A cause d'un logiciel jugé sexiste, le décollage de cet avion aurait pu provoquer un incident sérieux

Parfois, on peut provoquer un incident avec un tout petit détail. Et c'est ce qui aurait pu se produire en juillet 2020 lors d'un vol reliant le Royaume-Uni et l'Espagne. Dans un récent rapport de l'organisme britannique qui mène les enquêtes sur les accidents aériens, on apprend qu'en raison du logiciel qui sert à classer les passagers d'un avion en fonction de leur sexe, l'appareil n'a pas décollé avec la bonne puissance. Ce bug aurait pu provoquer de graves conséquences. 

Une différence de plus de 1200 kg au décollage

En effet, avant chaque vol, les passagers s'enregistrent et doivent préciser leur sexe. En fonction de la réponse, le logiciel estime un poids moyen en fonction de si on est un homme, une femme ou un enfant. Des informations importantes pour le pilote puisqu'avec une connaissance du poids total des passagers, le commandant de bord peut ajuster la vitesse et déterminer quelle puissance il doit mettre lors du décollage.

Ici, lors du vol commercial du 21 juillet 2020 reliant Birmingham à Palma, il y avait 187 passagers à bord ainsi que 6 membres d'équipage. Après plusieurs mois sans être utilisé à cause du Covid-19, le logiciel d'enregistrement de l'opérateur TUI Airways a obtenu une mise à jour qui présentait un gros problème. L'ensemble des passagères qui avaient choisi le titre de "Mademoiselle" ont été considérées comme des enfants. Et c'est ici que réside le problème : le logiciel a considéré que les "Miss" étaient des enfants, estimant donc un poids moyen qui n'était pas le bon. Effectivement, la classification attribue un poids de 34 kg pour un enfant et de 69 kg pour une femme. A bord du Boeing, il y avait normalement 29 enfants de prévus or, avec cette erreur, la feuille de charge considérait qu'il y en avait 65 ! Générant ainsi au passage une différence de 1244 kg par rapport à la charge réelle de l'avion.

Même si le pilote trouvait étonnant le nombre anormalement élevé d'enfants à bord, il s'est donc basé sur cette information erronée pour préparer son décollage. Ainsi, le rapport précise qu'avec ce bug du logiciel d'enregistrement, avec le vrai poids à bord (passagers et bagages), il aurait fallu une vitesse supérieure d'un nœud et fournir une poussée "de 88,9% N1 par rapport au 88,3% N1" précise le rapport.

En soit, les passagers à bord n'ont pas risqué leurs vies, mais l'organisme britannique en charge des accidents aériens a tout de même qualifié cet incident de "grave". Par ailleurs, sur la même journée, trois vols au départ de Birmingham ont été victimes de ce bug. Plus grave, la compagnie aérienne avait connaissance du problème qui a duré une dizaine de jours. Des équipes avaient corrigé les erreurs sauf pour celles concernant les passagers qui s'étaient enregistrés 24 heures avant le vol en raison du départ en week-end des équipes.

Au-delà du logiciel, la question du sexisme qui perdure

Outre ce souci logiciel qui aurait donc pu avoir des conséquences importantes, nos confrères de chez Numerama pointent du doigt un problème sexiste. Le site regrette qu'en 2021, les femmes sont toujours obligées de préciser si elles sont "madame" ou "mademoiselle" quand elles doivent voyager contrairement aux hommes qui ne sont pas obligés de faire de distinguo. Numerama a d'ailleurs remarqué que chez Air France, les passagères sont toujours obligées de choisir entre les deux titres alors que le site de TUI Airways a opté, depuis le 10 avril dernier, de ne distinguer ses passagers qu'entre Monsieur et Madame.