Affaire PRISM : comment Lavabit a tenu tête au FBI
Le site Wired révèle aujourd'hui les dessous de la fermeture de Lavabit, le service de messagerie chiffrée au coeur de l'affaire Snowden.
Le 8 Août dernier, le service de messagerie chiffrée Lavabit mettait la clef sous la porte. En cause, des démêlés judiciaires liés au scandale PRISM. Aujourd'hui, des documents officiels ont été déclassifiés et rendus consultables par tous. Ils montrent le bras de fer entre Ladar Levison, PDG de Lavabit et le FBI voulant récupérer des données sur l'analyste Edward Snowden à l'origine de l'affaire.
PRISM, c'est quoi ?
PRISM est un programme de surveillance mondiale américain. Selon l'analyste Edward Snowden, la NSA dispose d'un accès direct aux données collectées par les géants américains tel que Google ou encore Yahoo. L'analyste affirme que PRISM est "la source première de renseignements bruts utilisés pour rédiger les rapports analytiques de la NSA." Inutile de préciser que les autorités américaines n'ont pas apprécié les révélations de l'homme lançant immédiatement une enquête.
Lavabit et FBI : le bras de fer
Le 28 juin, le FBI demande à Lavabit de fournir l'ensemble des échanges mails d'un compte spécifique. Très probablement celui de l'analyste à l'origine du scandale. L'entreprise texane refuse purement et simplement de remettre ces données. Le juge décide donc de forcer Lavabit à installer des mouchards transmettant certaines informations au FBI. Mais encore une fois, l'entreprise s'oppose à l'autorité et refuse d'appliquer cette ordre expliquant que le service proposé garantissait la confidentialité des échanges. Ladar Levison s'est opposé seul à cette décision contrairement à Google, Yahoo ou encore Microsoft.
Résistant encore et toujours, il est même été menacé d'être mis en détention par la juge Theresa Buchanan pour outrage à magistrat. Le 1er août, devant la cour, il est une autre fois sommé de fournir ses informations avec la garantie que le FBI filtrera "raisonnablement" le contenu fourni.
Ladar Levison : les principes avant tout
Ladar Levison cède donc et fournit les codes d'accès, mais en version papier sur onze pages. Voulant faire trainer l'affaire le plus longtemps possible, tout le contenu était écrit en taille de police 4, pratiquement illisible à l'oeil nu. De plus, il aurait fallu des jours pour tout recopier informatiquement et sans erreur. La justice condamne l'entreprise à 5000 euros d'amende par jour tant qu'une version lisible et électronique ne sera pas fournie. Levison décide donc d'abattre sa dernière carte et de fermer purement et simplement son site en prenant soin de tout supprimer. Il laisse d'ailleurs ce message : "j'ai dû prendre une décision difficile : devenir complice d'un crime contre les citoyens américains et la constitution ou dire adieu à dix ans de travail. Après une longue réflexion, j'ai décidé de suspendre nos opérations.»
L'homme a décidé faire appel et d'attaquer le gouvernement pour l'avoir forcé à clore sa principale source de revenu. Pour cela, il utilise le 4e amendement des Etats-Unis relatif aux perquisitions et saisies sans "réelles motivation". Une campagne de récolte de fonds sur internet a également été lancée afin de payer les frais d'avocats s'élevant à 150 000 euros. Pour le moment, 30 000 euros ont été récoltés. "Ca coûte cher de défendre la Constitution" a déclaré l'ancien patron de Lavabit.
Et aussi pour avoir écrit en taille 4 !