Nintendo est l'une des plus grandes entreprises du jeu-vidéo, présente presque à ses débuts et qui nous survivra très certainement. Cela lui donne une véritable importance dans le monde, et certaines décisions ne passent pas auprès de diverses associations de défense pour le patrimoine virtuel. Cet exemple récent en est l'un des plus flagrants, et représente bien la difficulté de sauvegarder le patrimoine vidéo-ludique.
Nintendo vs Video Game History fondation
En général, lorsque nous vous parlons de Nintendo, c'est soit pour vous parler de l'un de leurs jeux récents, de l'un des Nintendo Direct qui annonce justement la sortie des nouveautés de l'entreprise, ou bien et c'est bien moins sympathique : de toutes les décisions juridiques liées à l'entreprise. Nintendo est connue pour être assez intransigeante sur certains sujets, notamment la création de fangame ou d'utilisation de vidéos et musiques liées à sa propriété, comme en témoigne cette affaire, où l'entreprise japonaise a envoyé plus de 1300 réclamations à une chaîne Youtube concernant des problèmes de droits d'auteurs.
En revanche, la raison pour laquelle la Video Game History Fondation est récemment montée aux créneaux sur les réseaux sociaux est différente. Cette association a pour but de préserver le patrimoine vidéo-ludique qu'il soit matériel ou immatériel, en permettant un accès libre aux archives du jeu-vidéo. En France, cela peut rappeler le projet Abandonware, qui diffuse de manière régulière de vieux jeux rendus accessibles sur PC via un émulateur maison, et sans DRM. L'actualité qui a fait monter cette organisation au créneau est la décision de Nintendo de fermer le Eshop -le magasin virtuel- de ses consoles 3DS et Wii U. Voici la déclaration de l'association :
Our statement on the closure of Nintendo's legacy digital shops. pic.twitter.com/mG5GzuGH4G
February 17, 2022
Bien qu'il soit regrettable que les gens ne puissent plus acheter de jeux numériques sur la 3DS et la Wii U, nous comprenons la réalité commerciale qui a motivé cette décision. Ce que nous ne comprenons pas, c'est ce que Nintendo attend de ses fans, s'ils souhaitent jouer à ces jeux à l'avenir. En tant que membre payant de l'Entertainment Software Association, Nintendo finance activement le lobbying qui empêche même les bibliothèques de pouvoir fournir un accès légal à ces jeux. Ne pas fournir d'accès commercial est compréhensible, mais empêcher le travail institutionnel de préservation de ces titres en plus de cela est activement destructeur pour l'histoire du jeu-vidéo. Nous encourageons les membres de l'ESA comme Nintendo à repenser leur position sur cette question et à travailler avec les institutions existantes pour trouver une solution.
Une position difficile à défendre ?
Comme expliqué, ce n'est pas la fermeture de ces stores en ligne que regrette la VGHF, c'est le fait que Nintendo n'ait -jusqu'à présent- pas annoncé d'alternative pour faire survivre les quelques 2000 jeux achetables sur ces plateformes. Un véritable trésor qui risque de disparaître définitivement, car ceux-ci n'existent qu'en ligne, et si vous ne les avez pas sur vos appareils, ceux-ci ne seront plus trouvables du tout. D'ailleurs, si vous êtes un amateur de la licence Pokémon, nous vous invitons vivement à vous dépêcher de télécharger la Banque Pokémon sur vos appareil afin de sauvegarder vos collections et pouvoir tout transférer sur votre Nintendo Switch, ou via Pokémon Go.
Fermer ces stores en ligne est pourtant une pratique courante quand on est une entreprise de cette envergure. Garder une plateforme en ligne active possède un coût important à la fois économique et écologique, en nécessitant les services d'importants serveurs. Mais plus grave : la VGHF met également le doigt sur le fait que Nintendo est un membre actif et influent de l'Entertainment Software Association. Un organisme politique américain chargé de la protection des entreprises du jeu vidéo, en servant de chien de garde en faveur du respect des droits d'auteurs, sur la classification des différents jeux (le PEGI) mais aussi sur le contrôle des contenus adaptés d'Internet et de manière générale aux besoins commerciaux et publiques d'entreprises créatrices de jeux-vidéo. Organisme qui milite donc contre la libre diffusion du patrimoine vidéo-ludique.
Par Madame Irma, il y a 3 ans :
Les deux points de vues sont compréhensibles. Ce sont peut-être les développeurs qui devraient prendre la parole pour que leurs jeux ne disparaissent pas ?
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