Chuck Norris : voici comment l'acteur américain est devenu une star clandestine en URSS
Aujourd’hui âgé de 84 ans, Chuck Norris est toujours un acteur culte pour toute une génération entière. Ce que l’on sait moins, c’est que le comédien a aussi été une star, malgré lui, en URSS. On vous explique :
Chuck Norris : une carrière impressionnante
L’air de rien, Chuck Norris a une carrière plutôt bien remplie. Évidemment célèbre pour son rôle de Walker dans la série à succès Walker Texas Ranger, il a également eu une carrière sur le grand écran, et ce dès le début des années 1970. L’un de ses rôles le plus célèbre est évidemment sa confrontation avec Bruce Lee dans La Fureur du Dragon en 1972. Il a également un petit rôle dans Opération dragon en 1973. Les années 1980 sont marquées par des séries B d’action plus ou moins cultes comme la saga Portés disparus, Horreur dans la ville ou encore les Delta Force. Son apparition dans Expendables II en 2012 avait également fait du bruit.
Mais ce que l’on sait moins sur Chuck Norris, c’est qu’il a beaucoup travaillé avec Cannon Group. Un studio qui s’amusait à dériver de grands succès pour en faire des versions bon marché. Sa filmographie a rapidement regorgé d’imitations de films cultes à l’instar de Missing in Action, sorte de parodie de Rambo ou Invasion USA qui reprenait Red Dawn. Chuck Norris est devenu un pilier du groupe Cannon, cette société, maintenant disparue. Cannon Group avait la réputation d’être un studio de cinéma indépendant douteux, qui a gagné en notoriété dans les années 1980 grâce à ses films éclectiques, allant du surprenant Runaway Train au kitsch He-Man, réalisé uniquement pour vendre des figurines.
Chuck Norris était une star en URSS
Malgré le caractère ouvertement anti-communiste et illégal de ses films, les copies de contrebande des films de Chuck Norris circulaient en Europe de l’Est, alimentant secrètement des ciné-clubs illicites et des dojos d’arts martiaux. En dehors de sa percée dans les films d’action hongkongais, où il joue le boss final dans le film de Bruce Lee de 1972, La Fureur du Dragon, il n’avait aucun film majeur à son actif en 1985. L’idée même de glorifier les sports de combat était interdite en URSS, et l’existence de marchés noirs révélait l’incapacité de l’État à répondre aux besoins ou aux désirs de ses citoyens. À travers les méandres bureaucratiques de l’Union soviétique, tous les passe-temps ou institutions culturelles étrangères étaient vus avec une extrême paranoïa. L’URSS est allée jusqu’à boycotter les Jeux olympiques de 1924, jugés trop capitalistes, et n’y a participé qu’au début des années 1950. Par conséquent, tous les arts martiaux étaient interdits, à l’exception d’un style russe inventé en interne, appelé sambo.
Finalement, le communisme a disparu. À sa place, les célébrités occidentales furent chaleureusement accueillies dans des territoires auparavant hostiles, avec des fans enthousiastes cherchant à rencontrer leurs héros. Lors d’une visite dans les années post-soviétiques, la star de Delta Force a dû être protégée par des gardes du corps contre des foules d’admirateurs essayant de lui serrer la main. Pour la première fois de sa vie, il a avoué avoir eu peur d’une blessure physique, comme il l’a raconté lors d’une apparition dans Late Night with Conan O’Brien au milieu des années 1990.
Les habitants des pays derrière le rideau de fer s’identifiaient au héros américain et se réunissaient dans des théâtres clandestins pour voir ses films à petit budget. La réalisatrice de Chuck Norris vs. Communism, Ilinca Calugareanu, a rappelé avec émotion que :
Ces films donnaient de l’espoir aux gens. Quand vous voyez Chuck Norris défier l’autorité sans peur, cela vous donne envie de faire pareil.
Considéré comme une simple curiosité en Occident, avec Norris se spécialisant dans les héros au mulet battant des méchants caricaturaux, sa réputation tranchait radicalement dans des pays privés de liberté d’expression ou de contestation.