Après Monte-Cristo, un autre classique de la littérature française va être adapté
Avec les succès de Le Comte de Monte-Cristo et de Les Trois Mousquetaires, la littérature française redevient bankable. La preuve, puisque cet autre classique de la littérature française va prochainement être adapté au cinéma.
Les succès de la littérature française
Le diptyque de Les Trois Mousquetaires avec François Civil et le récent Le Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney, ont prouvé que les grands classiques de la littérature françaises peuvent devenir d’immenses succès populaires. Il faut dire que Le Comte de Monte-Cristo a absolument explosé le box-office. Sorti le 28 juin dernier, le film est toujours à l’affiche. Écrit et réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière (également scénaristes de Les Trois Mousquetaires), Le Comte de Monte-Cristo a attiré plus de 7 millions de spectateurs dans les salles françaises.
Le succès est tel, que Pathé, qui produit à la fois Le Comte de Monte-Cristo et Les Trois Mousquetaires, serait prêt à lancer un « Dumas Cinematic Universe ». Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne seraient notamment dans les cartons du studio. La firme voudrait également développer son univers littéraire sur le petit écran avec possiblement des séries aux titres internationaux comme Milady Origins.
un Nouveau projet casse gueule
Joann Sfar, acteur, scénariste et réalisateur français, serait en passe d’adapter un nouveau roman iconique, mais controversé, de la littérature française. En effet, d’après l’AFP, l’homme derrière Gainsbourg (Vie héroïque) (2010) et Le Chat du Rabbin (2011) veut en effet se lancer dans la réalisation de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.
Premier roman de Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit a été publié en 1932. Le récit raconte le destin de Ferdinand Bardamu, un jeune homme, qui s'engage dans l'armée lors de la Première Guerre mondiale. Après avoir quitté l'armée, traumatisé par ce qu’il a vu, il se lance dans une série de périples. Il part découvrir l’Afrique coloniale, puis l’Amérique où il décide de travailler en usine à Détroit, avant de retourner en France et de devenir médecin dans un quartier misérable de la banlieue parisienne.
Le roman a été traduit en 37 langues et est célèbre pour son ton sombre, pessimiste, désespéré, et pour son regard critique sur la société de l’époque. Le récit est raconté à la première personne. Un effet de style assez unique à l’époque.
Co-auteur du scénario, Thomas Bidegain qui a déjà travaillé sur des films de Jacques Audiard comme Un Prophète, mais aussi Les Frères Sisters ou le récent Emilia Perez, a évoqué au micro de Le Monde les difficultés d’une telle adaptation :
C’est un pari. Ce qui est très compliqué c’est la structure du roman, sa langue, son personnage principal mais aussi le fantôme de Céline.
Effectivement, Louis-Ferdinand Céline était un antisémite très virulent. Dans les années 1930 et 1940, Céline a publié plusieurs pamphlets profondément antisémites et haineux, dans lesquels il exprimait des idées racistes et nationalistes. Bagatelles pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938) ou encore Les Beaux Draps (1941) sont considérés comme des textes propagandistes et violemment extrémistes. Ces pamphlets sont des attaques virulentes contre les Juifs, qu'il accuse de manipuler la société et de provoquer les guerres. Céline y développe des théories conspirationnistes, répétant des stéréotypes antisémites déjà largement répandus à l'époque.
Louis-Ferdinand Céline a également soutenu le gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, et a même exprimé sa sympathie pour le nazisme. Après la guerre, en raison de ses idées politiques et sociales, Louis-Ferdinand Céline a été considéré comme un collaborateur intellectuel du régime nazi. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Louis-Ferdinand Céline a fui la France pour se réfugier au Danemark. La France le condamne par contumace en 1950 à une année d’indignité nationale, mais bénéficiera ensuite d'une amnistie en 1951.
Le débat autour de Louis-Ferdinand Céline reste encore aujourd’hui très vif et très actuel. L’éternelle question de « faut-il séparer l’Homme de l’artiste ? » s’applique parfaitement à Louis-Ferdinand Céline. Auteur de génie, ses engagements politiques immoraux portent évidemment à réfléchir. D’où l’inquiétude de Thomas Bidegain.
En tout cas, le fantôme de Louis-Ferdinand Céline ne semble pas inquiéter Joann Sfar. Ce dernier, de confession juive, va donc se lancer dans l’adaptation cinématographique de Voyage au bout de la nuit. Un pari risqué et difficile face à la plume très complexe de l’auteur, si difficile à s’approprier.
Bravo à ceux qui, comme lui, prennent des risques pour aller dans l'autre sens et refusent de fermer leur gueule.