Faut-il vraiment s’indigner du rachat de la Fox par Disney ?
Le rachat par Disney de la plupart des actifs de la Fox en a indigné plus d’un. Beaucoup craignent pour l’avenir de certaines licences (X-Men, Deadpool, Alien, Avatar, etc), d’autres sont mécontents du fait que certaines séries telles que Les Simpson appartiennent désormais à Disney. Enfin, beaucoup pointent le fait que par ces rachats successifs, toute l’emprise du divertissement risque bien d’être centralisée, ce qui serait, effectivement, dommageable. Mais, peut-être faudrait-il mettre de côté nos premières impressions, et réfléchir posément à tous les enjeux qui expliquent ce rachat. Ceci n’est qu’une réflexion personnelle, et n’engage nullement toute l’équipe Hitek. Vous pouvez ne pas être d’accord, mais soyez-le poliment.
Pourquoi Disney s’est-il autant intéressé à la Fox ?
Vous vous en doutez, mais le rachat de la Fox n’est pas un caprice de fin d’année. Disney avait des visées sur la Fox, d’un ordre purement stratégique. Tout d’abord, par cet achat, Disney permet de compléter des licences qu’ils possédaient partiellement. Bien qu’étant la Maison Mère de Marvel et de LucasFilm, la Fox possédait encore les droits pour les X-Men, Deadpool, les Quatre-Fantastiques et Star Wars : Un Nouvel Espoir. Par cet achat, Disney permet donc de mettre sous une seule enseigne toute la licence Marvel et LucasFilm (à noter également que le partenariat entre Sony et Disney permet au MCU d’exploiter le personnage de Spider-Man). En tant que fan des deux licences, je dois dire que ce n’est peut-être pas plus mal. On peut imaginer que l’intégration au MCU des licences X-Men et des Quatre Fantastiques permettrait aux fans de subir un nouvel écueil comme cela avait été le cas avec le dernier reboot en date des Quatre Fantastiques. De plus, l’intégration au MCU de toutes ces licences permettrait à Disney de produire des films qui ressembleraient bien plus aux comics, notamment pour des events à la Civil War. Bien sûr, il s’agit d’un pari risqué d’intégrer ces licences alors que le MCU entre dans sa quatrième phase. Néanmoins, si les premières phases se concentrent sur les Pierres de l’Infini, l’arrivée prochaine des deux parties d’Avengers : Infinity War pourrait mettre fin à cet axe narratif. Ainsi, l’ajout de ces licences pourrait se faire en toute logique, sans compromettre le reste du MCU.
Vous pourriez me rétorquer que l’ajout au MCU de Deadpool risque d’être compliqué. Ce à quoi je répondrais que Disney a eu la bonne idée de créer un univers étendu, où les films et les séries se rejoignent sans pour autant faire des cross-over. Ainsi, dans les séries Marvel co-produites par Netflix (Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist, The Defenders et The Punisher), il a été fait référence de manière très subtile au MCU, bien que ces dernières soient classées R (violence, sexe). Pour intégrer au MCU les films Deadpool tout en garantissant qu’ils soient classés R, il suffit donc à Disney de faire des allusions subtiles au MCU, et le tour de magie est joué.
Disney vs Netflix
Une autre raison qui explique le rachat de ces licences par Disney, c’est l’extraordinaire concurrence entre Disney et Netflix. Il y a quelques temps, Disney annonçait qu’il allait créer son propre service de VOD, afin d’entrer en concurrence avec Netflix, le leader dans le domaine. Sauf que voilà, Disney et la Fox représentent à eux deux 19% du catalogue de Netflix, ce qui est assez conséquent. Racheter la Fox permettait donc de porter un coup puissant à Netflix, tout en garantissant un certain attrait pour le futur catalogue de VOD de Disney. Il faut dire qu’un catalogue où seraient réunis l’intégralité des films d’animation Disney, plus les films qu’ils ont produits et réalisés (de Mary Poppins à la saga des Pirates des Caraïbes), les films Pixar, les films Ghibli (puisque Disney possède depuis le milieu des années 90 les droits de distribution en Occident du géant de l’animation japonaise), les films et séries Marvel (le MCU, les séries co-produites avec Netflix, les séries plus grand public comme Agent Carter ou le S.H.I.E.L.D., ainsi que les films X-Men, Deadpool et les Quatre Fantastiques, qu’ils ont rachetés à la Fox), les films et séries LucasFilm (les trois trilogies Star Wars, les films estampillés A Star Wars Story, les séries d’animation Star Wars : The Clone Wars et Star Wars Rebels, sans oublier la prochaine trilogie Star Wars et les Indiana Jones), les films issus de la filiale créée par Disney pour les adultes, Touchstone Pictures (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, La Couleur des sentiments, Le Cercle des Poètes Disparus, Armageddon, ainsi que quelques films de Martin Scorsese, Christopher Nolan, Steven Spielberg, Brian De Palma, des frères Coen, M. Night Shyamalan, tous produits par Touchstone Pictures / Disney), ainsi que tout le catalogue racheté à 21st Century Fox (Avatar, Titanic, Alien, Predator, La Planète des Singes, La Nuit au Musée, L’ Âge de Glace, Les Simpsons, Futurama, American Dad, Buffy contre les vampires, Sons of Anarchy, Malcolm, The Handmaid’s Tale, Runaways), cela ferait un catalogue particulièrement alléchant.
Par cet achat, Disney se prépare un avenir florissant sur le marché de la VOD. Car, si effectivement le rachat par Disney met fin à l’époque bénie des Big Six (la concurrence entre les six plus grosses filiales du monde du cinéma Hollywoodien, que sont la Walt Disney Company, la Warner Bros Entertainment, la 21st Century Fox, Universal Studios NBCUniversal, Sony Pictures, et le Paramount Motion Pictures Group), cela est en accord avec notre époque. Tout d’abord, parce que cela faisait bien longtemps que la notion de Big Six devenait presque anachronique, tellement Disney dominait le box-office mondial. Quand on regarde la liste des dix films les plus rentables du cinéma (Avatar, Titanic, Star Wars : Le Réveil de la Force, Jurassic World, Avengers, Fast and Furious 7, Avengers : L’ère d’Ultron, Harry Potter et les Reliques de la Mort – partie 2, La Reine des Neiges, La Belle et la Bête), on remarque qu’avant même le rachat de la Fox, la moitié de ces films étaient produits par Disney. On avait du coup un Big One, en vérité. Seulement voilà : malgré ses gains importants au box-office mondial, Disney doit faire face à un nouveau concurrent, qui semble parti de nulle part, et qui représente désormais ce que Disney représentait autrefois… l’avenir du divertissement. Ce concurrent a un nom : Netflix.
Les salles obscures perdant peu à peu du terrain au profit des services de VOD, les films perdant peu à peu de leur rayonnement au profit des séries TV, Disney voit en Netflix son plus grand concurrent. Le véritable concurrent historique de Disney était la Warner. Il a suffi que dans les années 20, Disney crée la série d’animation les Silly Symphonies pour que la Warner crée les Merry Melodies et les Looney Tunes. Il a fallu que Disney triomphe avec le MCU pour que Warner s’essaye à l’univers partagé super-héroïque, avec le DCEU. Mais voilà : la Warner Bros Entertainment bat de l’aile, à tel point que le seul film de la Warner faisant partie de la liste des dix films les plus rentables du box-office date de 2011 : Harry Potter et les Reliques de la Mort – partie 2. Autre preuve, s’il en est, que la Warner n’est pas en bonne santé, les échecs successifs du DCEU. Alors que le groupe espérait que Justice League, sorti cette année, fasse un score au box-office similaire à celui de Disney avec les deux Avengers, le film n’a convaincu ni la critique ni le public. Pour bien vous figurer cet échec, Justice League a engendré un peu plus de 600.000.000 de dollars à travers le monde. Pour tout autre film, ce score aurait pu être correct. Le problème, c’est que Justice League avait un budget de 300.000.000 de dollars. Comparativement, Avengers avait un budget de 220.000.000 de dollars, et les gains étaient supérieurs à 1.500.000.000 de dollars. Face à ces déconvenues successives, la Warner doit se concentrer sur le Wizzarding World de J.K. Rowling pour relancer ses rentes. Ce n’est qu’en cultivant la nostalgie tout en se renouvelant, que la Warner parviendra à passer outre ses écueils actuels. Disney se retrouve donc face à un concurrent qui n’est pas son concurrent historique : Netflix et la VOD. On pourrait comparer ce combat de géants de l’audiovisuel avec un combat de super-héros. Par exemple : Batman vs. Superman. Mais un Batman qui aurait compris qu’il ne peut combattre Superman avec ses propres ressources, et qui aurait trouvé le moyen d’utiliser les ressources de Superman. Superman vs. Superman…
Faut-il s’attendre à un contrôle total de Disney sur Hollywood ?
Je pense que le problème est bien plus complexe pour qu’on puisse se permettre de l’affubler d’une dichotomie manichéenne entre le méchant géant financier (Disney) qui tenterait de gouverner de manière hégémonique, quasi-dictatoriale, les autres médias. Effectivement Disney a acheté les droits de distribution de Ghibli, si effectivement Disney a racheté Pixar, LucasFilm, Marvel et la Fox, mais invectiver Disney pour ces rachats successifs, et les accuser d’avoir la mainmise sur le cinéma hollywoodien, c’est oublier que le monde du cinéma a toujours fonctionné ainsi. Pour rappel, le concurrent historique de Disney, la Warner, a elle aussi racheté de nombreux studios. Parmi on peut compter la Metro-Goldwyn-Meyer, plus communément appelée MGM (Warner en a fait l’acquisition en 1996). Pour rappel, la MGM était un des plus grands studios d’animation, puisqu’en plus de Tom Jerry, c’est pour ce studio que le légendaire Tex Avery, le seul véritable rival de Walt Disney, a réalisé ses plus grandes œuvres. La même année, la Warner faisait également l’acquisition d’un autre studio d’envergure, Hanna-Barbera Productions, Inc., responsable des Pierrafeu et des aventures de Scooby-Doo. 1996 toujours, c’était la société Castle Rock Entertainment, détentrice des œuvres adaptées de Stephen King (dont La Ligne Verte). Toujours en 1996 (décidément), la Warner rachetait New Line Cinema : elle a en sa possession la trilogie du Seigneur des Anneaux, It, les Blade et les Sex and the City. Comme vous pouvez le voir, la Warner possède de nombreuses filiales, issues par des rachats successifs, comme l’a fait Disney avec les siennes.
On remarque néanmoins que les achats de Disney ont fait bien plus de bruit que ceux de la Warner, pourtant plus nombreux (je ne vous ai fait qu’un échantillon des achats de la Warner). A tel point qu’aujourd’hui, Disney a l’image de la machine à fric qui rachète tout ce qui l’entoure. Comment expliquer ce phénomène ? Sans doute parce que Disney a acheté ses différentes filiales pendant l’âge d’or d’Internet et des réseaux sociaux. Aujourd’hui, nous sommes tous connectés, via Facebook, Twitter, etc, et les informations circulent plus rapidement. De même, avec les réseaux sociaux, nous sommes tous en en mesure de commenter toute information. Or, quand la Warner faisait ses petites emplettes, ni les réseaux sociaux ni internet n’étaient développés comme ils le sont aujourd’hui, et les informations étaient à la fois plus lentes à circuler, mais également nous n’étions pas en mesure de les commenter publiquement.
Donc voir dans ce rachat une preuve ultime de l’hégémonie médiatique supposément désirée par Disney, c’est faire une grossière erreur. D’autant que Disney, en tant que structure, laisse une certaine autonomie à ses filiales, en s’occupant majoritairement de la partie marketing.
Ensuite on verra aussi si Ryan peut autant faire ce qu'il veut de Deadpool à l'avenir, ainsi de suite.
C'est complet documenter et c'est une analyse global.
Bravo hitek
N'oubliez pas que tout ce grand gateau appartient donc à un homme, dont le pouvoir augmente au travers de son entreprise, tout comme ce que l'on voit de plus en plus et qui ammène à des Bolloré qui font travailler des gosses jusqu'à l'épuisement chez des dictateurs dont on entend le nom que quand ils leurs confient des décorations au mérite national, qui tuent leurs parents par centaines dans des déraillements sur des réseaux de chemins de fer privés à peine entretenus, qui contrôlent des ports à droite et les médias d'un pays de l'autre, qui étouffent aussi bien les enquetes des journalistes indépendants que celles des gouvernements, et qui ont autant d'aisance à faire connaitre leurs souhaits à ces derniers qu'a faire réprimer des révoltes là où ils pillent des ressources à ceux qui en ont besoin
J'ai franchement peur pour indiana jones car disney à racheté aussi cette franchise...donc je pense qu'il n'y aura plus de nazi, ennemis récurrents d'Indiana, et son fouet deviendra un yoyo...histoire que ça fasse pas trop violent et surtout en vendre avec la tête à Mickey dessus.