Tolkien, le roi des conteurs : retour sur une oeuvre gigantesque
Il y a 124 ans et un jour, le 3 janvier 1892, naissait J.R.R. Tolkien. Aujourd’hui, l’auteur du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, est adulé dans le monde entier. Les adaptations cinématographiques par le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson ont participé à forger la figure tutélaire qu’est Tolkien de nos jours. L’un des auteurs les plus adorés du XXème siècle, mais aussi un Dieu siégeant sur un trône d’or dans l’esprit des geeks. Alors que nous fêtions hier le cent-vingt-quatrième anniversaire de sa naissance, prenons le temps de (re)découvrir l’oeuvre de celui qui a bercé l’enfance de plusieurs générations.
La Terre du Milieu, terre de l’imaginaire
Tolkien doit la quasi-totalité de son succès à la Terre du Milieu, ce monde peuplé d’hommes, d’elfes, de nains, de magiciens, de monstres divers et de hobbits, et qu’il a créé jusque dans les moindres détails (géographie, histoire, langues). Une grande partie de l’oeuvre de Tolkien parle de la Terre du Milieu. Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux, les deux plus grands chefs d’oeuvre de l’auteur britannique, ne sont qu’une infime partie de cet univers. Les deux ouvrages racontent en vérité la fin du Troisième Âge, qui marque l’avènement du Règne des Hommes.
Dans Le Silmarillion, Tolkien décrit la création de la Terre du Milieu par Eru Ilúvatar et les premières guerres entre les Elfes et Morgoth (le maître de Sauron). Ce livre, bien qu’inachevé, reste un chef d’oeuvre intemporel, aussi indispensable que les aventures de Bilbo ou de Frodo.
Lisez également Les Contes et Légendes Inachevées du Premier, du Second et du Troisième Âges. Vous y découvrirez la Chute de Gondolin (mentionnée dans Le Hobbit), l’Île de Núménor, la mort d’Isildur, ou encore un prequel aux aventures de Bilbo jusqu’à Érebor. Les Livres des Contes Perdus racontent l’histoire de grands événements qui ont bouleversé les Âges, dont certains ont déjà été relatés dans Le Silmarillion.
Poussez votre lecture jusqu’aux magnifiques Lais du Beleriand, ce recueil de poèmes où vous découvrirez l’histoire de Beren et Luthien, ce couple mythique qui rappelle celui d’Aragorn et d’Arwen. Enfin, lisez Les Enfants de Húrin et Les Aventures de Tom Bombadil. La lecture de tous ces ouvrages est essentielle pour qui apprécie l’oeuvre de Tolkien et la fantasy.
Contes et nouvelles
Penser que Tolkien n’a écrit que cette grande mythologie de la Terre du Milieu serait une erreur. L’auteur anglais est également (c’est un secret pour personne !) un formidable nouvelliste. L’histoire de Feuille de Niggle, ce peintre incapable de finir une toile, rappelle étrangement la relation de Tolkien avec son oeuvre : une oeuvre sans cesse remaniée. Ce court texte montre à quel point Tolkien était un écrivain virtuose, dont le talent fut bien trop souvent ignoré.
Dans Le fermier Gilles de Ham, l’auteur raconte avec humour comment dans une Angleterre merveilleuse, un fermier devient fou après avoir triomphé d’un géant et d’un dragon. Fortement inspiré par Beowulf, Le fermier Gilles de Ham montre que même dans ses oeuvres les plus discrètes, Tolkien reste fortement imprégné des mythologies anciennes.
Smith de Grand Wooton raconte les aventures d’un forgeron jusqu’à Faërie, le pays des Elfes. Sans aucun lien avec la Terre du Milieu, ce petit conte est une allégorie religieuse où se mêlent divers éléments autobiographiques.
Enfin, lisez sa courte pièce de théâtre Le Retour de Beorhtnoth, fils de Beorhthelm, où deux serviteurs doivent aller chercher sur un champ de bataille le corps de Beorhtnoth, dans l’Angleterre du Xème siècle.
Ces quatre textes sont publiés en France dans Faërie et autres textes, qui contient également des textes critiques de l’auteur.
Lisez également les aventures du chiot Rover transformé en jouet par un magicien, dans Roverandom.
Critiques, traductions et lettres
Pour bien comprendre le travail de Tolkien, il est indispensable de connaître son travail universitaire. Cet érudit féru de textes médiévaux, s’en est inspiré pour créer sa Terre du Milieu. (Voir l’article Aux sources de Tolkien : anatomie d’une oeuvre)
L’anglais érudit a voué toute une partie de son travail à Beowulf, ce chasseur de monstres et de dragons, dont il s’est fortement imprégné pour l’écriture du Hobbit. Son premier ouvrage s’intitulait d’ailleurs Beowulf : Les Monstres et les critiques, qui apporte une vision révolutionnaire sur le poème épique médiéval. Ce texte est publié en France aux éditions Pocket. Vous trouverez dans cette édition divers conférences de Tolkien, sur Beowulf, Sire Gauvain et le Chevalier Vert, l’anglais et le gallois, le quenya et le sindarin (les deux langues elfiques inventées par Tolkien).
À noter que Tolkien a également traduit Beowulf en prose. Cette traduction, publiée aux éditions Bourgeois dans notre langue, est accompagnée de Sellic Spell, texte où Tolkien reconstitue le récit de Beowulf, et du Lai de Beowulf, poème bilingue écrit par l’écrivain.
Grand admirateur de la Völsunga saga, il a également écrit deux lais, Le Nouveau lai des Völsungs et le Nouveau Lai de Gudrún, édités dans La Légende de Sigurd et Gudrún. N’oublions pas sa passion pour les chevaliers de la Table Ronde, visible dans son poème La Chute d’Arthur, mais également dans sa traduction de Sire Gauvain et le Chevalier Vert.
L’un des ouvrages critiques les plus importants de Tolkien reste Du conte de fée, où Tolkien explore en profondeur ce genre qui le passionnait.
Enfin, lisez sa correspondance, publiée sous le titre de Lettres, ainsi que ses Lettres du Père Noël, regroupant toutes les missives que l’auteur a envoyées à ses enfants, nouvelles envoyées du Pôle Nord, où le Monsieur au Grand Manteau Rouge dit combattre, aux côtés de l’Ours Blanc, des hordes de gobelins. Un enchantement !