Indiana Jones 5 : le réalisateur dézingue le quatrième film de la saga
Il y a la trilogie originale des Indiana Jones sortie dans les années 80, et puis il y a les suites, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008) et Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, en salles dès le 28 juin. Harrison Ford, l'interprète du célèbre aventurier, ne rajeunissant pas, chaque opus de la saga se déroule à une époque différente. D'après le réalisateur du cinquième volet, qui succède à Steven Spielberg, ce changement de temporalité explique pourquoi le précédent film a moins bien fonctionné que les autres. Découvrez ci-dessous les propos de James Mangold.
Indiana jones, un héros anachronique ?
James Mangold, le réalisateur d'Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, le cinquième volet de la saga consacrée au célèbre aventurier, a sa petite idée sur la raison pour laquelle Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal est un échec. De manière générale, le film a reçu un accueil plutôt mitigé, et les spectateurs le considèrent comme l'opus le moins réussi de la franchise. Entre autres, il a été reproché au film sa quantité d'effets spéciaux numériques, son scénario médiocre, son humour grossier et son manque de passion.
Un tableau plutôt sombre, auquel le successeur de Steven Spielberg ajoute encore une ombre : selon lui, le film a également et surtout échoué à adapter le personnage d'Harrison Ford à une autre époque, les 50's. Lors d'une interview accordée à io9 (Gizmodo), il explique que l'un des principaux problèmes du Royaume du crâne de cristal est que le saut dans le temps avec les années 40 n'a pas été bien abordé du point de vue du héros.
Il y a toujours eu une sorte de défi inné que nous avons vu dans Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, c'est-à-dire que dans les trois premiers films, vous avez cette synthèse parfaite des objectifs du film, qui est autant une aventure qu'un hommage au cinéma lui-même, au cinéma de l'âge d'or pour être plus précis. La musique de John Williams, de style [Erich Wolfgang] Korngold, est une sorte d'hommage au cinéma. La cinématographie est noire et extravagante. Et le héros porte un fedora et sort de l'ombre. D'accord, ces trois images fonctionnent dans ce contexte. Mais soudain, alors que nous changeons d'époque, que se passe-t-il ?
Le monde traverse une période de modernisme et, soudain, Indiana Jones - cette musique, ce look - n'est plus ce qu'il était. [Le monde] écoute Elvis Presley au moment du Crâne de cristal et les Beatles [et] les Stones au moment de nôtre [film]. Alors, comment s'adapter ? C'est à ces questions que j'ai réfléchi lorsque j'ai commencé à travailler sur le film : comment faire un film qui conserve ce que nous aimons dans Indy, tout en étant conscient qu'il n'est peut-être pas parfaitement adapté à cette autre époque ? Et c'est peut-être ce qui leur a posé problème dans le dernier film - c'est un peu comme si quelqu'un s'était présenté pour un film des années 40, mais que le film se déroulait dans les années 50. Il y a une sorte de dissonance et je me suis dit qu'il fallait faire de cette dissonance un personnage du film.
Nous devrions raconter le chant du cygne d'un héros septuagénaire au coucher du soleil, dans un monde qui n'est plus nécessairement tourné vers le passé, mais qui est entièrement tourné vers l'avenir. Dans un monde où les héros sont des rock stars ou des astronautes, et non des archéologues. Dans un monde où la division entre le bien et le mal n'est pas si évidente.
En omettant d'inscrire son héros dans une époque qui n'est pas la sienne, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal fait de son personnage principal un anachronisme. Bien qu'elle soit temporairement inscrite dans les années 40, au moment de la Seconde Guerre Mondiale, la trilogie originale est comme hors du temps. Mais la magie n'opère plus dans le quatrième film, faisant du célèbre aventurier un héros dépassé. Une leçon que James Mangold semble avoir pris très au sérieux pour le cinquième opus de la saga...