Netflix : après les acteurs et les scénaristes, cette troisième grève est à prévoir
Depuis plusieurs semaines, Hollywood est paralysé par la double-grève des scénaristes et des acteurs. On apprend aujourd'hui qu'une troisième vague de contestation gronde. Et on comprend pourquoi !
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La colère monte
Comme chacun sait, puisque la presse internationale s'en est fait le relais, Hollywood est paralysé par deux grèves de grande ampleur : celles des scénaristes et des acteurs. Parmi leurs nombreuses revendications, on trouve une plus grande protection contre l'usage de l'Intelligence Artificielle, qui menace grandement certains corps de métiers.
Nous voulons également pouvoir modifier les dialogues des interprètes principaux, voire créer de nouvelles scènes, sans consentement préalable. Et nous voulons pouvoir utiliser les images, les ressemblances et les performances de quelqu'un pour former de nouveaux systèmes d'IA générative sans consentement ni compensation.
De leurs côtés, les principaux studios Hollywoodiens, comme Disney et Netflix, ne semblent pas disposés à donner satisfaction aux grévistes. HBO a mis fin à son contrat d'exclusivité avec le plus grand showrunner de la chaîne, David Simon, à qui l'on doit entre autres The Wire, Treme et The Deuce ; quant à Disney, le groupe a annoncé la création d'une équipe spéciale chargée d'explorer toutes les possibilités offertes par l'IA. Seul le studio A24 a fait savoir qu'il se rangeait du côté des scénaristes et des acteurs.
Pour l'heure, seules les productions hollywoodiennes ont été impactées par les grèves. Alors que les calendriers de sorties sont sans cesse modifiés, la production de certains films et séries a néanmoins pu continuer, notamment la saison 2 de House of the Dragon. En effet, HBO bénéficie du fait que le tournage du spin-off de Game of Thrones a lieu en Angleterre, pays où le droit de grève est très limité.
Cependant, Hollywood doit faire face à une troisième vague de contestation de grande ampleur : en effet, la Guilde des réalisateurs de Corée fait actuellement pression sur l'Assemblée Nationale sud-coréenne pour réviser un texte de loi qui n'est pas à leur avantage. En effet, la loi sud-coréenne prive les réalisateurs de droit de participation à la propriété intellectuelle. L'objectif de la Guilde : permettre aux réalisateurs sud-coréens d'obtenir une rémunération plus importante s'il existe un "déséquilibre entre la rémunération des créateurs et les bénéfices tirés de l'utilisation de l'oeuvre protégée".
Comme le rapporte The Hollywood Reporter, les cinéastes sud-coréens sont pour ainsi dire victimes de cette loi en faveur des grands studios et plateformes de streaming. Ainsi, Hwang Dong-hyeok, créateur de Squid Game, a été payé une somme pour le moins dérisoire au regard du succès extraordinaire de la série Netflix.
Vous vous interrogez peut-être sur les raisons pour lesquelles les pressions effectuées par la Guilde des Réalisateurs de Corée pourrait menacer d'une quelconque façon que ce soit les studios hollywoodiens ? Rappelons que le cinéma sud-coréen est l'un des plus passionnants et appréciés du moment, comme en témoignent de nombreux succès récents, dont celui de Parasite de Bong Joon-ho.
Compte tenu des nombreux talents au Pays du Matin Calme, plusieurs réalisateurs sud-coréens sont amenés à travailler pour les grands studios américains. Ainsi, Bong Joon-ho (Parasite, Memories of Murder) a réalisé Le Transperceneige en 2013 et travaille actuellement sur Mickey 17 avec Robert Pattinson (distribué par Warner Bros.) ; le légendaire Park Chan-wook (Oldboy, Mademoiselle, Decision to Leave) a réalisé en 2013 Stoker, puis la série The Little Drummed Girl pour la BBC, et travaille actuellement sur la série The Sympathizer pour HBO et A24, prévue pour 2024. Na Hong-jin (The Chaser, The Strangers) planche sur un quatrième long-métrage, Hope, avec un public 100% anglophone, dont Michael Fassbender et Alicia Vikander.
Si des réalisateurs comme Bong Joon-ho, ou encore Park Chan-wook, parviennent à négocier des contrats à leur avantage, la plupart des réalisateurs coréens vivent avec un salaire annuel moyen inférieur au salaire minimum du pays lorsqu'on l'applique à un horaire de travail à temps plein. La réalisatrice Yoon Jeong-lee, porte parole de la Guilde des réalisateurs coréens déclare :
Nous ne demandons pas une grosse somme d'argent. Nous voulons simplement lancer la discussion sur le système de rémunération et créer des lignes directrices acceptables au sein de l'industrie.
Notons également que Netflix produit et distribue de nombreuses séries et dramas sud-coréens, avec des acteurs payés parfois 300 dollars par épisode selon le Los Angeles Time. Une situation qui provoque la colère du KBAU, le syndicat des acteurs coréens. Son porte-parole Song Chang-gon déclare :
Les tournages d'originaux Netflix sont bien plus intenses en matière de travail, surtout pour des films fantastiques, de zombies ou de monstres. On attend des acteurs qu'ils reviennent encore et encore pour filmer un seul épisode, sans recevoir de compensation supplémentaire. Il y a assurément des points de convergence entre nous et la SAG-AFTRA.
Song Chang-gon a annoncé vouloir rencontrer les représentants de la SAG-AFTRA, et ainsi augmenter la pression sur les différents studios, plateformes et institutions concernés. Si cet article vous a intéressés, vous trouverez notre top des meilleurs films sud-coréens !