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Studio Ghibli : ces 4 héroïnes prouvent que Miyazaki est encore plus féministe qu'on ne le croit

De Maya Foucret - Posté le 15 avril 2021 à 16h26 dans Mangas/Comics

La place de la femme est un élément central des films de Hayao Miyazaki. Prenant la société japonaise et les traditions de la plupart des studios d'animation à revers, l'écrasante majorité des personnages principaux sont des femmes. 

Et si tel n'est pas le cas, les personnages féminins du studio Ghibli se distinguent toujours par leur indépendance, leur force de caractère ainsi que par la pureté de leurs intentions (et ce, même lorsqu'il s'agit d'antagonistes !) 

Bien qu'essentiel et omniprésent, le message féministe des films de Miyazaki brille par leur aspect implicite. D'un côté, la misandrie est extrêmement rare et de l'autre, les femmes sont le plus souvent respectées par les hommes qui les entourent.

Cependant, il arrive (plus rarement) que certains personnages soient confrontés à des figures patriarcales hostiles ou des attitudes explicitement sexistes.

Face à cela, le moins que l'on puisse dire, c'est que les héroïnes de Miyazaki ne sont pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Voici 4 personnages féminins qui se sont ouvertement affranchi de l'autorité patriarcale dans les films de Miyazaki.

1/ Fio (Porco Rosso)

Dans Porco Rosso, le personnage de Fio, jeune mécanicienne surdouée, est particulièrement représentatif du combat des femmes pour l'égalité. En effet, son environnement (l'Italie d'entre deux guerres) fait partie des univers les plus historiquement réalistes dépeints par le studio Ghibli.

Remettons les choses dans leur contexte : après avoir abîmé son avion dans un duel à mort avec son principal rival, Porco Rosso le célèbre aviateur à tête de cochon, emmène son hydravion chez son réparateur aéronautique attitré.

Une fois arrivé là-bas, il apprend que la crise qui ronge le pays a contraint les hommes à déserter l'Italie pour trouver du travail. La tâche de la réparation revient donc à Fio, petite fille du tenancier des lieux, seulement âgée de 17 ans. En apprenant cela, Porco Rosso, très sceptique, est bien décidé à se faire la malle.

Mais Fio, elle, est tout aussi bien décidée à ne pas le laisser partir. Elle lui demande explicitement si le problème réside dans le fait qu'elle soit une femme ou bien dans le fait qu'elle soit trop jeune. Sans hésitations, l'aviateur lui répond que les deux aspects lui posent clairement problème.

Loin de se laisser décontenancer par cet instant de sexisme ordinaire, la mécanicienne lui tient un discours particulièrement convaincant en mettant en avant l'absence de lien de causalité entre le talent et l'âge.

Elle concède sans sourciller qu'elle ne peut "évidemment pas arrêter d'être une fille" mais que cela ne fait rien : il ne sera pas déçu. Finalement, Porco se laisse convaincre sans mal face au talent de la jeune fille. 

Plus tard dans le film, après un malheureux concours de circonstances, Porco et Fio se retrouvent encerclés par une horde de pirates du ciel. A cette occasion, cette dernière n'est pas loin d'être traitée comme une femme trophée.

Malgré cette situation particulièrement désagréable, la mécanicienne ne se laisse absolument pas abattre et se montre si impressionnante que sa répartie légendaire lui permet immédiatement d'obtenir le respect des pirates. Ces derniers passent d'ailleurs du cliché de la virilité à des hommes-enfants admiratifs en un claquement de doigts, grâce à son intervention. 

Ainsi, en plus d'être brillante et déterminée, Fio ne manque jamais de prouver la valeur de sa féminité en remettant explicitement à leur place les comportements sexistes. 

2) Ponyo (Ponyo sur La Falaise)

Ponyo est un personnage très intéressant dans la mesure où elle ne représente pas forcément la figure de l'héroïne mature, badass et déterminée que l'on peut s'imaginer. Il s'agit simplement d'une petite fille mi-humaine, mi-poisson de tout juste quatre ans.

Néanmoins, elle est capable à elle-seule de déchaîner les océans pour retrouver le garçon qu'elle aime. Mais par dessus tout : elle se doit de fuir l'autorité de son père qui veut la garder captive, loin de la surface.

Les intentions de son père ne sont pas forcément belliqueuses : le sorcier sous-marin se soucie avant tout de la sécurité de sa (toute petite) fille. D'autant plus qu'il tient les humains en horreur (notamment à cause de la pollution des océans.)

Cela dit, il incarne tout de même la représentation d'une figure contraignante du fait de son ascendant sur Ponyo et à force de vouloir la surprotéger, il lui sape toutes formes de libertés. Malgré son jeune âge, la petite fille est décidée à ne pas se laisser faire et s'échappe du contrôle de son père.

3) Dame Eboshi (Princesse Mononoke)

Non content d'avoir pour protagoniste l'une des figures féministes les plus emblématiques de la Pop Culture avec San, Princesse Mononoké met aussi en scène Dame Eboshi. Bien qu'elle soit l'antagoniste principale du long-métrage, cette ancienne noble est loin d'avoir des intentions de super-méchante manichéenne classique.

Malgré son mépris pour l'équilibre, pourtant fragile, de la forêt, Dame Eboshi est une leader charismatique avec un cœur énorme. Cheffe du village des forges, elle est notamment aimée puisqu'elle est la seule à recueillir et prendre soin des lépreux rejetés par le reste du monde. Mais elle se caractérise surtout par son combat pour la gente féminine.

En effet, l'un de ses principaux objectifs est de donner aux femmes une vie meilleure, loin de la domination masculine. C'est la raison pour laquelle Dame Eboshi recrute toutes ses travailleuses dans des maisons de passe.

Dans son village, ces femmes sont considérées comme l'égal de l'homme. D'ailleurs, elles travaillent d'arrache pied avec plus de force et de courage que leurs homologues masculins. Les forgeronnes ne manquent d'ailleurs pas une occasion de se moquer gentiment d'eux.

Aussi bien émancipées intellectuellement que sexuellement, elles ne se laissent en aucun cas marcher sur les pieds par les hommes, qui sont pourtant loin d'être faciles avec elles.

4) Dora (Le Château dans le Ciel)

Dora est un personnage particulièrement intéressant puisqu'elle semble être une inspiration directe de la mère de Miyazaki.

Sévère mais néanmoins aimante, Dola Miyazaki est un véritable modèle pour son fils. A tel point que lorsqu'elle décède d'une tuberculose pendant la production de Nausicaä de la Vallée du Vent, il décide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour lui rendre hommage par le biais d'héroïnes plus modernes, déterminées et inspirantes, à l'image de sa mère.

De l'aveu du frère cadet de Miyazaki, Shiro, la personnalité et l'attitude de Dora serait clairement inspirée de leur mère. Pas étonnant, donc, qu'elles aient le même prénom (le "r" et le "l" se prononcent de la même manière en japonais.)

Dans le film, Dora est une cheffe pirate sans foi ni loi... Du moins, en apparence. Son amour du gain ne l'empêche pas d'avoir un bon fond et de se soucier sincèrement de la jeune Sheeta, qu'elle prendra sous son aile. Bien que cette dernière incarne davantage la figure de la demoiselle en détresse, elle ne se limite pas qu'à cela. Elle n'hésite pas à assommer ses ravisseurs pour s'échapper d'une forteresse volante au début du film. 

Sheeta se sacrifiera aussi pour tenter de faire libérer le garçon qu'elle aime. Ce dernier acte sera d'ailleurs célébré par Dora comme un acte de bravoure digne d'une jeune fille digne de ce nom !

Après tout, Dora le dit elle-même : son sacrifice amoureux lui rappelle ses jeunes années. Avec l'influence de la mère pirate, Sheeta deviendra encore plus confiante et courageuse.

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Mots-Clés : Hayao MiyazakiGhibliféminismefeministe

Je ne saurais plus compter le nombre d'années qui me séparent du début de ma passion pure pour l'imaginaire, ni le nombre de nuits blanches passées devant un RPG et encore moins le nombre d'heures aspirées, chaque jour, par des memes absurdes. Bref. À défaut de savoir bien compter, je me lance à corps perdu dans l'écriture. Étudiante en 3e année de journalisme à l'ISCPA, rien ne peut arrêter ma soif inépuisable de connaissances. (Enfin rien sauf un diaporama de mygales, sans doute. Ou deux diaporamas.)

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Commentaires (3)

Par Drarryforever, il y a 3 ans :

Dommage de pas avoir casé Princesse Kaguya !

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Par Maharbal, il y a 3 ans (en réponse à Drarryforever):

Certes, mais il s'agit des héroïnes de Miyazaki. Kaguya sort peut être des studios Ghibli mais le film n'a pas été réalisé par Miyazaki.

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Par Gatz, il y a 3 ans (en réponse à Drarryforever):

Très beau conte au passage

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