Berserk restera à jamais dans le coeur des fans comme l'un des plus grands monuments de la bande dessinée japonaise, et à raison. L'univers à jamais inachevé de Kentaro Miura démarré en 1989 est si complexe et unique qu'il laisse une grande place à l'imaginaire collectif... et aux défauts que les fans acceptent d'oublier.
Berserk : une première scène impossible ?
Peu de mangas ont gagné le respect et l'admiration des lecteurs à travers le monde comme Berserk l'a fait. Au centre de cet amour inconditionnel se trouve le personnage principal de la série, Guts. Un personnage aussi complexe que profond. C'est cette profondeur qui empêche les fans d'accepter purement et simplement les premières pages du manga comme canon à leurs yeux, tant elles jurent avec le comportement et le caractère de Guts. La psychologie du personnage est découpée en trois actes bien distincts, son enfance, son passage dans la Bande du Faucon et après l'Eclipse. Même si on sait chronologiquement quand se passe la première scène du manga (après l'Éclipse), elle ne correspond en aucun cas à la personnalité de Guts durant l'une de ces phases.
En effet, dans les premiers chapitres du manga, Guts apparaît comme un protagoniste totalement inimitable. Le premier chapitre de Berserk commence avec Guts qui couche avec une femme. Cependant, dans les affres de la passion, la femme se transforme. Bien qu'elle pense avoir piégé Guts avec sa vraie forme dégoûtante, il renverse le rôle sans hésitation et tire un boulet de canon depuis son bras, détruisant ce qui apparaissait jusque là au lecteur comme un début d'intrigue. Cette ouverture sert surtout à montrer que le monde est rempli de démons et que Guts est quelqu'un qui aime les tuer. Cependant, dans toute l'histoire du manga il est montré plusieurs éléments qui empêche la possibilité de cette scène a être canon. La principale étant que Guts est au fond quelqu'un de très sensible, dont la froideur est un rempart contre le contact humain.
Guts est Haptophobe ?
En effet, en bons lecteurs du manga, vous savez que Guts a été vendu par celui qu'il considérait comme son père adoptif et agressé sexuellement durant son enfance, expliqué dans le flash-back commençant à la fin du tome 3 du manga, durant le fameux Âge d'Or. Ce violent traumatisme a fait naître en lui une profonde aversion du contact humain. Même Casca, l'un des personnages féminins les plus forts tout manga confondus, était au départ incapable de le toucher, et a fini par y arriver difficilement au fil de leur relation. Cette personnalité froide et détachée qui le définit dans les premiers chapitres est un mécanisme de défense rationnel, mais qui ne correspond donc plus du tout avec la vision du Guts capable de coucher avec un démon, surtout après l'Eclipse. Si, après cet événement, il est à la recherche des God Hand pour se venger de Griffith, il est hanté par le viol de Casca, l'amour de sa vie, qui a perdu la raison. Considérant cet amour, on l'imagine mal avoir une vie sexuelle dans le dos de Casca... En raison de ces contradictions, certains fans préfèrent considérer que ce premier départ de Berserk est en réalité non-nanon, ce qui n'est pas une mauvaise idée en soit.
Des choses sombres se produisent dans Berserk, mais jamais sans qu'elles ne soient reliées à d'autres choses. Or, comme il s'agit d'une scène d'introduction, il est difficile de la relier, et cela n'a d'ailleurs jamais été fait par Kentaro Miura. Il est tout à fait possible de la supprimer sans changer le cours des événements. Cela s'explique par le fait que Berserk a connu deux départs. Un premier avec le tome 1, évidemment, où l'auteur n'était pas entièrement sûr de la direction à faire prendre à son histoire, et un second départ avec le tome 3, lorsqu'il s'est finalement résolu. Ainsi pour beaucoup, le tome 3 compte comme étant le véritable début des aventures de Guts. D'ailleurs depuis la mort de l'auteur, les hommages à Kentaro Miura se multiplient dans le monde, notamment dans le dernier jeu Elden Ring, où apparaissent de nombreuses références à Berserk.
Par Madame Irma, il y a 2 ans :
Tiens, cela me fait penser à une étude récente qui parle du viol comme élément trop utilisé dans la culture comme "source" de puissance et de volonté des personnages. Dès qu'on veut qu'un personnage soit fort, il faut qu'il soit violé. Peut-être que ça a été démarré avec Berserk ?
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