Licornes artificielles : le marché indécent qui alimente le mythe
Dans l’ombre du braconnage ou du dressage d’animaux à coup de fouets se trouvent des techniques affreuses qui alimentent la flamme du mythe des licornes depuis des années. Constituer une licorne artificiellement ? Oui, c’est possible. Oui, c’est atroce. Mais oui, beaucoup l’ont fait, et le font encore.
1982. Un célèbre cirque américain vante son attraction à l’aide d’une "licorne vivante". Une vraie, en chair et en os. Si ses créateurs revendiquent la redécouverte d’une technique perdue, beaucoup préfèrent évoquer la malformation d’un animal ou une supercherie. Bref, un canular. En fin de compte, la réalité est d’autant plus atroce. La licorne serait en fait un bouc, dénommé Lancelot, qui a vu ses cornes modifiées artificiellement par des moyens que nous préférons passés sous silence.
Evidemment, les médias (locaux du moins), se sont emparés de l’affaire et le bouc Lancelot est devenu une icône, plus ou moins célèbre, de cette pratique sauvage. Outrées, de nombreuses protestations ont jailli pour les droits animaliers et moraux. Finalement, le cirque a cédé à la pression et a préféré retirer l’animal de son spectacle. De toute manière : le mal était déjà fait, et le coup de pub aussi.
Un concept ancien
Si ce principe semble refléter l’avidité de certains individus, il n’est pas uniquement contemporain. Lorsque l’on creuse un peu, on remarque même que le mythe de la licorne est peut-être entretenu par des rumeurs ou des canulars. C’est notamment ce que tente d’expliquer Francesca-Yvonne Caroutch, une essayiste française. Elle explique notamment qu’en Asie, la coutume des licornes artificielles était relativement répandue. Pour cela, on liait les cornes d’une chèvre angora par le fer et le feu, donnant à l’animal une corne unique, tressée et sublime.
En occident, le mythe est lui aussi alimenté par des canulars en tout genre. Le plus connu s’étant déroulé dans la ville d’Einhornhöle, dans le massif du Harz, en Allemagne. Des os fossilisés sont retrouvés en 1663 dans le massif par le maire d’une ville voisine, Otto von Guericke. Le squelette ressemble étrangement à une licorne et laisse penser à l’existence, même très lointaine, de l’animal. Pourtant, l’examen de Gottfried Leibniz va vite détruire les premières idées : des os de rhinocéros laineux, de mammouth et une défense de narval : il s’agit en vérité d’un canular.
Aujourd’hui, la pratique est malheureusement toujours bien présente, notamment dans certains cirques et autres foires qui cherchent à construire leur notoriété sur l’existence de vraies licornes. C’est notamment le cas du Ringling Brothers.
Et eventuellement, on pourrait aussi le faire avec une vache :o
C'est moins glamour qu'un bel étalon blanc