Test : Fragments of Him, le jeu narratif qui explore le deuil entre lassitude et larmes
Fragment of Him est le nouveau jeu de SassyBoy disponible à partir du 3 mai sur PC. Avec ce titre, le studio indépendant néerlandais nous propose de vivre un récit narratif qui explore la perte d'un être cher et les conséquences du deuil sur ses proches. Alors que vaut ce petit ovni indépendant qui veut jouer avec nos émotions ?
L'histoire, le coeur du jeu
Le jeu démarre avec Will, un jeune homme qui se prépare pour affronter une nouvelle journée. Alors qu'il quitte son appartement de bonne humeur, le héros pense au futur et à demander en mariage son compagnon. Il ignore que quelques instants plus tard, il sera victime d'un terrible accident. Ces premiers instants relate les dernier du protagoniste et le reste du jeu va explorer les conséquences de sa mort sur ses proches. Ce sont eux que le joueur va incarner tour à tour. D'abord sa grand-mère, Mary, pleine de regret. C'est celle qui l'a vu grandir, qui a parfois mal compris ses choix ou ses réactions étant d'une génération différente. Puis son ex-petite amie de la fac, Sarah, se souvient de son amour de jeunesse qu'elle a laissé filer pour lui permettre d'être heureux. Et enfin Harry, son compagnon endeuillé qui se retrouve seul dans leur appartement à affronter son chagrin. On regrettera que l'histoire de ce dernier ne soit pas plus développée car elle est sans doute la plus interessante. Le but des différents chapitres est de nous faire découvrir plusieurs facette de la vie de Will : ses dernières pensées, comment ses proches le perçoivent et comment ils vont se souvenir de lui.
En plus du deuil, le titre explore aussi d'autres thèmes intéressants : la routine, la découverte de la bi-sexualité, les rapports familiaux ou encore des réflexions concernant le futur. La trame narrative est bien construite, les différentes parties s'enchainent facilement et les acteurs qui prêtent leur voix aux protagonistes ont fait un excellent travail. La bande sonore est excellente avec des beaux morceaux de piano qui collent parfaitement au thème. Il faut tout de même souligner un point qui pourrait en freiner certains : le titre est uniquement doublé en anglais, il faudra donc se contenter des sous-titres pour ceux qui ne sont pas bilingues.
Des graphismes pas très engageants
Le jeu est plutôt minimaliste au niveau des graphismes et, il faut le dire, pas très beau. L'environnement est très clair : blanc et épuré. Il prend parfois aussi des airs de sépia pour ressembler à une vieille photo et accentuer le côté nostalgique. Nous sommes ici dans des souvenirs (où des fragments de souvenirs), tout ne peut donc pas être bien détaillé. C'est un parti pris poétique intéressant. Mais en pratique cela freine un peu l'immersion. Les personnages eux ressemblent à des mannequins stériles auxquels il est difficile de s'identifier. Pourtant, c'est aussi l'effet recherché. Comme ces héros n'ont pas de traits particuliers, vous pourriez voir en eux votre grand-mère, l'un de vos amis décédés, ou même une partie de vous face à votre chagrin... Mais l'identification est freinée par l'aspect visuel trop lisse et factice de ces personnages.
Un rythme cassé
Le gameplay de Fragments of Him n'est pas non plus son point fort. Il est, tout comme les graphismes du jeu, très minimaliste. Il vous permet simplement d'avancer dans l'histoire en cliquant sur différents objets pour que les personnages fassent des commentaires et progressent dans leur récit. Ces objets sont repérables facilement car ils sont entourés d'une couleur particulière. Ainsi, on clique d'abord sur la bouilloire de la grand-mère, puis sur la théière, puis sur les tasses et ensuite sur le plateau pour qu'elle continue de nous raconter ses souvenirs... C'est très simpliste et surtout très bridé.
Le joueur n'a pas de liberté. Il faut cliquer sur tous les objets tour à tour, pas question d'en oublier pour aller plus vite. Deux dialogues donnent la très faible illusion de pouvoir agir sur la narration, mais il n'en ait rien. Les choix se ressemblent et n'auront aucun impact. Pas non plus de vrai exploration de l'environnement, les protagonistes restent cantonnés dans des lieux assez petits dans lequel il faut simplement chercher le prochain objet cliquable. Autre point important : le joueur n'interagit pas directement avec les objets, il doit attendre que le personnage le fasse. C'est là que le bât blesse vraiment. Les personnages sont lents, rendant le rythme soporifique dès le départ. On a presque envie parfois de passer le dialogue pour cliquer directement sur les objets suivants et en finir.
Un jeu sur le deuil qui soulève des émotions
Ce jeu, centré sur le thème du deuil, a tout de même le mérite de nous avoir fait pleurer. Si les deux premières parties avec la grand-mère et Sarah nous ont surtout semblées longues, la dernière phase avec Harry a commencé à nous émouvoir. On finit par bien connaitre Will et le chagrin de son compagnon est celui qui nous a le plus touché. Il faut dire que c'est assez dur de vider son appartement (les meubles, la deuxième brosse à dent... toute trace de Will doit disparaitre) alors que le pauvre garçon est en boule dans un coin ! Pour nous, ça aura été 2h00 d'ennui et 30 minutes de larmes. A la fin, nous nous attentions à une note plus joyeuse, histoire de nous remonter un peu le moral, mais non, Harry va mieux tout d'un coup, il est passé au stade de l'acceptation... On a rempli à nouveau son appartement, il s'en va dans le soleil couchant avec ses souvenirs... Mais nous on ne va pas mieux, le jeu nous a laissé comme un goût amer dans la bouche.
En conclusion, ce jeu narratif ne nous a pas vraiment séduit. Son gameplay point and click est trop linéaire, et le rythme du jeu est d'une lenteur pénible. Quand à son histoire, malgré quelques questions intéressantes bien soulevées, elle n'a malheureusement rien de révolutionnaire. Elle parviendra tout de même à remuer en vous quelques émotions et vous faire réfléchir sur votre propre mortalité et celle de vos proches. Coté durée de vie, vous aurez terminé Fragments of Him en plus ou moins 2h30. Pas beaucoup pour un jeu qui coute 19.99 € euros et dont la rejouabilité est quasi-nulle. A réserver donc pour les grands amateurs de jeu narratif, pour les autres vous risquez d'être déçu par rapport au prix.