Youtubeurs français : les Russes ont payé des influenceurs pour démolir les vaccins Pfizer

Voici deux jours qu'une très grande polémique enfle en France : des influenceurs ont été contactés par une agence que l'on pourrait qualifier de "louche", et ce, afin notamment de dénigrer le vaccin Pfizer. Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé, vient tout juste de s'exprimer sur le sujet.

Les campagnes anti-pfizer

Plusieurs Youtubeurs français ont reçu une proposition de partenariat visant à dénigrer le vaccin Pfizer. À notre échelle, les lanceurs d'alerte ont notamment été les Youtubeurs Sami Ouladitto, et Léo Grasset, le Youtubeur plus connu sous le nom de DirtyBiology.

Une agence m’a contacté pour partager, en échange de rémunération, des articles qui décrédibilisent le vaccin pfizer, et de parler de son taux de mortalité. 2/4

— Sami Ouladitto (@SamiOuladitto) May 20, 2021

C'est étrange.
J'ai reçu une proposition de partenariat qui consiste à déglinguer le vaccin Pfizer en vidéo. Budget colossal, client qui veut rester incognito et il faut cacher la sponso.
Éthique/20. Si vous voyez des vidéos là dessus vous saurez que c'est une opé, du coup. pic.twitter.com/sl3ur9QuSu

— Léo Grasset (@dirtybiology) May 24, 2021

Incroyable.
L'adresse de l'agence londonienne qui m'a contacté est bidon. Ils n'ont jamais eu de locaux là bas, c'est un centre laser esthétique ! Tous les employés ont des profils LinkedIn chelous... qui disparaissent depuis ce matin. Tout le monde a bossé en Russie avant.
WTF pic.twitter.com/RKiEpYoMgV

— Léo Grasset (@dirtybiology) May 24, 2021

Ces Youtubeurs, qui ne sont vraisemblablement pas les seuls, ont reçu la proposition suivante : en échange d'une vidéo ou de posts visant à dénigrer le vaccin Pfizer (en expliquant notamment que le taux de décès imputé au vaccin Pfizer est "presque trois fois plus élevé qu'avec le vaccin AtraZeneca", et qu'il est "dangereux pour la santé"), une agence, qui désire rester incognito, leur versera une somme conséquente. Plus précisément, la proposition de l'agence nommée "Fazze", si mystérieuse de prime abord, est la suivante :

Nous voudrions partager quelques informations avec l’audience. Il s’agit d'évoquer l'actualité sur la Covid-19 et les vaccins proposés à la population européenne, notamment AstraZeneca et Pfizer. L’idée de la campagne est de parler de certains résultats concernant l’efficacité des vaccins (nous fournissons bien toutes les infos). […] Il ne s’agit pas d’une promotion d’un produit : il s’agit uniquement de présenter cette information sur vos réseaux sociaux préférés (YouTube, Instagram ou Tiktok). 

Concernant la rémunération proposée, là encore l'agence reste vague, avec "le tarif que l'influenceur envisage" (bien que certains d'entre eux, contactés, aient évoqué des sommes avoisinant les 2 000 euros). Il s'agit donc de sommes plutôt conséquentes. Reste désormais à prendre connaissance de la date limite de publication de ces posts, fixée entre un et sept jours à compter du 19 mai (date de réception de la proposition de partenariat). Voici tous les éléments que plusieurs incluenceurs ont reçu en France, et qui nous intriguent autant qu'eux. Qui est donc cette agence, et que souhaite-t-elle exactement ? Nous faisons le point sur le sujet.

L'enquête en cours

Tout d'abord, l'agence qui se trouve derrière cette proposition tient absolument à ce que le contenu proposé par les influenceurs ne ressemble pas à un contenu sponsorisé. Selon l'agence Fazze, il faut que cela ressemble, avant tout, à "un avis personnel". En d'autres termes, il ne fallait surtout pas que les internautes se doutent du fait qu'une seule et même agence se cache derrière tous les posts mentionnant la prétendue haute mortalité du vaccin Pfizer.

Le fait que l'agence en question souhaitait opérer incognito a suscité de nombreuses interrogations. Tout d'abord, selon les premiers éléments de l'enquête qui a été effectuée par divers confrères, une étrange ressemblance a été remarquée entre les éléments de langage que l'on retrouve dans cette demande de partenariat, et les communications effectuées par le compte officiel du vaccin russe Sputnik V sur Twitter notamment. Il faut dire que, lundi 24 mai 2021, le laboratoire russe en charge du vaccin Sputnik V partageait encore des données attribuées au gouvernement hongrois, qui indiquaient des taux de mortalité particulièrement élevés pour les autres vaccins (et notamment un taux de mortalité 32 fois plus élevé chez Pfizer que chez Sputnik V, selon ledit document).

Concernant l'agence Fazze en elle-même, nos confrères de Numerama se sont chargés de l'enquête. Comme mentionné précédemment, il s'avère que l'agence Fazze reprend, pour son brief à destination des influenceurs, plusieurs arguments que le compte officiel du vaccin Sputnik V partage sur Twitter. L'agence Fazze s'annonce comme une agence londonienne, mais son site ne présente aucun client, ni aucune opération à succès. Le site propose cependant la possibilité de se connecter avec un réseau social comme Facebook, Twitter, mais aussi Vkontakte, le réseau social le plus célèbre de Russie. Comme l'indique Numerama, l'agence Fazze n'est pourtant pas enregistrée en tant qu'entreprise au Royaume-Uni, et plus encore : l'adresse indiquée sur son site ne permet pas de la retrouver dans la réalité. Il s'agirait donc vraisemblablement d'une fausse adresse, et d'une entreprise montée de toute pièce.

La prise de parole de Olivier Véran

Tout indique, de ce fait, qu'il s'agisse d'une action de communication (pour ne pas dire propagande) à grande échelle (la France n'est en effet peut-être pas le seul pays touché), afin de créer des méfiances du côté du vaccin Pfizer, de façon à mettre en avant l'un de ses "rivaux", à savoir Sputnik V. Lors d'un déplacement à Avignon, le Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a été interrogé par nos confrères de BFMTV concernant cette affaire. Ce dernier a ainsi déclaré : 

C'est minable, c'est dangereux, c'est irresponsable, et ça ne marche pas. (...) Je ne sais pas d'où ça vient, je ne sais pas si ça vient de France ou de l'étranger. Je ne me permettrais pas de faire des hypothèses.

Pour le moment en effet, le gouvernement français ne s'est pas prononcé quant au fait que ces actions de communication pourraient provenir de Russie. Nous en saurons certainement davantage encore dans les jours à suivre.