Harcèlement chez Ubisoft : malgré les mesures annoncées par la direction, rien n'a changé
L'été dernier, alors que certains se prélassaient en terrasse ou dans les parcs, Ubisoft affrontait une vague d'accusations de harcèlement sexuel et de sexisme. Une enquête signée Libération suite à laquelle plusieurs grands pontes du studio ont été mis à pied. Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft, annonçait alors que des mesures seraient prises pour que ces accusations n'aient plus lieu d'être. Mais 10 mois se sont écoulés depuis ces révélations et le constat est sans appel : rien n'a changé.
constat presqu'un an après
Dans un nouveau papier publié par Le Télégramme, les "mesures" avancées par Ubisoft et supposées améliorer la situation des employés du studio ne seraient pas suffisantes. Plusieurs mois se sont écoulés depuis les accusations de harcèlement et de sexisme et les témoignages enregistrés par le quotidien breton dépeignent des lacunes, mais surtout un manque de cohérence entre les propos d'Yves Guillemot et la réalité du terrain. Ces prochains jours doit se tenir la première vague de poursuites judiciaires engagées par le syndicat Solidaires Informatique Jeu Vidéo à l'encontre du fleuron vidéoludique français. L'occasion pour Le Télégramme de goûter l'eau auprès des employés pour savoir si du changement avait été perçu.
Outre le peu de mesures finalement mises en place au sein du studio, Ubisoft a également tenu à conserver des éléments pourtant visés par les accusations de harcèlement. Ainsi, Florent Castelnérac, à la tête du studio Nadeo, a conservé son poste, malgré dix témoignages faisant état de comportements abusifs à l'encontre de divers employés. Des membres des ressources humaines ayant dissimulé ou ignoré les problèmes lors de leurs remontées respectives seraient eux aussi toujours présents au sein d'Ubisoft. A côté de ça, le studio aurait ignoré des initiatives portées par des employées visant à améliorer le climat au sein de l'entreprise, à l'instar d'une action visant à embaucher davantage de femmes.
Du côté de Singapour, Hugues Ricour, ancien directeur du studio en charge de l'éventuel Skull and Bones, a été démis de ses fonctions suite à un audit interne réalisé suite à l'enquête parue l'année dernière. Mais si l'on se réfère à sa page Linkedin, accessible à tous, Ricour n'a quitté les studios singapouriens d'Ubisoft qu'en février dernier afin de rejoindre le siège social pour y devenir Production Intelligence Director. A 13 000 kilomètres de Singapour, au Canada, le problématique Yannis Mallat a été remplacé par Christophe Derennes. Mais comme le rapporte Le Télégramme, de nouveaux cas de harcèlement y ont été déposés. "Rien n'a changé" déplore le média breton.
des mesures pourtant listées
Suite à ces nouvelles accusations, partagées notamment à l'international par gamesindustry.biz, Ubisoft a tenu à remettre les choses dans leur contexte en rappelant les mesures mises en place au sein du studio :
"Sur une période de plusieurs mois, Ubisoft a mis en place des changements majeurs dans son organisation, ses processus internes et ses procédures afin de garantir un environnement de travail sûr, inclusif et respectueux pour tous les membres de l'équipe.
Ces actions concrètes démontrent les changements profonds qui ont eu lieu à tous les niveaux de l'entreprise. D'autres initiatives sont en cours et seront déployées dans les mois à venir. Nous nous engageons à renforcer notre culture et nos valeurs sur le long terme, afin de garantir que chaque membre de l'équipe d'Ubisoft soit entendu, respecté et valorisé sur son lieu de travail".
Parmi les actions mises en place par Ubisoft, le porte-parole s'étant adressé au média britannique a mis en avant les enquêtes externes sur toutes les allégations, les outils de signalement anonyme et une formation obligatoire sur la conduite appropriée sur le lieu de travail, de même qu'une refonte du code de conduite de l'entreprise, les embauches de Grant et de Sikka, ainsi que la nomination de Lidwine Sauer au poste de responsable de la culture d'entreprise. Raashi Sikka a été élue au poste de vice-président chargé de la diversité et de l'inclusion au niveau mondial quand Anika Grant a été nommée directrice des ressources humaines, à la place de Cécile Cornet, qui avait quitté l'entreprise suite aux accusations de harcèlement.
Malgré ces actions, un représentant élu du comité social et économique d'Ubisoft aurait partagé au Télégramme ne pas "s'attendre à ce que ces nominations débouchent sur quoi que ce soit". Près d'une année s'est écoulée depuis la publication de l'enquête de Libération et les efforts mis en place par Ubisoft semblent encore insuffisants. Reste à savoir si le studio français réagira à ces propos mis en lumière par Le Télégramme.
Son boulot consiste donc à recruter des gens en fonction de leur couleur de peau, de leur race, de leur ethnie, sexualité ou de leur sexe.
Même Lénine et staline n'avaient pas autant d'exigence pour le parti communiste.