Le Seigneur des Anneaux : ce dessin de la Moria réalisé par Tolkien va vous étonner

Parmi les moments mythiques de la trilogie du Seigneur des Anneaux se trouve l'arrivée à la Moria. Cette séquence a stimulé l'imagination de millions de lecteurs et de milliers de rôlistes. En quelques lignes, Tolkien parvient à créer une ambiance unique et à déployer son univers riche en détails. Les lecteurs du Hobbit redécouvrent un lieu qu'ils pensaient connaître. Le décor permet de présenter une nouvelle énigme, comme l'auteur les affectionne tant, et les aventuriers font face à une créature inédite : le Guetteur de l'Eau, que beaucoup appellent encore aujourd'hui le Kraken. Mais si cette scène est si particulière, c’est aussi parce qu’elle était chère au cœur de Tolkien, qui en avait lui même réalisé une surprenante peinture.

La Moria, ses portes et ses monstres

Lorsque la Communauté de l'Anneau se dirige vers la Montagne du Destin pour détruire l'Anneau unique de Sauron, Frodon doit choisir un chemin : soit par-dessus la montagne du Caradhras, soit en passant par les mines de la Moria. Il opte pour les mines. La Communauté se retrouve alors momentanément bloquée au bord de l’étang, devant les Portes de Durin, qui marquent l'entrée ouest du royaume nain de Khazad-dûm, aussi connu sous le nom de la Moria. À l'époque où les portes étaient constamment ouvertes et gardées par une compagnie de guerriers nains, elles sont désormais closes. Pour les ouvrir, Gandalf doit résoudre l’énigme gravée au-dessus des portes.

Les portes et leur énigme renvoient à des pans entiers de l’univers de Tolkien. Cet accès est le fruit de la collaboration entre les savoirs des deux peuples. Le nain Narvi a fabriqué les portes, et l'elfe Celebrimbor (dont nous parlons plus en détail ici) y a gravé des inscriptions secrètes en Ithildin, une substance créée à partir de Mithril et qui ne devient visible qu’à la lumière des étoiles ou de la lune. L’énigme qui permet d’ouvrir la porte est cachée dans un court texte : « Parlez, ami, et entrez. » Le mot de passe est contenu dans cette inscription, car il n'est autre que mellon, signifiant « ami » en Sindarin (une langue elfique). Cependant, au milieu de ce joli moment de poésie « elfico-nanique », les héros de la Communauté de l'Anneau sont soudain attaqués par une redoutable créature.

En effet, alors que Gandalf vient d’ouvrir la porte, une série de gigantesques tentacules surgit de l’étang et tente d’attraper les aventuriers pour les noyer, voire les dévorer. Dans le livre, ni Frodon ni Gandalf ne peuvent dire s'il y avait une ou plusieurs créatures. Comme le dit Gandalf : « Quelque chose est sorti ou a été chassé des eaux sombres sous les montagnes. Il y a des choses plus anciennes et plus abominables que les Orques dans les profondeurs du monde. » Gandalf note également que le Guetteur a attaqué en priorité Frodon, le Porteur de l'Anneau. Mais ce n’est pas tout : Tolkien avait en réalité imaginé une toute autre interaction entre la créature et les Nains.

L’entrée de la Moria est l’antre d’une créature

Une fois la Communauté arrivée dans la Moria, elle découvre le Livre de Mazarbul, une chronique écrite par le célèbre nain Balin, qui avait accompagné Thorin, Bilbon et Gandalf dans leur quête pour libérer Erebor du dragon Smaug. Le livre relate la tentative de reconquête de la Moria par les Nains, ainsi que leur échec. Le scribe y écrit : « Nous ne pouvons sortir. Ils ont pris le Pont et la Deuxième Salle. […] L'étang monte jusqu'au mur de la Porte de l'Ouest. Le Guetteur de l'Eau a pris Óin. Nous ne pouvons sortir. » À travers ce passage, Tolkien nous fait comprendre que l’étang situé devant les Portes de Durin communique désormais avec l’intérieur de la Moria.

Ainsi, en plus d’être assiégés par les Orques et d’avoir vu un Balrog surgir des profondeurs pour les attaquer, les Nains ont également vu les eaux de l’étang envahir certaines parties de Khazad-dûm. La créature qu’est le Guetteur est relativement méconnue. On sait néanmoins qu’elle peut soit se glisser elle-même, soit faire passer ses tentacules à l’intérieur de la mine pour obstruer le passage, ou pire, attraper et dévorer les habitants de la cité naine.

Les portes de Durin et l’étang selon Tolkien

Cette interaction entre l’extérieur et l’intérieur de la Moria était clairement un élément crucial pour Tolkien. Bien que l’auteur ait dessiné très peu d’éléments de son univers lui-même, il a toutefois pris le temps de réaliser toute une aquarelle détaillant comment fonctionne cette synergie entre l’étang et les profondeurs de la mine naine. Ainsi, sur la peinture que vous pourrez découvrir ci-dessous, vous constaterez qu’il était important pour Tolkien de montrer la dimension minuscule de la porte comparée à la montagne au pied de laquelle elle se trouve. À cette échelle, l’étang paraît soudainement bien plus grand, profond et, pour tout dire, inquiétant.

Le dessin pourrait bien terrifier les thalassophobes parmi vous, car ici, les profondeurs de l’étang sont si sombres qu’elles ne laissent même pas entrevoir le célèbre Guetteur (si ce n'est un inquiétant "petit" bout tentacule à lui seul presque aussi gros que la porte). Cette surprenante obscurité est accentuée par le dessin, qui se prolonge avec un second élément ajouté par Tolkien lui-même. (l'artiste Delphine Mangeret inspirée par cette extension, a ensuite poursuivi le dessin original de Tolkien dans dans une œuvre que vous retrouverez sous le dessin de l’auteur.) Quoi qu’il en soit, on comprend mieux, face au gigantisme de « l’étang », comment une créature aussi impressionnante (ou plusieurs) peut évoluer, et on imagine sans peine les failles sous-marines qu’elle emprunte pour envahir la Moria ou en revenir à loisir pour attaquer les visiteurs extérieurs.

Et si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à découvrir nos différents articles sur les peintures méconnues de Tolkien, comme Smaug par Tolkien ou Sauron par Tolkien, juste ici.