Netflix : ce projet ambitieux attire les foudres du monde du cinéma français
Alors que les salles obscures de France se remettent à peine de 7 mois de fermeture, un nouvel obstacle pourrait se dresser à nouveau face à elle. Il se nomme Netflix, et porte un projet d'envergure.
Netflix est la plateforme de streaming qui compte le plus d'abonnés (plus de 200 millions), et entend bien user de sa stratégie pour en attirer toujours plus dans ses filets. Parallèlement, la plateforme veut s'attaquer au secteur du jeu vidéo puisqu'elle ambitionne de proposer un catalogue de jeux vidéo aux côtés des séries et films, ce qu'elle a confirmé lors de son rapport trimestriel estival.
Avec la nomination de Mike Verdu, ancien cadre d'Electronic Arts et de Facebook, pour piloter la branche, et le rachat de Night School Studio, société de développement de jeux vidéo, le projet semble sérieux. Pourtant, la prudence est de mise, car développer un jeu vidéo reste très coûteux.
Mais le N Rouge a aussi d'autres projets en route. On vient d'apprendre par nos consœurs du Film Français que le géant du streaming aurait contacté plusieurs salles d'arts et d'essais en France dans l'objectif d’organiser un festival pour ses productions originales. L'événement se déroulerait du 7 au 14 décembre prochain, et intéresserait les réseaux de MK2 et d’Utopia. Parmi les films proposés, on retrouve Pieces of a Woman, Malcolm & Marie, The Guilty ou encore Clair-Obscur. Au total, on parle d'une dizaine de films.
Voici une initiative qui ne plaît pas du tout aux distributeurs indépendants. Le Syndicat des Distributeurs Indépendants (SDI) et les Distributeurs Indépendants Européens Réunis (DIRE) ont publié un communiqué hier, où ils expriment leur vive colère.
À l’heure où de nombreux films, victimes des 7 mois et demi de fermeture des salles, peinent à trouver une exposition à la hauteur de leur potentiel, nous dénonçons la tenue d’un tel festival qui s’apparente à une campagne marketing de grande échelle, une bande-annonce promotionnelle géante pour inciter des spectateurs de cinéma à s’abonner à un service payant.”
Cette fracture de plus en plus béante entre les distributeurs/indépendants et les services de streaming inquiète les syndicats de distributeurs. D'autant plus que c'est une nouvelle forme de consommation qui pourrait voir le jour, avec le risque d'attirer les cinéphiles. "Si des œuvres assimilées à des "films de cinéma" se déploient sur les plates-formes, si les cinéphiles y trouvent leur compte, quel sera l’avenir des salles de cinéma et de tous ceux qui le font et le promeuvent ? (...) Une attraction à court terme de vos spectateurs est un suicide à moyen terme pour nos professions respectives”.
Le communiqué fait appel aux producteurs et aux cinéastes en vue d'une action collective. Par ailleurs, on sait que depuis peu, la plateforme sort ses plus gros films les mercredis, soit en même temps qu'au cinéma.
Communiqué de presse : Les distributeurs du DIRE et du SDI choqués d’apprendre la tenue d’un « festival Netflix » dans plusieurs grandes villes de France, porté par des salles de cinéma d’art et essai emblématiques courant décembre.https://t.co/QauKnlvfWl pic.twitter.com/JTRt904hnw
— Le Pacte (@Le_Pacte) October 25, 2021
Pour l'heure, Netflix assure qu'il s'agira "avant tout d'un événement rétrospectif, relativement modeste". La firme de Los Gatos devra obtenir des visas temporaires pour chacun des films annoncés auprès du CNC afin de pouvoir les diffuser exceptionnellement sur grand écran.