Ridley Scott révèle que le Festival de Cannes est corrompu, voici pourquoi
Aujourd’hui âgé de 87 ans, Ridley Scott est, et a été, un immense réalisateur. Cinéaste britannique de premier ordre, il a mis en scène, au cours de sa carrière, quelques chefs d’œuvres incontestables du septième art. Pour autant, malgré l’immense reconnaissance dont il bénéficie, Ridley Scott a toujours été un peu mauvais perdant. Artiste bougon, surtout depuis qu’il vieillit, il aime se plaindre de tout et de rien. La preuve, encore une fois, puisque Ridley Scott vient d’accuser le Festival de Cannes de corruption. On vous explique :
Ridley Scott : cet immense réalisateur
En 60 ans de carrière, Ridley Scott a touché à tout. A la science-fiction évidemment avec des chefs d’œuvres comme Alien, le huitième passager (1979) et Blade Runner (1982) ; au péplum avec l’immense Gladiator (2000) ou encore au biopic avec par exemple House of Gucci (2021). Bref, un touche à tout, et un réalisateur très prolifique.
Même si Ridley Scott a été nommé à plusieurs reprises à l’Oscar du Meilleur réalisateur, il n’a jamais empoché de statuette. Ses films ont régulièrement reçu des prix, mais lui personnellement, est toujours rentré bredouille. Et ce, malgré trois nominations pour Gladiator, Thelma et Louise (1992) et La Chute du Faucon Noir (2002). Idem dans d’autres festivals de remise de prix comme les Golden Globes, les BAFTA ou encore le Festival de Cannes. Ridley Scott serait-il boudé par les institutions cinématographiques ? Peut-être…
Les Duellistes vs Cannes
Ridley Scott a souvent été invité au Festival de Cannes. La plupart du temps, seulement parce que ses films sont projetés en ouverture du Festival, hors compétition. Ça avait par exemple été le cas pour Thelma et Louise et pour Robin des Bois (2010). Mais, jadis, Ridley Scott a été dans la sélection, et a concouru pour la fameuse Palme d’Or. C’était pour son tout premier long-métrage : le superbe Les Duellistes.
Sorti en 1977, Les Duellistes est un brillant film de capes et d’épée, très inspiré par Barry Lindon (1975), emmené par les immenses Harvey Keitel et Keith Carradine. Une première incursion dans la cour des grands qui avait marqué les esprits et qui avait propulsé Ridley Scott sur le devant de la scène. Les Duellistes avait alors été nommé à deux reprises aux BAFTA et avait concouru pour la Palme d’Or à Cannes. Malheureusement pour Scott, le film n’avait reçu que le Prix du Jury de la première œuvre.
Lors d’une table ronde avec The Hollywood Reporter, plusieurs grands réalisateurs hollywoodiens se sont réunis pour discuter de septième art. Ridley Scott, Denis Villeneuve (Dune), Edward Berger (Conclave), Coralie Fargeat (The Substance) et RaMell Ross (Hale County This Morning, This Evening) ont tapé le bout de gras. Ridley Scott a profité de cette table ronde pour dire tout ce qu’il pense du Festival de Cannes :
Vous voulez entendre une histoire sur Cannes ? J’ai fait mon premier film, ça a coûté 800 000 dollars, ça s’appelait Les Duellistes. David Puttnam était mon producteur, il m’a dit qu’ils voulaient qu’on soit le film anglais à Cannes. J’ai répondu, « Waouh, c’est bien ! ». Donc je suis à Cannes, et je suis approché par un monsieur très important qui était dans le comité, un très gros réalisateur américain. Il m’a dit, « J’adore ton film. Le problème c’est que le jury a reçu 50 000 dollars en pot-de-vin pour voter pour un autre film ». Il m’a dit, « Je vais créer un prix pour toi ». Je n’ai pas eu la Palme d’or. Ironiquement, la Palme d’or n’est pas allée au mec qui les avait payés. Elle est allée aux deux frères qui ont fait Padre Padrone. Ils l’ont mérité c'était clairement un bon film. Je me suis dit, "Qu’ils aillent se faire foutre avec cette corruption, même à ce niveau".
En 1977, le Jury du Festival de Cannes était présidé par le metteur en scène italien Roberto Rossellini (Allemagne année zéro), qui est décédé quelques semaines plus tard. Son Jury était composé des réalisateurs Jacques Demy et Louri Ozerov, de la comédienne Marthe Keller, de la critique Pauline Kael, du producteur Anatole Dauman et des écrivains N’sougan Agblemagnon, Benoîte Groult et Carlos Fuentes. Cette année-là, Paolo et Vittorio Taviani ont gagné la Palme d’or pour Padre Padrone, et Fernando Rey le Prix d’interprétation masculine pour Elisa, mon amour.
Ridley Scott n’a pas dévoilé le nom de la personne qui lui a fait ses révélations. En tout cas, oui Les Duellistes a bien eu un prix spécial cette année : le Prix du Jury de la première œuvre. Ridley Scott vient en tout cas de balancer de sacrées confidences sur le fonctionnement du Festival de Cannes. Difficile de savoir si la corruption est encore d’actualité ces dernières années. Mais c’est une déclaration qui vient entacher la réputation de ce Festival pourtant emblématique du septième art. Une divulgation qui également rappeler à quel point notre société est gangrenée dans absolument toutes ses facettes…