L’avocat du diable : Netflix et Marvel repoussent le Punisher, un mal récurrent ?

"Il ne s’agit là que d’un détail" me diriez-vous. Certes, mais n’est-ce pas là un détail qui pèse lourd dans une balance qui s’épaissit au fil de l’actualité ? Le report de la série Punisher est à mettre dans le même sac qu’une flopée d’arguments étatiques qui alimentent des amalgames plus gros les uns que les autres. Alors oui, à l’heure où le mot "amalgame" est utilisé jusqu’à la surexploitation, ne faudrait-il pas que les têtes pensantes puissent montrer la voie ?

Le terroriste, l’anti-héros et le déséquilibré

Une légère contextualisation s’impose. Il y a deux semaines désormais, un fou à lier armé jusqu’aux dents a fait plus de 50 victimes lors d’un festival country à Las Vegas. Le pays entier a évidemment fermement condamné cet acte barbare. Le drame a néanmoins approfondi la crise sociale américaine, notamment au sujet de la loi autorisant les armes à feu, sur laquelle il sera nécessaire de revenir plus tard.

A l’inverse, cette fois-ci dans la fiction, le Punisher est un personnage tiré de l’univers Marvel. Anti-héros, Frank Castle a perdu sa fille et sa femme et cherche à trouver sa rédemption en assassinant violemment, avec des armes militaires, des vilains. Un héros, ainsi, relativement intéressant puisqu’il s’abreuve de son propre idéal de justice.

La série, qui fait l’objet d’une collaboration entre la firme de comics et la plateforme Netflix devrait sortir d’ici les prochains mois, sauf que… les deux parties ont décidé de couper la promotion, jugée "inappropriée", compte tenu des événements récents. Une décision qui peut s’avérer compréhensible, notamment pour l’image des deux entreprises, mais qui souligne avec épaisseur un profond amalgame.

Une métaphore malvenue

Ne nous y trompons pas, la raison du report du Punisher cherche surtout à éviter une polémique qui serait malvenue, mais surtout évitable. Une polémique qui serait, de plus, stupide, mais qui coïnciderait avec la paranoïa aiguë des internautes. Le problème ne se trouve pas là, mais plutôt dans les vecteurs qui ont obligé Netflix et Marvel à prendre cette décision. 

"Inappropriée", c’est le mot qui s’adapte, en effet, à la promotion du Punisher, quelques jours après un tel drame. Certes, mais cette promotion va à contre-courant de la volonté des Etats à faire "comme si de rien n’était". En outre, qu’il ne faut pas avoir peur, qu’il faut réapprendre à vivre, et ne pas se laisser abattre. La moindre actualité liée à une arme à feu pourrait, au final, faire écho à la série du Punisher (et à bien d'autres séries), mais la distinction entre fiction et réalité devrait, et d’autant plus aujourd’hui, être soignée. Ce débat n’est pas censé rappeler l’amalgame évident, bien qu’aujourd’hui légèrement entériné de l’influence des jeux vidéo violents sur certains faits d’actualité.