One Piece : 5 raisons qui font de Wa no Kuni le meilleur arc du manga !
Débuté au Japon en juin 2018, l'arc Wa no Kuni de One Piece, qui voit nos héros au Pays des Samouraïs, est, à n'en pas douter, le meilleur arc du manga. Vous trouvez qu'on va un peu trop vite en besogne, étant donné que l'arc n'est pas terminé ? Peut-être. Cependant, l'arc, qui vient d'entrer dans son dernier acte, possède d'immenses qualités, ce qui explique notre engouement. On vous explique pourquoi, en cinq points.
1/ Kaido, un des quatre empereurs
Comme vous le savez tous, les Quatre Empereurs sont de véritables monstres de puissance. On a vu ce que pouvait donner la force d'un Empereur pendant l'Arc Big Mom, qui précède l'Arc Wa no Kuni. Depuis que sont mentionnés les Quatre Empereurs, on entend régulièrement parler de Kaido. On sait qu'il a dégommé l'équipage de Gekko Moria, un des Sept Capitaines Corsaires ; que, voulant attaquer par surprise Barbe Blanche, il s'est battu contre Shanks le Roux ; et qu'étant le plus gros client de Smiles du Capitaine Corsaire Doflamingo, il est devenu la cible de l'alliance entre l'Equipage de Luffy au Chapeau de Paille et de Trafalgar Law. D'ailleurs, depuis que cette alliance a été scellée entre Luffy et Law pendant l'Arc Punk Hazard, dans le tome 67, le nom de Kaido revient très régulièrement. Et sa première véritable apparition, dans le tome 79, durant laquelle il écrase trois membres de la Génération Terrible qui fêtaient leur alliance, Eustass Kidd, Apoo et Basil Hawkins, était vraiment impressionnante. Il était d'ailleurs présenté comme "la plus forte créature du monde".
Enfin, dans l'Arc Wa No Kuni, Luffy et ses amis sont donc confrontés à cet ennemi si redoutable. Et on peut dire qu'on n'a pas été déçu. Tout d'abord, Kaido est surpuissant. Son pouvoir (ALERTE SPOILER : il peut se transformer en dragon) est peut-être le plus impressionnant de toute l'Histoire de One Piece, après celui de Barbe Blanche. Pour se faire une plus grande idée de sa puissance, il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un oeil à sa prime : 4.611.100.000 de berrys. Ce qui en fait la troisième plus grande prime connue, après celles de Gold D. Roger et de Barbe Blanche (on ne connait pas encore le montant de celle de Monkey D. Dragon).
Kaido possède aussi une armée gigantesque : l'équipage aux Cent Bêtes, composé de 20 000 hommes, dont trois membres (King, Queen et Jack) avec une prime de plus d'un milliard de berrys. 500 membres de son équipage possèdent des pouvoirs de type zoan, acquis grâce aux Smiles, ces fruits du démon artificiels. Il peut aussi compter sur l'armée du Shogun Orochi Kurozomi, qui règne en tyran sur le Pays des Wa, mais qui s'avère surtout être sa marionnette. Bref, Luffy et sa bande auront fort à faire avec un ennemi si redoutable.
2/ Une construction efficace
Contrairement aux autres arcs de One Piece, l'arc Wa no Kuni a une construction originale : trois actes distincts, séparés par des entractes. Cette construction est terriblement efficace. Tout d'abord, parce que si le schéma narratif de l'arc Wa no Kuni rejoint plus ou moins celui des arcs précédents (découverte de l'Île et première confrontation, retraite et plan, confrontation finale), la séparation en trois actes permet à Eiichiro Oda de jouer efficacement avec nos nerfs. De plus, cet arc prend la forme d'une tragédie (à la croisée d'une tragédie shakespearienne et du théâtre Kabuki, le théâtre traditionnel japonais), comme pour souligner l'importance des enjeux de cet arc narratif.
Eiichiro Oda a eu le génie de glisser entre les trois actes des interludes, respectant ainsi le schéma classique des pièces de théâtre japonais. Ces interludes, absolument passionnants, permettent au mangaka de mettre en lumière les événements se déroulant ailleurs dans le Monde. Il faut dire que pendant les aventures de Luffy et ses amis au Pays des Wa, un autre événement à l'importance capitale est en train de se dérouler : la Rêverie, la réunion de tous les Souverains du Gouvernement Mondiale à Marie Joie. Une réunion au sommet, durant laquelle s'infiltrera l'Armée Révolutionnaire, bien décidée à détruire le Gouvernement Mondial. D'autres événements, tout aussi exceptionnels, éclatent ici et là. Ces interludes sont à la fois l'occasion pour les lecteurs de retrouver des personnages qu'ils adorent, de la Princesse Vivi d'Albasta à la Princesse Shirahoshi de l'île des Hommes-Poissons, en passant par Barbe Noire, Doflamingo, Mihawk ou encore Boa Hancock, et d'apprendre de plus amples informations sur le fonctionnement du monde One Piece, des primes des Quatre Empereur et du Seigneur des Pirates, à l'introduction du personnage d'Im, qui semble être celui qui dirige dans l'ombre le Gouvernement Mondial.
Enfin, ces interludes sont l'occasion pour Eiichiro Oda de montrer à quel point le monde qu'il a créé obéit à une mécanique bien huilée. Tout est si équilibré, que chaque événement a des conséquences dévastatrices.
3/ Un véritable rendez-vous des légendes
L'arc Wa no Kuni est bien évidemment l'occasion pour Eiichiro Oda de nous tirer bien des larmes. On sait tout le talent du mangaka pour écrire des personnages au passé déchirant. On se souvient tous du passé de Nico Robin dans l'Arc Enies Lobby, ou celui d'Ace pendant la Guerre au Sommet...
Dans l'Arc Wa no Kuni, c'est l'histoire d'Oden Kozuki, véritable Shogun du pays des Wa, dont le trône a été spolié par le vil Orochi Kurozomi, qui nous est racontée. Mais plus que dans aucune autre histoire de One Piece, celle d'Oden Kozuki est l'occasion pour Eiichiro Oda de nous faire découvrir des personnages over the top. D'une puissance phénoménale, ce personnage particulièrement attachant rejoindra l'équipage de Barbe-Blanche, avec qui il aura une relation privilégiée, et se liera d'amitié avec... Gold Roger, le Seigneur des Pirates. L'occasion pour le lecteur de découvrir tout un pan de l'Histoire du Seigneur des Pirates, de découvrir dans l'intimité ce personnage légendaire et tragique, qui possède de nombreux points communs avec Luffy au chapeau de paille. L'occasion également de voir pour la première fois ce que pouvait donner un combat entre Barbe Blanche et Gold Roger. Aussi bref que titanesque. Et qui dit Roger et Barbe Blanche, dit aussi Rayleigh, les débuts de Marco le Phénix, de Shanks le Roux, de Baggy le Clown, autant de personnages qu'on adore, et dont le récit des aventures appartiennent à la légende du monde de One Piece. Et bien évidemment, plus d'informations que jamais auparavant sur les ponéglyphes, le secret du Gouvernement Mondial, et, qui sait ?, l'emplacement du One Piece.
Gold Roger, Barbe Blanche, Shanks le Roux et Rayleigh ne sont pas les seuls pirates légendaires à intervenir dans l'Arc Wa no Kuni. Il y a bien évidemment Kaïdo. On apprend par ailleurs que Kaido appartenait à un équipage pirate, l'équipage des Rocks, dont faisait également partie Barbe Blanche et Big Mom. Imaginez la puissance de cet équipage dévastateur...
4/ Une démonstration cinéphilique
Ce n'est un secret pour personne, mais Eiichiro Oda s'est souvent servi du cinéma comme inspiration pour son univers. Ainsi s'est-il inspiré de nombre d'acteurs pour le physique de certains personnages. Eiichiro Oda est une véritable éponge culturelle. Il s'est inspiré du mythe de l'Atlantide et des contes et légendes de marins pour l'Île des Hommes-Poissons, des récits mythologiques pour l'Arc d'Ener le Dieu de la Foudre, des romans gothiques pour l'Arc Thriller Bark ou encore d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll pour l'Arc de Big Mom.
Pour la première fois de l'Histoire de One Piece, c'est la culture japonaise qui inspirera Eiichiro Oda pour son Arc Wa no Kuni. Etant donné qu'il s'agit d'un arc sur l'Île des Samouraïs, on pouvait s'en douter, me diriez-vous. Il est vrai que Eiichiro Oda saisit cette occasion pour mettre sur le tapis tous les clichés possibles et imaginables que nous ayons sur un Japon féodal idéalisé, du Shogun aux courtisanes, en passant par le ronin, le marchand de soba, les courtisanes, les processions, les arbres en fleurs. Mais derrière ce vernis volontairement cliché, qui fait plaisir aux fans, se cache en vérité une véritable démonstration cinéphilique, Eiichiro Oda faisant des clins d'oeil au cinéma japonais. Ainsi le lecteur féru du cinéma japonais saura reconnaître les nombreuses références que distille ce génie du manga. Les neufs Fourreaux Rouges, marchant contre Onigashima, le repère de Kaido, afin de libérer le peuple du pays des Wa de son oppression, font bien évidemment référence aux Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa. Et que dire du Dieu de la Montagne, cet énorme Sanglier Blanc qui détruit un village de Wa, parce qu'on a piqué son petit, sinon qu'il fait référence à deux chefs d'oeuvre de Hayao Miyazaki : Princesse Mononoké (le sanglier blanc rappelle Okkoto, le sanglier blanc vangeur, qui veut détruire les Forges de Dame Eboshi pour protéger la Montagne et la Forêt du Dieu Cerf) et Nausicaa de la Vallée du Vent (le bébé sanglier capturé par des hommes n'est pas rappelé le bébé insecte, qui motive les Omu à ravager les terres humaines). Quant aux Yakuzas, ils semblent plus empruntés aux films de Takeshi Kitano qu'à ceux de Takashi Miike.
5/ Des personnages changeants
Créer des personnages changeants, c'est un outil narratif qu'Eiichiro Oda a déjà utilisé, dans l'arc Big Mom, avec Pudding, personnage souffrant d'un dédoublement de la personnalité. Dans l'arc Wa no Kuni, le mangaka utilise ce procédé sous toutes ses formes, avec une efficacité étonnante. Dans Wa no Kuni, les identités changent et se confondent : personnages changeant de forme, agents doubles, bouleversement des identités sexuelles et sociales.
Cet outil narratif permet au mangaka à la fois de distiller le doute chez le lecteur, mais aussi de créer un suspens prodigieux. Mais c'est aussi en totale adéquation avec son approche artistique pour cet arc : vouloir toucher au coeur la culture japonaise, réelle et fantasmée. Or, les changements d'identité et les identités changeantes sont des leitmotivs récurrents dans la culture japonaise. On peut citer par exemple les personnages du Château ambulant de Hayao Miyazaki, mais aussi plusieurs personnages du roman Kafka sur le rivage de Haruki Murakami, le personnage de M dans Death Note ou encore le personnage de Yu dans Ai no Mukidashi de Sion Sono.
C'était cinq raisons qui faisaient de cet arc Wa no Kuni un arc si exceptionnel. Bien évidemment, ce sont cinq raisons parmi tant d'autres : on retrouve dans l'arc Wa no Kuni ce qui fait la substantifique moelle de One Piece : des combats géniaux, des gags hilarants, des personnages particulièrement attachants et un univers à la richesse inouïe.
Oda maîtrise à fond, les enjeux, les flash-back sur Oden, la confrontation imminente, c'est que du bonheur.