Faut-il voir "Le Nom de la Rose", la première série OCS originale ?
Depuis le 5 mars, OCS diffuse, à raison de deux épisodes par semaine, la mini-série américano-italienne Le Nom de la Rose, adaptation du chef d’oeuvre du très regretté romancier médiéviste Umberto Eco. Déjà adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1986, avec Sean Connery dans le rôle principal, la mini-série de Giacomo Battiato se voit donc obligée de remplir une mission doublement difficile : adapter un chef d’oeuvre de la littérature contemporaine et ne pas faire pâle figure devant le chef d’oeuvre de Jean-Jacques Annaud, sans tomber dans la facilité du remake. Même si la série n’a pas encore touché à sa fin, voici un début de verdict. Mais d'abord, voici la bande-annonce :
De quoi ça parle ?
Ceux qui ont lu le livre ou vu le film Le Nom de la Rose connaissent l’histoire, mais il y en a qui n’ont ni lu ni vu cette œuvre majeure. Voici donc un résumé très bref, afin de donner envie à ceux qui ne connaissent pas cette œuvre de se pencher sur cette série.
L’action se passe au XIVème siècle, et plus particulièrement en 1327, en Italie. Guillaume de Baskerville, moine franciscain réputé pour sa grande intelligence, et son novice Adso de Mel, arrivent dans une abbaye, dans laquelle ils vont être témoins d’une série de meurtres étranges. Alors que les deux compères enquêtent, tels un Sherlock Holmes et un Docteur Watson du Moyen-Âge, ils seront pris en chasse par un inquisiteur, Bernardo Gui, dont la mission est de traquer ceux qui critiquent le Pape.
Une série qui ne souffre pas de la comparaison avec le film
Contrairement à ce que nous aurions pu présager au départ, la nouvelle version du Nom de la Rose ne souffre pas tant que ça de la comparaison avec le film de Jean-Jacques Annaud. Tout d’abord, John Torturo (l’acteur culte de The Night Of et de Barton Fink) est plus que convaincant dans le rôle de Guillaume de Baskerville. Particulièrement charismatique, son air naturellement intelligent et espiègle lui permettent de camper un Guillaume de Baskerville au moins aussi mémorable que celui campé par Sean Connery en 1986. Ce qui, avouons-le, est un exploit en soi. On notera également la présence au casting particulièrement satisfaisante de James Cosmo, grand habitué des films médiévistes et d’époque, puisqu’on l’a vu dans Braveheart (Campbell), Troie (Glaucus), Outlaw King (Robert de Bruce) et Game of Thrones (Jeor Mormont).
Le scénario, quant à lui, est bien plus fidèle au roman. En effet, le format de la mini-série permet à l’équipe de scénaristes de visiter toutes les dimensions du roman, tout en approfondissant davantage la psychologie des personnages. Les scénaristes dépassent donc le cadre du huis-clos du film d’Annaud, pour mieux s’intéresser à l’époque et à la crise religieuse qui ronge la chrétienté du XIVème siècle. La mini-série se voit ainsi dotée d’une double-casquette : série historique et série policière, dont elle respecte tous les codes. Ainsi le spectateur verra-t-il des batailles, mais aussi des interrogatoires menés avec maestria.
Quant à la réalisation, on ne peut qu’être satisfait du travail de Giacomo Battiato, qui a su se différencier de l’atmosphère poisseuse du film. Colorée, la mini-série possède aussi des paysages magnifiques, des prises de vues à couper le souffle. Les scènes en intérieur sont vraiment belles, et on sent tout l’intérêt du réalisateur pour les scènes pédagogiques, comme lorsqu’on voit les moines en train d’écrire dans leurs manuscrits.
Nous vous conseillons vivement de regarder cette série, qui vous aidera à prendre votre mal en patience en attendant la saison 8 de Game of Thrones.
A voir une fois quand même.