Le Seigneur des Anneaux : 8 faits que vous ignoriez sur Grima

Fourbe, lâche, faible voire même libidineux, Grima Langue de Serpent est l’un des pires visages du mal présents dans l’œuvre de Tolkien. Ce méchant, un peu trop humain, est peut-être aussi l’un des plus réjouissants à observer dans la saga du Seigneur des Anneaux . Malgré un rôle décisif, aussi bien dans les livres que dans les films, il reste pourtant un personnage étrangement méconnu.

De sa place dans les écrits de Tolkien à son rôle dans les films de Peter Jackson, retour ici sur 8 faits que vous ignoriez, peut-être, sur Grima.

#8 Tolkien n’a imaginé Grima qu'après avoir tué Boromir

Tolkien n'avait originellement pas imaginé le personnage comme un traître à la solde de Saruman. Pour tout dire, Grima n'apparaît pas vraiment dans les premiers brouillons de l’œuvre. Il est présent sous un autre nom, Frána, mais il n'y joue encore aucun rôle : la plupart de ses répliques sont tout d'abord attribuées à Théoden lui-même. À l'origine, le personnage de traître et de "maniganceur" récurrent est dévolu à Boromir.

Toutefois, lorsque Tolkien imagine la rédemption de Boromir au travers du sacrifice de Boromir, tout change. En s'inspirant du récit français La Chanson de Roland, il imagine un Boromir qui se sacrifie pour protéger la communauté et meurt en héros. À partir de là, les nombreux coups fourrés que devait perpétrer Boromir sont attribués à d'autres personnages. C’est ainsi que Frána devient Grima Langue de Serpent, le traître du Rohan.

#7 Grima est inspiré de plusieurs personnages de traîtres

Si vous avez déjà lu, ou vu, une adaptation de la saga nordique Beowulf, vous avez certainement aperçu certaines similitudes entre le personnage de Gríma et celui d'Unferth, le conseiller du roi Hroðgar. La scène qui voit l’arrivée d’Aragorn à la cour de Théoden est d'ailleurs extrêmement similaire à celle de l’arrivée de Beowulf.

Pour d’autres spécialistes des œuvres de Tolkien, Grima est également inspiré par d'autres personnages de conseillers fourbes et/ou traîtres de la littérature et de l’histoire occidentale. Certains voient ainsi en lui des échos de Bikki, le conseiller du roi Jörmunrekk dans le "Sigurðarkviða hin skamma", ou encore de Ganelon, « traître désigné » de la "Chanson de Roland". Les aventures de Roland ayant déjà inspiré le destin de Boromir, cette dernière comparaison est tout à fait plausible.

#6 Tolkien s’est amusé avec le personnage de Grima

La plupart des personnages de l'univers de la Terre du Milieu sont multifacettes. Il n’est pas rare que de grands méchants aient des origines angéliques et que des personnages a priori doux et aimables cachent une face plus sombre. Avec Grima, Tolkien n’a pas cherché à faire dans la complexité. Même si le personnage n’est pas non plus unidimensionnel, l’auteur affiche tout de même très clairement la couleur avec lui.

En vieil anglais et en islandais, "gríma" signifie « masque, visière » ou encore « spectre ». Le ton est ainsi tout de suite donné, mais ce n’est pas tout ! Il est possible qu'il existe également une connexion avec le mot anglais "grim", qui signifie entre autres « répugnant ». Il est d’ailleurs également possible que Tolkien se soit inspiré du nom du personnage Gunnlaug Langue de Serpent, héros de la saga islandaise La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent. En effet, ce texte fait lui aussi partie des nombreuses sources d’inspiration du Seigneur des Anneaux.

#5 Grima est le fils d’un ami de Théoden

Grima est le fils d’un homme du Rohan nommé Galmod. Dans les livres, les indications à son sujet sont plutôt minces. On ne sait pas si il est décédé au moment où son fils est devenu le conseiller du roi Théoden. Cependant, on sait tout de même qu’il était assez proche du roi pour être son conseiller en chef avant que son fils ne prenne sa place.

C’est certainement parce qu’il était au courant de sa proximité avec la cour du Rohan que Saruman s’est approché du jeune Grima pour le corrompre. Discrètement piégé par le magicien blanc corrompu, Grima est devenu son agent. Cet homme étrangement surnommé "Langue de Serpent" (sans que cela n'interpelle ou ne semble choquer personne) accède alors soudainement au rôle de conseiller jusqu'alors occupé par son père.

#4 Saruman a sûrement promis Eowyn à Grima.

Dès qu'il accède au rang de conseiller du roi, Grima applique le plan fomenté par Saruman. Il informe le magicien corrompu de chaque événement notable à travers le royaume tout en faisant en sorte d’affaiblir moralement et physiquement le roi Théoden du Rohan. À l’aide de différents sérums et autres potions concoctés par son maître, Langue de Serpent empoisonne le roi. Pour plus simplement arriver à ses fins, Grima prétend qu’il s’agit au contraire de remède contre la vieillesse.

Une fois le roi grandement affaibli, Grima nourrit l’esprit du roi de conseils trompeurs et de fausses nouvelles qui entraînent le Rohan vers la chute. Il est difficile de comprendre quelle pourrait être la réelle motivation de Grima à agir ainsi. Il existe donc à ce sujet plusieurs théories.

Tout d’abord, même si comme on l’a vu Grima est le fils d’un haut dignitaire proche du roi, certains de ses traits physiques le rapprochent également d’une population ennemie du Rohan. Plus petit que les autres Rohirrim (habitants du Rohan), il a aussi la peau plus pâle, les yeux plus clairs et les cheveux plus noirs que ses compatriotes. Il n’est donc pas impossible que par sa mère (inconnue d'ailleurs), Grima ait des ancêtres Dunlendings, un peuple ennemi du Rohan. Les Dunlendings se sont d'ailleurs immédiatement associé à Saruman au début de la guerre de l'anneau.

D’autre part, parmi les nombreuses étapes de son plan de conspiration, Grima fait tout pour, éloigner; et idéalement tuer; les deux hommes qui pourraient potentiellement reprendre le trône si Théoden venait à mourir : Théodred, le fils du roi, et Éomer, le neveu du roi.

Dans ses mauvaises actions, il semble relativement épargner la nièce du roi, Éowyn. Même si cela n’est pas dit clairement dans les livres, il est tout à fait probable que Saruman ait promis le trône du roi et Éowyn comme épouse à Grima, du moins à condition évidemment que ses plans aboutissent.

#3 Gandalf a failli découvrir le plan de Grima avant la guerre de l’Anneau

Après que Gandalf ait réussi à s’échapper de l’Isengard où Saruman l’avait, un temps, enfermé, toutes les forces du mal traquent le magicien gris. C’est alors que dans un épisode peu connu du Seigneur des Anneaux, Gandalf se rend une première fois au Rohan. Le magicien se dépêche de rejoindre Frodon, et décide de passer par le Rohan, espérant pouvoir se procurer un cheval puissant.

Arrivé chez le roi Théoden, il se rend bien compte qu’il y a un problème, mais n’a pas vraiment le temps de mener l’enquête. Grima, soucieux de ne pas attirer l’attention du vénérable magicien sur ses manigances, propose à Gandalf de choisir un cheval. Gandalf va aux écuries et fait la rencontre de Grispoil, un destrier issu de l’espèce des mearas.

Nul homme n’a jamais réussi à monter Grispoil. Pourtant, pendant quelques secondes, la monture est domptée par Gandalf, qui le choisit parmi les chevaux de Théoden. Le roi, corrompu par la magie de Saruman, entre dans une terrible colère. Le fait est que, normalement, les mearas sont les montures des rois du Rohan. Toutefois, s’opposer à un ami du Rohan qui plus est aussi puissant que Gandalf est un risque diplomatique et le roi cède Grispoil à Gandalf. Mais Grima n’a pas dit son dernier mot et pendant que Gandalf part avec Grispoil, Langue de Serpent part prévenir Saruman de la position de Gandalf.

#2 Grima a balancé Saruman aux Nazgûl

On ne le sait pas toujours, mais si Saruman aide Sauron à retrouver l’Anneau, c’est avant tout parce qu’il souhaite le récupérer pour lui. Si Sauron n’est pas dupe de ce double jeu, il n'avait pour autant aucune certitude avant que les Nazgûl ne capturent, par un pur hasard, ce gros lâche de Gríma. En effet, alors que Gandalf part à cheval vers la Comté, Gríma court quant à lui vers Saruman. C’est alors que Langue de Serpent est stoppé dans sa course par les Nazgûl qui cherchent Gandalf.

Gríma est interrogé et en quelques secondes, il balance toutes les manigances et les plans secrets de Saruman aux Nazgûl, notamment son intérêt pour la très secrète région de la Comté et son emplacement. Jusque-là, l'emplacement de la Comté était inconnu des Nazgûl, ils savaient que les Bilbon Sacquet y vivaient, mais ils ne savaient pas comment s'y rendre.

Consterné par la lâcheté et la faiblesse de Gríma, le Seigneur des Nazgûl (le Roi-Sorcier d’Angmar) le relâche. Le lieutenant de Sauron sait très bien que Langue de Serpent n'osera jamais parler de cette rencontre et de sa lâcheté à quiconque. Au contraire, un personnage aussi lâche en liberté a même du potentiel aux yeux de Sauron. Par la faute de Gríma, les Nazgûl cessent de traquer Gandalf et foncent désormais vers la Comté, Frodon et l’Anneau.

#1 L’acteur qui devait jouer Gríma a refusé le rôle

Grima Langue de Serpent est incarné dans les films du Seigneur des Anneaux par le légendaire Brad Dourif. Cet acteur américain, qui a été nommé aux Oscars pour son rôle dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, et que l’on a pu voir dans de nombreux films cultes comme Alien 4, la saga Chucky, Dune,L’Exorciste 3 ou encore la série Deadwood, n’était pas le choix initial du réalisateur Peter Jackson, qui souhaitait privilégier un casting d'acteurs anglais.

Le comédien a ainsi expliqué :

J'ai auditionné, mon dieu, cinq fois, et je ne l'ai pas eu. De plus je traversais une de ces période où je me donne généralement environ cinq jours pour me sentir mal. Puis, tout d'un coup, ils m'ont appelé et m'ont dit que le gars qu'ils avaient choisi ne voulait pas le faire, évidemment parce qu'ils ne le payé pas assez, alors j'ai accepté.

Ce rebondissement est une aubaine pour l’acteur qui tient particulièrement à ce projet qui lui donne l’occasion de travailler avec Peter Jackson. Il faut dir qu'à l’époque, le réalisateur bénéficiait déjà d’une aura culte notamment grâce à ses 3 premiers films d’horreur : Bad Taste, Meet the Feebles et Brain Dead. Selon Dourif, Jackson l'encourage alors à se raser les sourcils pour que le public ait immédiatement une réaction subliminale de malaise envers le personnage. Dourif s’investit totalement dans le projet et n’hésite pas à se raser les sourcils durant les nombreuses années de production du film.

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