abord, il faut reconnaître que les incohérences sont légion dans les comics. Avec une histoire éditoriale de plus de 75 ans, il est tout à fait logique qu’il y ait des contradictions. Ensuite, dans les comics, Barbara Gordon n’est plus Batgirl quand elle se fait agresser par le Joker. Or Dick Grayson sortait avec Batgirl sans savoir qu’elle était Barbara Gordon. Quand Barbara met de coté son identité secrète, elle met aussi un terme à sa relation avec Dick Grayson. Ce n’est qu’une fois que Barbara est en fauteuil roulant que la relation entre les deux jeunes gens évolue. Donc finalement, la scène de sexe entre Batman et Barbara n’est pas totalement illogique… D’autant que Batman est un homme à femme, il a couché avec Catwoman, ainsi qu’avec la fille d’un de ses pires ennemis, Talia al Ghul, fille de Ras al Ghul.
Enfin, on a reproché le manque d’utilité de cette scène. Là encore, je ne suis pas d’accord. N’oubliez pas que The Killing Joke analyse la relation entre Batman et le Joker. C’est l’histoire de deux fous dans un asile nous précise le début du comics. La scène de sexe entre Barbara Gordon et Batman, suivie de près par le viol de Barbara par le Joker sert à créer un autre lien entre Batman et le Joker, l’un étant le miroir déformé de l’autre. D’autant que si vous êtes toujours convaincus du fait que la scène d’amour entre Batgirl et Batman n’est pas logique du point de vue des comics, elle est tout à fait logique si l’on considère que la sexualité est omniprésente dans l’oeuvre d’Alan Moore. Que ce soit sur Watchmen, V pour Vendetta, From Hell, La Ligue des Gentlemen extraordinaires, Top 10 ou Lost Girls, le sexe est présent, parfois dans sa forme la plus explicite.
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Par jeanLucasec, il y a 8 ans :
Faut que je regarde ça ASAP, le comics est tellement culte
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