Test Borderlands 4, un jeu frustrant à la base solide

Depuis son premier opus en 2009, Borderlands s'est imposé comme une référence du looter-shooter, mêlant humour décalé, coopération endiablée et une quête effrénée de butin. Après Borderlands 3 (2019) et le spin-off Tiny Tina's Wonderlands (2022), les attentes étaient hautes pour ce quatrième volet : les fans espéraient une révolution, tandis que les sceptiques redoutaient une simple recette recyclée. Gearbox Software, désormais sous l'aile de Take-Two, a-t-il les épaules pour surprendre, ou doit-on se contenter d'un Borderlands 3.5 ?
Borderlands, une franchise adulée
Vraie évolution ou continuité ? Borderlands 4 arrive dans un paysage vidéoludique où les suites doivent innover pour exister. Entre la pression des joueurs, la concurrence des Destiny et autres Warframe, et l'héritage d'une franchise qui a fait de l'absurde son ADN, le défi est de taille. Alors, ce nouvel épisode est-il une vraie évolution, ou une continuité confortable, comme un vieux pistolet qu'on ressort du coffre, toujours efficace mais un peu rouillé ?
Si Borderlands 3 nous avait emmenés dans une quête galactique pour arrêter les jumeaux Calypso, Borderlands 4 semble vouloir élargir encore l'horizon. L'histoire se déroule cette fois sur Kairos, où vous devrez libérer le coin du joug du Gardien du Temps, un dictateur impitoyable qui domine les foules et impose sa vision du monde aux locaux. Une nouvelle menace, aussi charismatique que déjantée. Sans spoiler, on retrouve la patte Borderlands : des méchants hauts en couleur, des alliances improbables, et une intrigue qui oscille entre satire sociale et absurdité pure.
Nouveaux visages et vieux démons côté personnages, Gearbox mise sur un mélange de nouvelles têtes et de retours attendus. Les fans retrouveront avec plaisir certains Chasseurs de l'Arche emblématiques, tandis que les novices découvriront une galerie de persos aussi attachants que barrés. L'antagoniste principal, lui, semble taillé pour marquer les esprits : entre mégalomanie et humour noir, il rappelle les meilleurs méchants de la saga.
Un humour bien dosé et des missions qui valent le détour
L'identité de Borderlands, c'est son ton : un mélange de second degré, de références pop culture, et d'absurdité assumée. Ici, la recette est toujours là, entre répliques cinglantes, situations ubuesques, et un humour qui frôle parfois la satire sociale. Certains gags tombent à plat, d'autres font mouche, mais globalement, l'esprit Borderlands est bien présent. Le problème ? Après quatre opus (et un spin-off), la formule commence à montrer ses limites. Les blagues sur les "corporations méchantes" ou les "héros improbables" restent drôles, mais on sent que le scénario peine parfois à se renouveler.
D'un côté, il y a des moments brillants : des dialogues percutants, des twists inattendus, et une vraie tentative de donner plus de profondeur à l'univers. De l'autre, on retrouve les travers des précédents opus : des quêtes secondaires trop répétitives, des personnages secondaires sous-exploités, et une narration qui peine à trouver un équilibre entre sérieux et légèreté. Résultat : on s'amuse, mais on ne sort pas bouleversé de l'aventure.
Mais ce qui marque véritablement chez un Borderlands, c'est son gameplay. Vous connaissez la chanson : chez Borderlands, c'est le gunfight qui prime sur la classe. Au final, peu importe votre classe, vos compétences se rajoutent ici comme une cerise sur un gâteau. De notre côté, l'intégralité du jeu a été fait avec Rafa, un exosoldat capable d'éradiquer ses ennemis tant grâce à des canons volumineux qu'à de longues lames électriques.
Une composante RPG réussie
Manette en main, Borderlands 4 est plaisant. Les sensations sont bonnes, exploser la tête d'un sadique à l'aide d'un fusil à pompe et la voir s'éparpiller un peu partout est toujours aussi plaisant (oui, la phrase est louche). Les différents arbres de compétences offrent des compétences variées qui, même si elles spécialisent le gameplay, ne viennent pas le changer du tout au tout. Certaines spécialisations nécessitent tout de même un certain temps d'adaptation.
On pense notamment aux lames électriques de Rafa, dont le délai entre deux attaques de mêlée a de quoi surprendre au départ. Finalement, on finit même par préférer rester à distance avec le canon Peacebreaker plutôt que de s'exposer aux attaques de zone fatales avec les lames électriques. Pour autant, la personnalisation est agréable et on a un vrai sentiment de progression.
Un arbre de compétences qui n'est que la face émergée de l'icerberg, un arbre de spécialisation faisant son apparition une fois la campagne terminée. Pour autant, il va falloir s'accrocher pour en monter les échelons et augmenter vos dégâts d'un petit pour cent par point attribué. Le leveling, bien que plaisant au départ, est rapidement rattrapé par une augmentation drastique de la difficulté. Confirmé auprès des développeurs, c'est le niveau du joueur qui influence le niveau des ennemis, bien que "certains contenus annexes et certaines zones auront volontairement des ennemis de niveau plus élevé."
Un Endgame qui déçoit
Et malheureusement pour ce Borderlands 4, difficulté rime uniquement avec des ennemis aux dégâts et aux points de vie gonflés. Pour les contenus les plus difficiles, on se retrouve face à des ennemis lambdas capables de nous atomiser en quelques attaques, et avec des barres de vie interminables. Une expérience loin d'être plaisante et carrément frustrante. D'autant que le Endgame de Borderlands se résume à retenter des boss déjà vaincus ou refaire des missions importantes du jeu, mais avec un "petit truc en plus".
Seulement, le petit truc en plus en question ? Un baroud d'honneur sous la forme de grenades ou de trous noirs qui apparaissent à la mort d'un ennemi, parfois les deux en même temps. Là encore, Borderlands 4 aurait pu faire mieux. Le jeu aurait pu proposer un bestiaire différent, d'autant que ce dernier est relativement limité. En effet, on se retrouve à annihiler les mêmes créatures en boucle. N'est-ce pas l'essence même de Borderlands ? Certes. Pour autant, un peu de diversité n'a jamais tué personne.
Mais le Endgame, c'est aussi l'apparition d'un distributeur automatique faisant office de marché noir, d'un transfert de Firmware permettant d'optimiser son Chasseur de l'Arche au bonus prêt mais surtout de défis temporaires. En l'état, c'est peu. Une fois le jeu terminé, on se retrouve promené à droite et à gauche pour débloquer tout un tas d'activités qui, dans les faits, finissent par décevoir manque de contenu. Quelques heures suffisent à terminer de pimper son Chasseur de l'Arche et on se retrouve donc à tourner en rond ou à contempler le manque de réel intérêt du Endgame. Pour autant, les bases sont là, et solides.
De nouvelles mécaniques intéressantes
Dans sa nouvelle formule, Borderlands 4 facilite l'exploration avec l'introduction du grappin, qui peut dynamiser les mouvements en combat et en dehors, le planeur, très utile pour traverser les failles mais surtout grâce au Digirunner, une moto volante personnalisable à souhait. Malheureusement pour Borderlands 4, son monde ouvert, bien que vaste, ne donne que peu envie d'être exploré. Au final, le jeu nous balade ici et là grâce aux quêtes, sans que les points d'intérêt ne parviennent à capter notre attention par eux-mêmes.
Difficile de trouver un vrai intérêt à s'arrêter au bord de la route pour en explorer le bâtiment abandonné ou les grottes. On se retrouve donc à suivre nos missions, et c'est tant mieux tant elles valent parfois le détour. Des heures écoulées en Kairos, on se retrouve encore à penser à ce bon vieux missile incapable d'exploser du début du jeu. On regrettera certaines missions principales qui traînent en longueur, et qui ne donnent donc aucune envie d'être recommencées en Endgame en mission Joker. Pour autant, c'est le Joker qui décide, et vous n'avez qu'à bien vous tenir.
Borderlands 4, c'est surtout un style chiadé qui vieillit bien. Un style intemporel que l'on apprécie toujours autant malgré les années, qui colle parfaitement à la peau de la franchise. Une plastique mise à mal par une optimisation aux abonnés absents sur PC. Chutes de framerate, crashs, clipping, textures qui chargent mal, l'expérience n'a pas été de tout repos. Pour autant, il convient d'avouer que le patch déployé ce mercredi va dans le bon sens. Doit s'y ajouter un patch Day One qui devrait également corriger certains problèmes, en espérant que Gearbox continue sur cette voie.
Conclusion
Sur le papier, Borderlands 4 a tout pour plaire. Des Chasseurs de l'Arche aux gameplays variés, des armes différentes aux effets dévastateurs, un monde ouvert vaste, une menace planétaire, le tout enrobé dans une exploration sublimée par l'introduction d'un grappin, d'un planeur et d'une moto volante. Dans les faits, bien que plaisant, en particulier grâce à son gunfight satisfaisant et sa composante RPG réussie, Borderlands 4 frustre. Entre son optimisation décevante sur PC, son monde ouvert creux, son leveling en dents de scie, et son Endgame qui tourne en rond, Borderlands 4 méritait mieux. Pour autant, les bases sont là et elles sont bonnes. Fans de Borderlands, vous n'y trouverez pas la révolution de la franchise. Pour autant, vous y passerez sûrement un bon moment. Curieux sceptiques ? A voir.