Deadpool et Wolverine : selon les premières critiques, "Marvel est de retour"
Nous y sommes presque ! Ce mercredi 24 juillet 2024 en France, et deux jours plus tard outre-Atlantique, sortira Deadpool et Wolverine. Alors que la bande-annonce finale a été dévoilée en fin de semaine dernière, une partie de la presse américaine a enfin pu découvrir le long-métrage dans son intégralité. Mais qu'en a-t-elle pensée ? Revue de presse.
deadpool et wolverine débarque au cinéma
C'est probablement le film Marvel le plus attendu depuis le début de l'arc de l'Infinité dans le MCU : Deadpool et Wolverine s'apprête enfin à débarquer dans nos salles obscures ce mercredi 24 juillet, et il est fort à parier qu'il explose les records au box-office. Mais encore faudrait-il, pour s'en assurer, que le long-métrage réalisé par Shawn Levy soit à la hauteur des attentes stratosphériques des fans. Ne faisons pas durer le suspense, il semblerait que ce soit bel et bien le cas !
Depuis quelques heures, plusieurs journalistes américains s'expriment sur leurs réseaux sociaux pour partager leur avis sur la dernière production du Marvel Cinematic Universe. Une partie de la presse et certains influenceurs ont en effet pu découvrir Deadpool et Wolverine en avant-première, et ils sont conquis. Les premiers retours sont en effet dithyrambiques et saluent à peu près tous les aspects du long-métrage, à commencer par son humour.
humour, violence... des premières critiques unanimes pour le film marvel
Véritable marque de fabrique de Deadpool, l'humour aussi piquant que potache (la manette en forme de fesses...) sera évidemment de la partie dans Deadpool et Wolverine. Brandon Davis, de ComicBook, est ainsi heureux de retrouver "un humour implacable", ce que Davi Thompson, du média The Direct, confirme : "c’est le projet du MCU le plus drôle et le plus gore". C'est d'ailleurs un constat qui revient souvent : humour et violence extrême, voire gore, se mêlent avec brio dans le long-métrage mettant en scène Hugh Jackman, Ryan Reynolds, et des tas de personnages venus faire leurs caméos.
ComicBook affirme ainsi qu'il y a "beaucoup de surprises, mais avec de l'action épique, une violence excessive et un humour implacable". Le tout est bien aidé par "le casting et les performances [qui] sont exceptionnels", selon CineMundoUS, qui va jusqu'à parler d'un "film absolument parfait, un spectacle magistralement conçu, bourré d'action, qui dépasse toutes les attentes". Ça promet !
Et si vous doutiez de la pertinence du duo formé par Deadpool et Wolverine, sachez que celui-ci est apparemment ultra efficace. L'alchimie entre les deux personnages fonctionnerait parfaitement à l'écran, si bien que sur X, TheAtomReview va jusqu'à affirmer que les deux super-héros "offrent la meilleure dynamique de bromance de l'histoire du cinéma", en apparaissant dans "le meilleur film du MCU de tous les temps". Oui, rien que ça.
Toutes les personnes qui ont vu le film louent également la relation entre les deux personnages, ce qui ferait réellement de Deadpool et Wolverine "l'un des meilleurs films du MCU depuis un moment", comme le confirme Joseph Deckelmeier de Screen Rant. Reste à espérer que toutes les critiques ne se soient pas trop emballées en affirmant que "Marvel est de retour".
Parce que toute cette attente surexagérée, ça ne devrait jamais être un gage de qualité, ni même pour donner un blanc-seing.
Deadporca miseria !
En préambule, il faudrait citer cette règle non écrite : quand Marvel va, Deadpool va (bien). C'est à dire que l'existence de ce personnage ne trouve toute sa pertinence que si l'univers dans lequel il vit tient sur ses jambes, avec ses héros vertueux, admirés et solides. En gros, il est à Marvel comics ce que Marvel est à DC comics... une opposition iconoclaste, sarcastique, impertinente, subversive.
Or depuis 2018 (donc au moment de la sortie du deuxième film), Deadpool est un personnage qui est arrivé en bout de course, incapable de se relever d'un run formidable de plusieurs années dirigé par le scénariste Gerry Duggan, où le mercenaire à grande gueule a vécu ses heures les plus controversées et les plus émouvantes.
Bien sûr tout le monde ne va pas goûter la qualité de ces scénarios, mais le fait est là : depuis, Deadpool n'a plus eu de série fixe, menée par le même scénariste et capable de durer plusieurs années. Chaque relance a vu son lot d'artistes durer le temps de un an max, avec des propositions narratives pas vraiment à la hauteur, obligeant le gugusse à squatter les comics de ses congénères. Les autres comics Marvel ayant eux-aussi bien baissé en qualité (on a toutefois une poignée de bons scénaristes à suivre), on peut y voir un lien de cause à effet...
Tout comme un signe que les héros principaux sont eux-mêmes devenus bien trop légers, et n'ont donc plus autant besoin que Deadpool vienne jouer au bouffon du roi.
Et voilà qu'en plus de ça le studio Fox a perdu son indépendance, faute d'avoir su négocier l'évolution des blockbusters - s'il fallait attendre James Cameron pour atteindre le pallier du Milliard de recettes...
Le temps de fusionner avec Disney, les embûches imprévues vont pleuvoir sur tous les films à gros budget, même si ça sera bêtement plus facile de tout mettre sur le dos d'un seul studio, et des femmes, des gens de couleurs etc... bref l'arnaque, la fameuse, consistant à cacher l'intolérance et l'envie de pureté derrière une pseudo recherche d'excellence.
Fallait-il alors tomber des deux pieds dans la flatterie pour mieux remettre les compteurs à zéro ? Car Deadpool normalement, c'est pas ça : le premier film était un acte de piraterie gonflé (l'essai qui a fuité sur le Net), rentre-dedans, malpoli, à la promo inventive, un pastiche des origin stories etc... Le tout avait aussi le culot de raconter quelque chose sur son acteur principal Ryan Reynolds, jouant son va-tout dans une comédie d'action également funèbre, pour donner un nouveau souffle à sa carrière (et avoir un succès surtout).
Le deuxième film, pastiche des films d'équipe, enfonçait le clou en étant moins moche visuellement, plus mélancolique, plus doux au milieu de toute cette barbarie jouissive (le gag de "Basic Instinct" avec un zguègue de bébé, scandaleusement drôle)...
Et ensuite... ce sous-genre anti-héroique trash s'est complètement démocratisé, "The Boys" (visuellement pompé sur le premier film) s'est imposé directement dans les foyers, et les vrais héros, les gens qui réfléchissent, sont devenus peu à peu des parias, y compris dans la vraie vie...
Comment Deadpool peut alors survivre sans eux, là est la question... que va à peine poser le troisième film :
La scène introductive promettait pourtant le meilleur en confirmant que le personnage ne respectait toujours rien ni personne, enchaînant ensuite sur une série de bastons frimeuses... sur un standard musical lointainement croisé dans un film des X-Men. Et avec de vrais noms au générique, pas des commentaires acides sur la conception du film, comme avant.
On comprend alors que, même si le film ne se répète pas, il met tout de même la pédale douce sur l'autodérision maso. Et ce n'est pas le gentil Shawn Levy qui va changer la donne, cinéaste qui n'a aucun style, aucunes thématiques qui s'étaleraient sur plusieurs films (au contraire de la majorité des artisans du MCU, oui et oui). Tout au plus il sait gérer les acteurs par paquets, fait un peu de SF, mais avant tout il se met au service docilement, surtout pour de grandes marques (même Google !).
Ne pas compter sur lui ni Reynolds ni qui que ce soit d'autres pour mettre de l'ordre dans les univers de la Fox, le résultat reste blindé d'incohérences, en rajoutant une couche par pur opportunisme : on saute d'un univers à un autre n'importe comment, avec Wade Wilson qui recherche désespérément la gloire pour compenser le vide de sa vie... les films "X-Men" sont capables de changer l'histoire quand on voyage dans le Temps, ce qui est incompatible avec le MCU (qui crée des branches parallèles)... le TVA n'est même pas aussi fort que les brisages de Quatrième Mur de Wade...
Et pour ce qui des cameos, en fait c'est horrible : tous des "tocards".
Certes déjà le cas dans le premier, Ajax étant le pire des super-vilains possible. Tandis que le deux récoltait les pires membres de l'équipe X-Force... il y a donc un parti-pris consistant à suivre de drôles de loosers, n'ayant aucun impact conséquent sur une saga, servant de chair à canon à quelques exceptions près (l'incompréhensible Peter, ni Wisdom, ni Parker, juste le copain Rob Delaney).
Idée qui se retourne maintenant contre le troisième film, plus ou moins une satire des gros crossovers cosmiques :
On n'a que des guests (ou bien des doublures pas connues aux airs de clodos - la plaie des scènes de foules) ayant joués dans des franchises qui se sont plantés, ou même qui ont été avortées (ça commence à être une tendance à Hollywood)... Mais coup de chance, ce sont aussi plein de potes du réalisateur.
Même le Wolverine principal y est présenté comme un des pires, avec d'ailleurs un trauma si bidon qu'on ne nous le montre même pas. Ça fait pas vraiment rêver tout ça.
Il y ainsi un commentaire sur les productions passées de la Fox (étrangement pas trace de "New Mutants", pourtant lié au sacro-saint "Logan")... mais avec aussi du New Line ou du Sony (garanti sans Spider-Man, trop précieux pour qu'on y touche)... Donc toujours un film sur Hollywood, normalement. Qui montrerait les faces positives et négatives de la machine à rêver.
Et plutôt que de parler continuellement des choses qui ne vont pas dans les blockbusters modernes ("les films qui font trois heures !"), on reste centré sur son petit monde Marvelien passé, sans qui le MCU moderne n'aurait pas pu exister - c'est à dire en se bâtissant aussi sur les erreurs d'antan... pour mieux faire de nouvelles erreurs, ou ces éternels (!) problèmes de communication avec le public.
Au moins le duo bourru/bavard de Logan/Wade-Moutarde/Ketchup, ne bégaye pas avec celui de Cable, restant ainsi collés l'un à l'autre pendant presque toute l'histoire. Avec l'ambition d'émuler "48 heures"... mais dans ce cas il fallait Vraiment faire "48 heures", c'est à dire une enquête policière menée par deux types cassés de l'intérieur, se la jouant en solo malgré eux, ne se faisant pas confiance pour cause de préjugés, et finissant par s'apprécier mais en s'exprimant toujours par des invectives. C'est ça qu'on aurait pu attendre, pas des batailles de chiffonniers immaturs, faux culs, incompréhensibles (les transformations régulières de Logan en sauvage trapu) et mouchardeurs.
Ça ne raconte rien, et même quand au bout d'une heure on rappelle des enjeux personnels et qu'on assène des faits blessants, on finit par laisser tomber et se reposer encore sur des références copiées-collées, des tubes musicaux vintages, et des vannes méta, certaines crypto gay, montées au dernier moment pour être réactif envers l'actualité. Comme ça, on évite de se confronter à la douleur morale, avant d'arriver à la fin de l'histoire - dégonflés !
Pire, niveau méchant on en a un, puis une autre méchante et ses sbires sans âme, qui deviendra alors brièvement gentille, puis à nouveau méchante destructrice classique - dans un final pompé sur celui du premier "Gardiens de la Galaxie" (l'union fait la force etc). Aucun des deux vilains n'a de problématiques personnelles qu'on aurait pû lier aux protagonistes principaux (à part que ce sont eux-aussi des gros bavards ironiques), donc ils ne sont que des archétypes remplaçables.
Le côté autocentré de l'entreprise se borne à piocher dans un énorme coffre à vieux jouets, sans partager et sans créer quoi que ce soit de neuf à partir de ça. C'est la même limite que les adaptations de jeux vidéos : si c'est pour regarder un autre jouer, ça finit par être ennuyeux. Si ce même joueur transforme son matériel devant nos yeux, là ça peut devenir intéressant.
Le terme de "Fan service", tellement utilisé aujourd'hui, devrait toujours être associé au mot "transcender", ou au moins à sa possibilité... C'était le cas dans "Avengers : Endgame" (film Proustien) et "Spider-Man : No Way Home" (réflexion sur les migrants, les expériences traumatiques communes et la puissance des aînés face à un abus de confort).
Ce n'est pas le cas ici, le film se contentant de pleurer sur le sort des icônes abandonnées, partageant avec le deuxième "Dr Strange" une désinvolture dans les meurtres de héros (au lieu d'être critique, ils feraient mieux de les défendre) et des tas de variants en guise d'adversaires qui sortent direct des comics... mais tous ayant souvent l'air de cosplayeurs.
Sauf qu'on n'est Pas dans des comics, il faut préparer ses effets avant de les balancer à l'écran, il faut un minimum d'iconisation quand on a des uniformes aux couleurs vives... et ici ça n'arrive que de façon sporadique (avec un masque de Wolverine aux formes aussi emblématiques, il y avait pourtant de quoi faire).
Comme dans "Free Guy" il n'y a pas de structure narrative claire, on passe du coq à l'âne grâce à tel artefact sorti de nulle part, alors que même les Marvel les plus honnis savent être découpés en trois actes...
Les cascades chorégraphiées sont fonctionnelles (pour des surhumains qui ne peuvent pas mourir), sans rien créer qu'on n'ait déjà vu un jour. C'est dommage, quitte à avoir un scénario léger, autant miser alors sur du classique et besogner à mort les scènes d'action pour que celles-ci engendrent du fond. N'est pas "Blade II" qui veut, n'est-ce pas ?
Tellement de faux sang numérique que ça en devient déréalisé, même pas dérangeant... Et même les grands espaces déserts ne se justifient pas - à un moment on cite honnêtement la règle "d'évacuation des civils" (on n'est pas dans "John Wick" ici, c'est pas des PNJ), mais dans le reste du film la seule façon pour que ça reste pertinent ça aurait été de faire une quête à la Heroic Fantasy. Ou d'assumer complètement le look Mad Max (on se retrouve à nouveau avec un sous Old Man Logan). De toute façon y a plein de films en un là dedans, et aucun n'est abouti.
Et le plus pénible (en dehors de Deadpool lui-même), ce sont ceux qui se diraient que c'est pas grave, n'y pensons pas trop, c'est pour s'amuser... Mais il n'était pas question Que de s'amuser là dedans, il y avait l'opportunité d'être ludique en faisant aussi émerger une forme de noblesse, créant des ruptures de ton mais de façon sérieuse.
Pour avoir une boîte de production du nom de Maximum Effort, l'équipe de Reynolds n'en fait justement pas beaucoup, d'efforts - même la VF d'ailleurs (pas de retour de Joël Zaffarano ou de Thierry Desroses).
Bon on va s'arrêter là...
En bref : Ryan Reynolds a tenu la promesse faite à la fin du précédent film (c'était déjà le cas dans le premier, où il teasait Cable etc)... il a enfin eu son duo avec Hugh Jackman, et offre à Wolverine une fin optimiste - ce n'est que la troisième fois après tout. Avec ce foutu costume jaune qui, s'il n'est pas totalement justifié par le scénario (pourquoi un uniforme aussi flashy ?) est toutefois homogène avec celui de Wade.
Lequel a donc maintenant un orteil dans le MCU, et on peut compter sur de futurs cameos dans les prochains films, histoire de créer artificiellement de l'excitation.
Reynolds continue de se moquer de lui-même, et n'arrive plus à trouver de nouveaux gags - on sait qu'il est beau gosse etc, mais quand est-ce qu'il va tourner en dérision son propre mode de fonctionnement ?
Le foisonnement de blagues de sales gosses essaie de compenser avec le festival de références Pop, et bien entendu ça empêche le film de penser à représenter une violence qui fait très mal, s'abstenant ainsi de toutes velléités radicales... l'objectif final de Reynolds et Shawn Levy restant le même que dans "Free Guy" : prôner les vertus de l'amitié, la tranquillité, dans un monde où tout vous pousse à réagir de façon extrême.
Film qui remplit son contrat (sans le moindre extra), fait son petit hommage nostalgique à l'ancienne Fox... et ne sauve rien du tout si ce n'est le bilan financier du studio - de toute façon il faut toujours être méfiant et prendre le contre-pied quand on a ce genre d'élément de langage.
Mais à quoi pouvait-on s'attendre avec une histoire de mercenaire ?