Euro Disney dans le viseur de la Cour des comptes pour des plus-values multipliées par 10

Voilà plus de trente ans que le parc Disneyland Paris a ouvert ses portes à Marne-la-Vallée. Son propriétaire, le groupe Euro Disney, en a sa gestion pour le compte de la Walt Disney Company. Mais alors que près de quatre décennies se sont écoulées depuis la naissance du groupe, la Cour des comptes a jeté un oeil aux opérations d'Euro Disney. Et en 2025, certains avantages méritent de disparaître. 

Euro Disney dans le collimateur de la Cour des comptes

Ce vendredi 10 janvier, la Cour des comptes a rendu son rapport sur le groupe Euro Disney et ses opérations foncières en Île-de-France. Alors que bon nombre de français sont empêtrés dans une crise de l'immobilier qui ne semble pas prête de disparaître, certains avantages du groupe soulèvent des questions. Pour convaincre Euro Disney de s'installer à Marne-la-Vallée, une convention stipule qu'Euro Disney profite de tarifs préférentiels sur les terrains avoisinants. 

Seulement, Euro Disney, en bonne compagnie capitaliste, achète ces terrains pour une bouchée de pain, avant de les revendre à prix d'or à des promoteurs. Une plus-value facile, sur le dos du contribuable, qui n'a plus forcément vocation à exister. Dans un périmètre de 2118 hectares, Disney a une option d'achat sur tous les terrains aménagés. Bêtement, il peut acheter la parcelle de son choix à l'EPA France, pour Établissements publics d’aménagement, et ce au prix de revient. L'Etat se retrouve donc forcé de vendre le terrain au prix fixé en 1987, en y ajoutant tout de même le coût des travaux d'aménagements éventuels et une marge de 25 % pour les frais de structure. 

Mais avec l'explosion du prix du foncier, difficile d'y trouver une concrète logique. Une convention signée il y a près de quarante ans qui avait vocation à convaincre Euro Disney de s'implanter dans le coin. Seulement, en citant un exemple de plus-value réalisée lors de l'installation du cabinet de conseil Deloitte en 2019, le rapport surligne toute l'obsolescence d'une telle convention. 

"Les plus-values qu’elle réalise ainsi varient considérablement, de +33% jusqu’à dix fois le prix d’acquisition, avec une moyenne, pour les transactions observées, d’une revente à trois fois le prix d’acquisition. S’agissant d’une parcelle de très grande taille, l’îlot en question ne demande que peu de travaux: l’équilibre de la prévision à fin d’affaire s’établit à 1,59 million de travaux et acquisitions, et 2,69 millions d'euros de produit de cessions, laissant une marge pour l’EPA de 1,1 million d'euros. Le terrain a été cédé par l’EPA à la société Euro Disney pour 1,63 million, et a été revendu le jour même par cette société 17,2 millions d'euros soit un prix multiplié par plus de 10". 

Cet avantage, Disney va pouvoir en profiter jusqu'en 2040. Le groupe a accepté d'investir davantage au financement des équipements publics communaux et même à prendre en charge des bassins d'assainissement. Malgré tout "la captation de telles plus-values n’a plus aujourd’hui de justification économique, au regard de la réussite de l’implantation d’Euro Disney et des niveaux atteints par les prix du foncier en Île-de-France" fait savoir la Cour des comptes. D'autant que les magistrats tombent des nues face à l'incapacité d'EPA France d'évaluer le montant des recettes qui lui sont passées sous le nez. 

Pour tenter d'y voir plus clair, la Cour des comptes pousse les institutions à forcer le groupe Euro Disney et EPA France à réaliser un bilan de leurs recettes et des dépenses engagées sur toute la durée, lors du passage à une nouvelle convention, en 2040. Reste à savoir si Euro Disney parviendra à suffisamment mettre de pression pour y échapper.