Le top 15 ultime des meilleurs films japonais
Il y a quelques années, à l'occasion du dernier chef d'oeuvre de Park Chan-wook, Decision to Leave, nous vous présentions notre sélection des 15 plus grands chefs-d'oeuvre du cinéma sud-coréen. Passionnés par le cinéma asiatique, nous vous proposons aujourd'hui une nouvelle sélection, cette fois-ci centrée sur 15 chefs d'oeuvre du cinéma japonais. Attention, bien que nous sommes de grands fans du cinéma d'animation nippon, nous avons décidé de nous restreindre en n'en citant que trois, afin de laisser la place au cinéma en prises de vues réelles.
Attention : les films sont classés par ordre chronologique !
#1 Voyage à Tokyo - Yasujirō Ozu (1953)
Considéré avec Akira Kurosawa comme l'un des dieux du cinéma japonais, Yasujirō Ozu est l'auteur de cinquante-quatre films, malheureusement trop peu connus en France. Voyage à Tokyo, qui raconte l'histoire de deux retraités qui rendent visite à leurs enfants, malheureusement trop absorbés par leur quotidien pour s'occuper de leurs parents, est peut-être l'un des plus grands films sur la famille japonaise. Régulièrement cité parmi les films les plus importants du cinéma japonais, Voyage à Tokyo continue d'avoir une influence majeure sur de nombreux cinéastes, à commencer par le très apprécié Hirokazu Kore-eda.
#2 Les Sept Samouraïs - Akira Kurosawa (1954)
Souvent considéré (à raison) comme le plus grand chef d'oeuvre d'Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs nous plonge dans le XVIème siècle japonais. Harcelés par des bandits qui ravagent leurs campagnes, des paysans font appel à sept samouraïs. Avec Les Sept Samouraïs, le grand maître du cinéma japonais prolonge sa réflexion sur l'héroïsme, centrale dans son cinéma. Servi par une mise en scène terriblement efficace, un scénario mêlant habilement action, drame historique et humour, un casting remarquable (avec notamment Toshirō Mifune, réputé comme le plus grand acteur japonais), Les Sept Samouraïs est un classique absolu, qui a inspiré de nombreux films, à commencer par Les Sept Mercenaires de John Sturges.
#3 Tatouage - Yasuzō Masumura (1966)
Récemment restauré par le distributeur français The Jokers Films (que l'on remercie chaleureusement pour ses travaux de promotion du cinéma de patrimoine asiatique), Tatouage est l'adaptation d'une nouvelle de Jun'ichirō Tanizaki (Éloge de l'ombre), publiée en 1910. Le film nous raconte l'histoire de vengeance d'une geisha avec une araignée dévoreuse tatouée sur le dos. Chef-d'oeuvre dont l'érotisme inspirera le cinéma de Nagisa Ōshima (L'Empire des Sens), Tatouage est un film féministe puissant, que nous vous invitons à découvrir de toute urgence !
#4 Akira - Katsuhiro Ōtomo (1988)
1988, année sacrée du cinéma d'animation japonais ? Sans aucun doute. En plus de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki et Le Tombeau des Lucioles d'Isa Takahata, le public japonais a pu découvrir Akira, le chef-d'oeuvre cyberpunk et post-apocalyptique de Katsuhiro Ōtomo. Adapté de son manga éponyme (publié entre 1982 et 1990), le film racontant les aventures de Shōtarō Kaneda, de Tetsuo, et leur bande de motards dans la métropole de Néo-Tokyo est un nouveau rappel du traumatisme japonais suite à la destruction de Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Le film est l'un des plus grands films de Science-Fiction de l'Histoire, aux côtés de 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick et Blade Runner de Ridley Scott.
#5 Le Tombeau des Lucioles - Isao Takahata (1988)
Sorti en même temps que Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, Le Tombeau des Lucioles est sans aucun doute l'un des plus grands films du studio Ghibli. Adapté de la nouvelle semi-autobiographique de Akiyuki Nosaka, ce chef-d'oeuvre désespéré nous raconte les derniers jours de deux jeunes orphelins dans les derniers jours de la Seconde Guerre Mondiale. Véritable choc pour de nombreux cinéphiles, Le Tombeau des Lucioles a fait couler des millions de litres de larmes.
#6 Pluie noire - Shōhei Imamura (1989)
Redécouvert par le public français grâce à The Jokers Films, Pluie noire est peut-être le film le plus important de cette sélection, d'un point de vue politique. Adapté d'un roman de Masuji Ibuse, le film commence le 6 août 1945 à Hiroshima, et nous raconte les conséquences de la bombe atomique sur Yasuko, une jeune fille victime des radiations. Le film questionne et documente le destin réservé aux hibakusha, les survivants des bombes atomiques, qui en plus de problèmes de santé souvent mortels, ont subi des discriminations de la part de leurs compatriotes japonais. Alors que la question des hibakusha est toujours très sensible au Japon, ce film est essentiel.
#7 Sonatine - Takeshi Kitano (1993)
Comptant parmi les artistes les plus passionnants du Japon, Takeshi Kitano est aujourd'hui un cinéaste respecté. Après la romance A scene by the sea, Kitano revient au monde des yakuzas avec Sonatine, mélodie mortelle, dans lequel il révolutionne les codes du genre en proposant des gangsters mélancoliques et désabusés. À la fois violent et bourré d'humour noir, Sonatine raconte l'histoire de Murakawa, gangster froid et sans passion, contraint de se rendre sur l'île d'Okinawa pour venir en aide à un clan allié, mais la mission ne va pas se passer comme prévu. Bien qu'il ait déjà réalisé des films de yakuzas avant, Sonatine, mélodie mortelle va participer à fonder le mythe du gangster mélancolique de Takeshi Kitano, que l'on retrouvera dans plusieurs de ses films à venir. Un film à voir absolument !
#8 Princesse Mononoké - Hayao Miyazaki (1997)
Quel exercice plus difficile que de choisir un film parmi les nombreux chefs-d'oeuvre du maître absolu de l'animation japonaise ? Mais parce que cet article l'impose, nous avons choisi Princesse Mononoké, le film le plus populaire de Hayao Miyazaki. Les aventures d'Ashitaka sont plus qu'une fable écologiste, féministe et pacifiste ; en plus de rendre hommage au cinéma d'Akira Kurosawa (et plus particulièrement au Château de l'Araignée et à La Forteresse cachée), Hayao Miyazaki a écrit un vrai traité philosophique sur la morale. Ashitaka, qui doit poser un regard sans haine sur le monde, c'est le spectateur, qui ne doit pas juger trop rapidement Dame Eboshi, qui détruit la nature pour protéger les prostituées et les lépreux de la société impériale japonaise. Artistiquement parfait, sublimé par la musique de Joe Hisaishi, Princesse Mononoké est peut-être le plus grand film d'animation de tous les temps !
#9 Ring - Hideo Nakata (1998)
Adaptant un roman de Kōji Suzuki, Ring a tout du film de J-Horror ultime. Le film, inspiré des yūrei eiga ("films de fantômes") des années 50-60 raconte l'histoire d'une journaliste enquêtant mystérieuse vidéo-cassette, qui une fois visionnée tuerait ses spectateurs au bout de sept jours. Absolument terrifiant, ce film culte a eu droit à un remake américain par Gore Verbinski (Pirates des Caraïbes).
#10 Audition - Takashi Miike (1999)
Connu pour l'extrême violence de son cinéma, Takashi Miike a choqué le monde entier en adaptant le roman Audition de Murakami Ryu, l'auteur des Bébés de la consigne automatique (à ne pas confondre avec son compatriote Haruki Murakami). Racontant l'histoire d'un producteur de films, veuf, qui organise une audition pour se trouver une nouvelle épouse, Audition est un film d'horreur particulièrement difficile. Asami (brillamment interprétée par Eihi Shiina), victime des abus d'abus dans son enfance, est l'un des antagonistes les plus saisissants du cinéma japonais.
#11 Battle Royale - Kinji Fukasaku (2000)
Adapté du roman éponyme de Kōshun Takami, Battle Royale est le film culte pour toute une génération. Faisant partie de ces films qui, avec Orange Mécanique, questionne la montée de la violence dans la société, BR a marqué les spectateurs par sa grande violence et a inspiré tout un genre. Il est souvent cité par Quentin Tarantino comme l'un de ses films favoris.
#12 Love Exposure - Sion Sono (2008)
Metteur en scène hyper-actif, mais aussi très polémique (notamment suite à des accusations de viol et de harcèlement de la part d'une actrice qui s'est par la suite suicidée), Sion Sono est l'auteur d'une filmographie difficile à appréhender. Mais s'il fallait retenir un seul long-métrage, c'est Love Exposure. Un film punk et anar de quatre heures, racontant l'histoire d'un jeune homme bien sous tous rapports, qui pour garder le contact avec son père (prêtre catholique devenu très rigoriste après une rupture amoureuse clandestine), se met à commettre des bêtises (photographier sous la jupe des filles). Alternant les genres (drame familial, comédie amoureuse, film d'action sanglant) et abordant de nombreux thèmes (la religion, le sexe, la folie, la perversion, la famille, la pression sociale), Love Exposure est un OVNI explosif, un chef-d'oeuvre, entre Orange Mécanique et La femme scorpion. À voir de toute urgence !
#13 Tel Père, Tel Fils - Hirokazu Kore-eda (2013)
Grand portraitiste de la famille japonaise, Hirokazu Kore-eda compte parmi les réalisateurs japonais favoris des cinéphiles et des festivals européens. Lauréat de nombreux prix, dont une Palme d'Or avec Une affaire de famille, le cinéaste a profondément ému le public avec Tel père, tel fils, qui raconte les conséquences d'un échange malencontreux de bébés à la maternité et qui n'est pas sans rappeler La vie est un long fleuve tranquille d'Étienne Chatiliez. Toujours juste dans le ton, Hirokazu Kore-eda signe un grand film dramatique.
#14 Shin Godzilla - Hideaki Anno, Shinji Higuchi (2016)
Quelques mois après l'immense succès (mérité) de Godzilla : Minus One, il nous apparaît urgent de (re)découvrir Shin Godzilla. Après douze ans d'absence sur le territoire japonais, le Roi des Monstres revient grâce à Hideaki Anno, le créateur de Neon Genesis Evangelion, et Shinji Higuchi. Un monstre surgit dans la baie de Tokyo, détruit un bateau et ravage la Tokyo Bay Aqua-Line. Le gouvernement japonais tente d'appréhender la crise, sans efficacité. Terriblement efficace, Shin Godzilla prend le point de vue non pas des habitants mais du politique, et propose une métaphore particulièrement grinçante des manquements lors de l'incident nucléaire de Fukushima en mars 2011.
#15 Drive My Car - RyŪsuke hAMAGUCHI (2021)
C'est un grand mystère pour les fans de littérature japonaise : comment se fait-il que, malgré leur immense succès, si peu de livres de Haruki Murakami ont été adaptés au cinéma ? Après le magnifique Burning du coréen Lee Chang-dong, Ryūsuke Hamaguchi a sublimé la nouvelle Drive my car (parue dans le recueil Des hommes sans femmes). Racontant l'histoire d'un acteur qui ne parvient pas à se remettre de la mort de sa femme, Drive My Car est un film magnifique, récompensé à Cannes du Prix du scénario et du Prix du Jury œcuménique, avant de remporter l'Oscar du meilleur film étranger en 2022.
Mais très surpris de ne pas retrouver l intendant Sancho dedans.
D'autres films auraient pu se glisser dans ce top 15...le premier godzilla de 1951, Hara Kiri de 1962, les salauds dorment toujours en paix de 1949. Mais après ça reste subjectif un classement de film.