Depuis l'arrivée agressive d'Epic dans le monde de la distribution de jeux vidéo, le géant du milieu, Steam, a été obligé de revoir le partage des bénéfices. Sur Steam, l'habituel 70/30 a été revisité, mais seulement sur les gros jeux, alors qu'il était jusque là la norme aussi bien dans le monde des jeux PC que sur d'autres supports. Un studio souhaite faire changer les choses en portant plainte contre Steam pour concurrence déloyale.
une plainte pour concurrence déloyale
Incontestablement, Steam est la plus grosse plateforme sur PC. Avec 120 millions de joueurs actifs par mois revendiqués en 2020, la plateforme de Valve est un incontournable pour se présenter à un maximum d'acheteurs potentiels. Et même si l'arrivée de l'Epic Games Store et de ses contrats d'exclusivité fin 2018 a fait changer les choses, Steam demeure le plus gros acteur du milieu. Dans une plainte déposée le 27 avril dernier et disponible juste ici, le studio indé Wolfire Games (Overgrowth, Lugaru) souhaite voir Valve payer pour "sa part extraordinairement élevée sur presque toutes les ventes qui passent par son store".
La part mentionnée dans la plainte est la suivante : sur une vente réalisée sur Steam, 70% vont à l'éditeur et 30% vont à Valve. Après l'arrivée de l'Epic Games Store et de son 88/12, Steam a été forcée de changer légèrement sa ligne de conduite. Rien de bien méchant : 75% pour l'éditeur et 25% pour Valve si le jeu dépasse les 10 millions de dollars de revenus et 80% pour l'éditeur et 20% pour Valve si les revenus dépassent 50 millions de dollars. Pour les petits jeux, la répartition des revenus reste la même : 70/30. Des géants du secteur, Steam est le seul à appliquer une répartition des revenus aussi élevée.
Côté mobiles, Apple a décidé de ne taxer que les gros succès. Ainsi, la répartition des revenus à hauteur de 30% ne s'appliquera que lorsque le studio récolte 1 million de dollars de revenus par an. Google doit également suivre à compter du 1er juillet prochain avec une commission passée à 15% "pour le premier million de dollars de revenus que tout développeur gagne chaque année". Si l'on en croit Wolfire Games, cette répartition des revenus impacte directement le consommateur :
"Pour pouvoir se permettre la commission de 30 % de Valve, les éditeurs de jeux doivent augmenter leurs prix et peuvent investir moins de ressources dans l'innovation et la création. Les joueurs sont lésés en payant des prix plus élevés en raison des commissions élevées de Valve. La concurrence, la production et l'innovation sont supprimées, d'une manière qui ne pourra jamais être entièrement réparée par les seuls dommages et intérêts."
Pour appuyer sa plainte, le studio indépendant cite les essais infructueux des gros éditeurs de l'industrie. Electronic Arts avec Origin, Microsoft, Ubisoft avec Ubisoft Connect, GOG, des plateformes qui n'incarnent qu'une infime partie du marché, malgré les efforts déployés. Pire encore, Epic et son Epic Games Store dilapident des millions en offrant des jeux gratuits toute les semaines et en s'offrant des exclusivités. Malgré leurs efforts, aucun n'a véritablement réussi à s'imposer comme un concurrent sérieux à Steam. La plateforme de Valve demeure le roi du château, au grand dam de certains développeurs.
des efforts à l'effet de retour de bâton
Pire encore, les efforts déployés par ces éditeurs sont mal vus par des joueurs. Et pour cause, ils forcent l'utilisation d'un autre service. Les jeux ne sont alors plus réunis dans une seule bibliothèque, bien qu'un service comme GOG Galaxy s'occupe de les réunir en un endroit.
"La sortie de Borderlands 3 sur l'EGS (plutôt que sur la plateforme de jeu Steam), par exemple, a déclenché une réaction brutale de la part de certains joueurs, qui ont notamment appelé au boycott, à des critiques sur YouTube, à la théorie du complot et à un review bombing. Un utilisateur a lancé une pétition sur le subreedit 'r/gaming' en déclarant : "Nous ne pouvons pas laisser Epic Games continuer à acheter des exclusivités pour son launcher. C'est très anti-consommateur et c'est littéralement Epic qui paie des millions à 2K juste pour cracher sur nous les acheteurs. Je suggère vraiment à tout le monde sur PC de boycotter le jeu jusqu'à ce qu'il sorte sur Steam afin qu'Epic ne reçoive pas notre argent."
Mais comme l'a partagé Tim Sweeney, le PDG d'Epic Games, dans un tweet datant d'avril 2019, "si Steam s'engageait à un partage permanent de 88% des revenus pour tous les développeurs et éditeurs sans conditions majeures, Epic organiserait en toute hâte un retrait des exclusivités (tout en honorant les engagements de nos partenaires) et envisagerait de mettre nos propres jeux sur Steam". Mais les mois sont passés et Steam ne semble pas prêt à modifier sa répartition des revenus.
Dans sa plainte, Wolfire Games ne souhaite pas seulement des dommages et intérêts et le remboursement de leurs frais juridiques mais également qu'"une mesure injonctive afin de supprimer les dispositions anticoncurrentielles de Valve" soit adoptée. Une victoire hypothétique pour ces développeurs en colère qui permettrait ainsi de faire plier le géant des jeux PC. Une restructuration de la répartition des revenus semble à porter de main, reste à savoir si le studio indé parviendra à aller jusqu'au bout. Valve possède des ressources bien plus larges que le petit studio. Un David contre Goliath qui se jouera donc devant les tribunaux, dans l'éventualité probable où Valve ne change pas ses conditions d'ici là.
Par Billy, il y a 3 ans :
Si ça peut être utile aux devs, j'suis ok pour utiliser plusieurs plateformes perso
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