En 2013, une équipe de scientifiques basée à Vienne, en Autriche, a publié une étude dévoilant comment de minuscules blobs de tissus cérébraux avaient été créés à partir de cellules souches. 4 années plus tard, ces organoïdes sont devenus de véritables mini-cerveaux et devraient être implantés dans des rongeurs. Seulement, les problèmes d'éthique risquent de freiner leurs recherches.
Des mini-cerveaux humains implantés dans des rats
La frontière entre la légalité et l'illégalité est fine dans le domaine de la recherche. La science avance rapidement et les règles en vigueur qui s'occupent de réglementer le milieu peinent à garder le rythme. En novembre dernier se tenait le rassemblement annuel de la Society of Neuroscience, à Washington D.C. Au cours de l'événement, deux équipes de scientifiques ont présenté leurs études démontrant les interactions entre les "mini-cerveaux" présentés plus haut et leurs hôtes rongeurs. Ces mini-cerveaux, partis d'une simple culture de tissus cérébraux ont ensuite évolué, donnant naissance à de nouveaux neurones avant de présenter les six couches du cortex cérébral. Ces régions sont responsables de la pensée, de la parole, du jugement mais également d'autres fonctions cognitives.
Un organoïde cérébral infecté par le virus Zika.
Deux équipes ont déjà implanté ces organoïdes à même les cerveaux de souris et de rats, afin de connaître leur développement futur. Un autre laboratoire a déjà confirmé à la revue STAT avoir connecté plusieurs de ces organoïdes à des vaisseaux sanguins. Cette étape est obligatoire s'ils souhaitent voir les organoïdes s'étendre et éventuellement imiter l'évolution d'un cerveau humain. Ces recherches permettent d'étudier le développement de maladie comme Alzheimer ou Zika afin de mieux les comprendre pour qu'à terme, une cure soit trouvée. Seulement, l'introduction de cellules humaines dans les embryons de vertébrés soulève des questions d'éthique, notamment aux yeux des National Institutes of Health, des institutions gouvernementales américaines qui s'occupent de la recherche médicale et biomédicale.
Des questions d'éthique refont surface
"Nous entrons sur un terrain totalement nouveau ici" avoue Christof Koch, président de l'Allen Institute for Brain Science de Seattle, à STAT. "La science avance tellement rapidement, l'éthique ne peut pas suivre."
Les organoïdes étudiés en laboratoires ont présenté des caractéristiques similaires à nos cerveaux plus "évolués". Et même s'ils ne pensent pas à proprement parler, ils réagissent lorsqu'ils sont stimulés. Les chercheurs n'hésitent pas à les empoisonner ou à les droguer (notamment avec des drogues hallucinogènes), n'hésitant pas à leur faire subir une batterie de test, dont la réalisation serait interdite sur des êtres vivants. Même si la notion de conscience a été évoquée au préalable concernant ces cerveaux, les limites de l'éthique sont de nouveau chatouillées avec la volonté d'implanter ces organoïdes dans des rongeurs. Le problème concerne l'évolution de ces mini-cerveaux, élevant éventuellement les rongueurs au rang d'êtres conscients. Vu que les chercheurs ne peuvent pas savoir à l'avance comment le procédé va évoluer, les recherches sont freinées.
Les laboratoires sont donc tiraillés entre l'envie de voir avancer la science et celle de respecter l'éthique. Implanter des cerveaux humains dans des rongeurs pourraient les propulser au rang de savants fous. La science avance rapidement et le terrain, pour le moment inconnu, de la conscience animale dans le domaine des neurosciences reste à être défini et contrôlé. Néanmoins, les enjeux peuvent être énormes, compte tenu qu'en France, 850 000 personnes sont malades d'Alzheimer et 3 millions sont concernées. Le nombre de malades pourrait atteindre 1 275 000 en 2020 et 2 150 000 d'ici 2040 selon France Alzheimer.
Par Guiguiche, il y a 7 ans :
La fin du monde pour bientôt...
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