Dossier : les plus grands compositeurs de musiques de films
Alors qu’elles semblent secondaires dans le domaine du cinéma (le plus important dans un film étant l’histoire racontée), les musiques de films ne doivent pas être prises à la légère. En effet, on imagine mal un film ou une série sans musique. Elles accompagnent le spectateur, le guident dans ses émotions, le trompent parfois, et s’avèrent être un excellent allié pour la narration. Aujourd’hui, les compositeurs de bandes originales sont de grandes stars. Non content d’être des arguments de vente des films pour lesquels ils collaborent (John Williams et Hans Zimmer en sont deux exemples parfaits), ils sont devenus de véritables stars, remplissant des salles de concert immenses. Qui sont les plus grands génies des bandes originales ?
1. John Williams
Si la carrière du compositeur américain John Williams (né en 1932) commence dans les années 1960, avec des films comme Le Seigneur d’Hawai de Guy Green (1962) ou encore Deux minets pour Juliette de Norman Panama (1966), sa carrière s’envolera véritablement dans les années 1970. Non pas que les partitions de Williams n’aient aucun intérêt dans les années 1960 ; on lui reconnaît au contraire un succès d’estime pour certaines BO, telles que Comment voler un million de dollars de William Wyler (1966). Mais les années 1970 vont lui ouvrir les portes, grâce à deux rencontres exceptionnelles, des blockbusters hollywoodiens. Première rencontre : Steven Spielberg, en 1974, pour Sugarland Express. Ce film marquera le début d’une très longue collaboration entre le compositeur et son réalisateur fétiche : Sugarland Express, Les Dents de la Mer (Oscar de la Meilleure Musique de film), Rencontres du troisième type, 1941, Les Aventuriers de l’Arche Perdue, E.T. L’Extraterrestre (Oscar de la Meilleure Musique de film), Indiana Jones et le Temple Maudit, Empire du Soleil, Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet, Always, Jurassic Park, La Liste de Schindler (Oscar de la Meilleure Musique de film), Jurassic Park : Le Monde Perdu, Amistad, Il faut sauver le Soldat Ryan, A.I. Intelligence Artificielle, Minority Report, Arrête-moi si tu peux, Le Terminal, La Guerre des Mondes, Munich, Indiana Jones et le Royaume du Crane de Cristal, Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, Cheval de Guerre, Lincoln, Le Bon Gros Géant et Pentagon Papers. On observe pour commencer que sur les cinq oscars gagnés par John Williams trois d’entre eux sont pour des films de Steven Spielberg. Ensuite, on remarque que le compositeur est le reflet musical du génial réalisateur américain, aussi à l’aise dans la SF que dans le drame, dans l’aventure que dans la comédie, dans le film historique que dans le film pour enfants. La seconde rencontre qui changera à jamais la carrière de John Williams, c’est sa rencontre avec George Lucas, dont il signera la bande originale de tous les Star Wars, de Star Wars : Un nouvel espoir (en 1977) à Star Wars : Les Derniers Jedi (2017). Le compositeur surdoué, fils d’un percussionniste de jazz, et pianiste depuis l’enfance, a trouvé sa marque de fabrique dans la saga Star Wars. La création de thèmes marquant pour chaque personnage. C’est cette force qui a fait de John Williams le compositeur évident des trois premiers Harry Potter, signant là trois de ses plus grandes œuvres musicales. Aujourd’hui, John Williams se concentre principalement sur les œuvres de Steven Spielberg et les Star Wars. On espère revoir bientôt ce monstre sacré au premier plan !
2. Hans Zimmer
Toujours imité, rarement égalé, Hans Zimmer a métamorphosé la façon de composer les musiques de films. Après des débuts prometteurs (on se souvient encore des BO de Rain Man ou de Miss Daisie et son chauffeur), le compositeur allemand, naturalisé américain, a su mettre Hollywood à sa botte dès 1994, avec Le Roi Lion du studio Disney, qui lui permettra de décrocher son seul Oscar de la Meilleure Musique de film de sa carrière. S’il avait déjà collaboré avec de grands réalisateurs avant, comme les frères Ridley Scott (Black Rain et Thelma et Louise) et Tony Scott (Jours de Tonnerre et True Romance), sa carrière et ses techniques ne seront plus jamais les mêmes depuis le chef d’oeuvre du studio Disney. Cors puissants, basses plus puissantes encore, parfois accompagnés de guitares électriques, accompagnent dès lors l’oeuvre musicale de Zimmer, qui compose tout directement par ordinateur. Pirates des Caraïbes, Inception, The Dark Knight, Gladiator, Interstellar, Man of Steel, on ne compte plus les chefs d’oeuvre de ce génie hors du commun. Dans les années 2000, Zimmer était partout. Quitte, parfois à se copier lui-même (on remarque quelques similitudes troublantes entre le thème He’s a Pirate dans Pirate des Caraïbes et un mouvement du morceau The Battle dans Gladiator). Aujourd’hui, Zimmer est moins présent, et semble vouloir se renouveler, expérimenter de nouvelles choses, comme l’ont démontré les magnifiques BO de Interstellar (avec ses orgues) et Dunkerque (rythmé par le tic-tac de la montre du réalisateur Christopher Nolan). Zimmer a réinventé la façon de composer la musique de films dans les années 2000-2010. Veut-il réinventer la manière de composer pour les années 2020 ? On lui fait confiance pour réussir !
3. Ennio Morricone
Il n’y a pas que le hasard qui fait bien les choses. Ennio Morricone les fait tellement bien que le titre d’un de ses plus beaux morceaux pourrait servir de titre à sa nécrologie, le jour où le génie italien pliera l’ombrelle : Un Monumento (musique tirée du western-spaghetti Les Cruels de Sergio Corbucci, réutilisée par Quentin Tarantino dans Django Unchained). Morricone a tout fait, tout maîtrisé. Ses collaborations avec le gigantesque Sergio Leone (Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois en Amérique et autres chefs d’oeuvre du western spaghetti) font partie de notre culture à tous, à tel point qu’ils forment une mythologie du cinéma, dont Morricone est un des dieux incontestés. Ce serait une idée reçue que de penser que Morricone s’est seulement cantonné au genre western. Il fut aussi particulièrement remarqué dans le registre de l’horreur, avec The Thing de Carpenter, mais également dans les films de gangsters, avec Les Incorruptibles, un des meilleurs films de Brian De Palma, ou encore Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil, avec les gigantesques Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura. Cette remarquable aisance d’Ennio Morricone à voyager entre les genres (westerns, gangsters, SF, etc) et entre les pays (Italie, Etats-Unis, France), on la retrouve également dans sa faculté à varier les styles de musique, de la pop à la symphonie, en passant par des sons plus électros, ou encore l’utilisation merveilleuse de la voix humaine. C’est impensable qu’il ait fallu attendre The Hateful Eight de Quentin Tarantino pour qu’il reçoive son premier Oscar pour la Meilleure Musique de film. À l’age de 87 ans. Un monumento.
4. Danny Elfman
Si on trouve de tout, dans la discographie de Danny Elfman, du très bon comme du pas bon du tout, il mérite cependant sa place dans ce top des meilleurs compositeurs de bandes originales. Ne serait-ce que pour sa longue collaboration avec le réalisateur génial Tim Burton, dont il a composé presque toutes les BO. Véritable génie, Elfman parvient à faire naître le rire au milieu des larmes, tout en emmenant ses auditeurs dans des paysages gothiques qui correspondent parfaitement à l’univers de Burton. Bien sûr, il a signé d’autres grandes réussites, comme le thème d’Avengers, mais je reste persuadé que ses collaborations avec Burton ont sublimé le cinéma du réalisateur américain. Et, par la même, ont sublimé mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte. On saluera également les performances vocales de Elman, comme le démontre sa performance dans L’étrange Noël de Monsieur Jack, dans lequel il double Jack lors des chansons.
5. Joe Hisaishi
Compositeur attitré du dieu de l’animation japonaise Hayao Miyazaki, Joe Hisaishi est une perle rare. Dès sa partition, sublime, pour Nausicaa de la Vallée du Vent, parfait mélange entre sons électro futuristes et musiques symphoniques savantes (la Sarabande de Haendel), Hisaishi montre toute l’étendue de son talent. Chacune de ses compositions pourrait porter le titre de « poème symphonique », titre donné sur le tard à son travail sur Nausicaa de la vallée du vent. Depuis, Hisaishi n’a jamais cessé de nous éblouir, que ce soit sur Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro. Son érudition musicale se ressent dans l’extraordinaire diversité de ses compositions. Très jazzy dans Porco Rosso, très européenne dans Le Vent se lève, Hisaishi est éclectique. On apprécie également son travail pour Takeshi Kitano, plus mélancolique, avec plus de piano. Mais, à mon sens, sa partition pour Le Conte de la Princesse Kaguya, le dernier chef d’oeuvre du regretté Isao Takahata, montre toute l’étendue de son talent. Le morceau The Procession of the Celestian Beings, que l’on entend quand les êtres de la Lune viennent chercher la princesse, moment particulièrement triste du film, frappe par sa joyeuseté, et forme un décalage à la fois poétique et cruel. On l’adore tout simplement. Et sa partition pour Ni No Kuni et Ni No Kuni II : Revenant Kingdom nous fait l’adorer d’avantage.
6. Ramin Djawadi
Avant de devenir un maître incontesté des bandes originales, Ramin Djawadi travaillait sous l’égide de Hans Zimmer. Aujourd’hui, ce compositeur de génie s’est complètement affranchi de l’image de son maître, et frappe chaque fois par la justesse de ses compositions. Il arrive parfois que les compositions de Djawadi soient si belles qu’elles réhaussent la qualité des films qu’elles accompagnent, comme Warcraft : Le Commencement ou Dracula Untold (deux films que j’ai, par ailleurs, appréciés). Mais tout le talent de Ramin Djawadi a explosé au grand jour dans les séries Game of Thrones et Westworld. Comment ne pas tomber instantanément de son génie dès les premières notes de Light of the Seven, Needle ou Truth. Pour Westworld, Djawadi frappe plus fort encore. Au milieu de compositions splendides, tantôt poétiques (This World) tantôt diaboliques (Violent Delights), Ramin Djawadi adapte au piano quelques-uns des plus grands chefs d’oeuvre du rock (A Forest de The Cure, Paint It, Black de The Rolling Stones, No Surprises de Radiohead) ou du rap (C.R.E.A.M. du Wu-Tang Clan ou Runaway de Kanye West). On lui donne la palme du coeur !
7. Howard Shore
Comme John Williams, Ennio Morricone et Hans Zimmer, Howard Shore est partout. Réalisateur fétiche de deux géants du cinéma, Martin Scorsese (Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés, Hugo Cabret, Le Loup de Wall Street) et David Cronenberg (La Mouche, eXistenZ, History of Violence, Les Promesses de l’Ombre), ses compositions sont souvent masquées par les morceaux qui accompagnent les films, comme dans les films de Scorsese, grand admirateur de rock. Ce qui a justifié mon choix de le mettre dans cette sélection, ce sont les musiques qu’il a composées pour les deux trilogies de Peter Jackson, Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit. Particulièrement évocatrices, ces musiques sont aujourd’hui, à mes yeux, tellement indissociables de la Terre du Milieu, que j’ai l’impression de les entendre chaque fois que je relis les livres. De véritables chefs d’oeuvre.
8. Nick Cave & Warren Ellis
Deuxième palme du coeur avec les deux Bad Seeds, Nick Cave et Warren Ellis. Ces deux légendes du rock qui officient dans le groupe de rock alternatif mythique Nick Cave & The Bad Seeds ont sublimé la série Peaky Blinders de Steven Knight, avec leurs chansons portées par la voix magnifiquement caverneuse de Cave et sa poésie sombre à la frontière entre Lautréamont et Ian Curtis du groupe Joy Division. Comment résister lorsque Cave reprend au piano The Mercy Seat ou que la basse de Stagger Lee commence à raisonner dans le creux de nos oreilles. Mais les deux compères ne sont pas que deux rockeurs. Ce sont aussi des compositeurs de grand talent. Leurs compositions à la mandoline ou à la flûte pour les films de John Hillcoat en ont fait deux des compositeurs les plus talentueux de Hollywood. Poétiques et atmosphériques, comme les chansons qu’ils ont composées pour leur groupe de rock.
Mentions honorables
On ne pouvait pas tous les mettre, mais nous n’oublions pas James Newton Howard (Les Animaux Fantastiques, Batman Begins avec Hans Zimmer), Alexandre Desplats (La Forme de l’eau, Harry Potter et les Reliques de la Mort), Harry Gregson-Williams (Kingdom of Heaven), Ryuichi Sakamoto (The Revenant), Goran Bregovic (Arizona Dream, Underground), Junkie XL (Brimstone, Mad Max : Fury Road), Michael Giacchino (Rogue One : a Star Wars Story, Vice-versa).
A moins que ce ne soit pas un classement, mais dans ce cas les numéros ne servent pas à grand chose :)
il a entre autres fait le thème de Starships Troopers mais aussi le magnifique "Hymnto red october" pour le film "à la poursuite de l'octobre rouge, en collaboration avec les cœurs de l'armée rouge. (je vous supplie, écoutez-la, elle est magnifique, au point que même zimmer s'en inspirera)
il a composé pour plus de 50 films et surtout Conan le barbare
Il est peu connu (à tort) du publique et c'est bien dommage
Il y a aussi Vangelis qui a fait "les chariots de feu" (oscarisé) et le célèbre 1492: Cristophe colomb
Mais sérieusement, rajoutez Poledouris
On aurait pu citer aussi en mentions spéciales Jerry Goldsmith (Alien, Star Trek, Gremlins, Mulan) et Thomas Newman (La Ligne Verte, American Beauty, Les Evadés, le Monde de Nemo), deux sacrés bonshommes, le premier ayant donné son thème au monstre le plus célèbre de l'Histoire du cinéma, le deuxième capable de faire frissonner comme jamais avec seulement quelques notes de piano.
Jumanji, Avatar, l'Homme Bicentenaire, Titanic, Willow, Braveheart, Troie, Zorro, Apollo 13, the Amazing Spidey, Stalingrad ou même Commando (BO vraiment cool d'ailleurs)
Bref, lui fait clairement parti des meilleurs !
Braveheart a été pendant très longtemps ma BO préférée.
Je rejoins tout de même butters, ou est Giorgio Moroder ???!!!
De plus je trouve les bandes sons des indestructibles 1 et 2 bien plus relevante que vice verso ou rogue one dans la description de ce qu'il a fait
J'aurai rajouté Alan Silvestri et Kenji Kawai aussi.
C'est vrai que des film tel que Robocop, Conan ou Starship Troopers sur un site comme Hitek, axé geek sf fantastique, ça ne parle à personne ...