Tenet : découvrez les premières critiques du nouveau film de Christopher Nolan
"Christopher Nolan, l'homme qui devait sauver le cinéma" : voila de quelle manière M Le Mag avait titré son édition de la dernière semaine de juillet. Tenet, le nouveau film du réalisateur d'Interstellar et d'Inception maintes fois reporté du fait de la crise pandémique, est en effet la première grosse sortie susceptible de ramener le public dans les salles obscures et offrir une bulle d'air aux gérants de cinéma depuis le confinement. Le film étant programmé en France pour le 26 août, soit ce mercredi, la question est pour l'instant toujours en suspens. Toutefois, les premières critiques nous donnent quelques éléments de réponse.
des critiques mitigées
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les critiques ne sont pas dithyrambiques. Si la plupart semblent avoir globalement apprécié le film, celui-ci n'est pas exempt de défauts. Son scénario est notamment régulièrement pris pour cible, tantôt jugé incompréhensible, tantôt plus obscur que réellement complexe :
"Le film est indéniablement appréciable, mais sa grandeur étourdie ne sert qu'à souligner la fragilité de sa prétendue intelligence. Ça ne serait pas une critique que l'on ferait a un autre blockbuster. Mais Nolan est, de bien nombreux stades de football en explosion et avant tout l'auteur de "l'intellispectacle'', qui combine une ingéniosité intellectuelle susceptible d'en faire lâcher son popcorn avec la satisfaction calme d'un Sudoku de difficulté moyenne. Dans le contexte de cette marque auto-générée de divertissement intellectuel, Tenet rencontre les attentes que l'on en avait, à part celle de les voir dépasser"
Jessica Kiang pour The New York Times
Si cette critique donne l'impression d'éviter de décrire l'intrigue, ce n'est pas que pour éviter les spoilers. J'ai regardé ce film deux fois pour cette critique, et je suis toujours très confuse concernant ce qu'il s'y passe et pourquoi... Toutes ces personnes qui font des vidéos YouTube à propos d'incohérences et d'inconsistances cinématographique vont exploser de joie quand ils mettront leurs mains dessus.
Leslie Felperin pour The Hollywood Reporter:
Les critiques semblent tout de même s'accorder sur le fait qu'avec ou sans comprendre l'action, cette dernière reste impressionnante et offre du grand spectacle, bien que pas forcément aussi marquant que les autres Nolan. :
Le véritable moteur de Tenet se trouve dans ses scènes d'action, en particulier celle impliquant un avion cargo et une autre de course-poursuite aux multiples voitures. Elles sont bonne : elles doivent l'être. Comme certains regards acérés l'ont remarqué, Tenet est un palindrome, ce qui signifie qu'il est possible que vous voyiez certaines scènes deux fois. Pourtant, malgré tous les astucieux morceaux de chronologie inversée, il y a peu de choses qui restent en tête de la même manière que les démonstrations de courbes d'Inception ou d'Interstellar.
Catherine Shoard, pour The Guardian:
"En réalité, il est tout à fait possible d'apprécier le film comme une succession de scènes qui en font trop : Washington monte un gratte-ciel pour atteindre un contact clé, se rapproche de la femme du méchant (Elizabeth Debicki) afin de rencontrer son mari, un vendeur d'armes russe nommé Sator (Branah), crash un avions dans un building pour récupérer un objet important, pilote une sorte de super-catamaran parce que... qui sait, peut-être juste parce que ça a l'air chic et ressemble à James Bond.
Jonathan Romney, Los Angeles Times
Jonathan Romney n'est d'ailleurs pas le seul à comparer le film à un James Bond :
Nolan a fait son propre film James Bond, empruntant tout ce qu'il y aimait, enlevant tout ce qu'il n'y aimait pas, avant de Nolaniser le tout (c'est à dire jouer avec la temporalité)
Alex Godfrey, pour Empire :
Toutefois, et malgré les scènes d'action impressionnantes, mais auxquelles Nolan nous a habitué, il semblerait que ce soit les personnages qui pêchent le plus :
Ils sont des pièces d'un puzzle concentré sur le scénario plus que des personnages réellement entiers. Le fait que le personnage de John David Washington ne soit jamais appelé par son nom durant la totalité des deux heures trente de film est une bonne indication des priorités de Tenet quand on en vient aux personnages contre la narration. On a l'impression d'un recul en arrière après la réussite du réalisateur avec Interstellar, qui avait enfin démontrer la capacité de Nolan à rendre une humanité émotionnelle à l'écran, et cela dessert les incroyables talents de Washington et Robert Pattinson.
Matt Purslow, pour IGN:
Kat est la clé d'un triangle amoureux qui pourrait marcher sur le papier mais ne fonctionne pas dans le film, où il n'y a que très peu d'alchimie ou d'étincelles entre elle et Andrei ou Le Protagoniste [...]. Vous êtes laissé là à vous demander si ces deux hommes sont prêts à risquer tout ce qui a jamais été et sera jamais fait pour un morceau de poisson froid avec lequel aucun des deux n'apparait jamais.
Will Gompertz, pour la BBC:
Un bilan donc mitigé pour ce nouveau blockbuster tant attendu, par les fans comme par l'ensemble de l'industrie. Difficile de dire si celui-ci pourra remplir son rôle de sauveur malgré tout. Gardons tout de même en tête qu'il s'agit des premières critiques professionnelles et que le public a encore à se prononcer sur la question. Une certitude demeure toutefois : les costumes de Tenet sont exceptionnels :
Sérieusement, la chose la plus époustouflante de Tenet doit être le budget repassage.
Jessica Kiang pour The New York Times :
En ce qui concerne le film, ça ne reste que des critiques de gens qui se prennent pour des critiques. A voir une fois qu'il sera sorti ! Nolan ça a toujours été particulier. Wait and see comme dirait l'autre :)
Les critiques.. putain, c’est incroyable comme c’est devenu banale d’étaler son avis. C’est que mon avis bien-sûr.
Nous étions là devant l'écran à se demander ce qu'on y faisait.
Memento, ok. Inception, ok. Dunkerque, ok. Interstellar, là ça dérape.
Et donc Tenet, Nolan est perdu pour le cinéma, à mon avis.