Game of Thrones saison 8 : une construction entre musique et mémoire (SPOILER)
Si vous n'avez pas vu l'épisode 2 de la saison 8 de Game of Thrones vous ne devriez pas aller plus loin.
Cela fait 2 semaines que Game of Thrones envahit nos écrans. Avec une dernière saison réduite (6 épisodes au lieu des 10 habituels), les fans s'impatientent de voir la série passer à la vitesse supérieure. Un premier épisode qui pose les bases en 50 minutes et un deuxième qui fait la transition avec la bataille finale, les longs discours s'enchainent, mais le sang se fait attendre. Et pourtant, que cette image de sabots squelettiques foulant la neige fraiche de Winterfell fût belle. La nuit, le désespoir, l'hiver... la mort est finalement arrivée et c'est en musique qu'elle est annoncée.
L'introduction à l'introduction
Tout commence avec la fin de l'épisode 1. La rencontre entre Bran et Jaime et le souvenir d'une chute qui annonce la chute de la série. Car oui, les minutes passent et l'on s'enfonce de plus en plus vers la mort malgré les vaines tentatives de ramener la vie. Les vieilles amitiés resurgissent tout comme les rancœurs du passé, une manière d'enterrer tout ce qui fût en prévision de ce qui sera (ou ne sera plus). Brienne défend Jamie, Sansa couvre Tyrion et Theon fait son grand retour dans le château de son enfance. Cela aurait pu être une bonne journée en d'autres circonstances. On se permet quelques touches d'humour à l'image d'un Tyrion plus tyrionnesque que jamais ou lors de cette joute verbale qui oppose Sam à Eddison sur les remparts du château.
A song of ice and fire
Les fans de la série le savent, Game of Thrones dans sa forme littéraire se nomme A song of ice and fire et en cette fin d'épisode 2, la relation entre les pages et l'écran n'a jamais paru aussi évidente. Bien au chaud devant le feu, une majorité des protagonistes, que nous avons suivi jusque-là, attend la mort venue du froid avec le chant de Podrick comme ultime berceuse. On tente de dédramatiser sa mort potentielle, de s'accrocher à l'amour.
Je crois à notre survie. A combien de bataille avons-nous survécu ?
Cette simple phrase de Tyrion suffit à provoquer le rire, certes étouffé, de la communauté. Plus que jamais les lueurs bleues et rouges se superposent, mettant en relief les scènes heureuses teintées de désespoir et de peur. Grâce à deux épisodes longs, calmes, on oublie l'immédiateté de la menace. Lorsque se termine la chanson qui nous "présente" une dernière fois les personnages qui s'apprêtent à mourir devant nous, on en vient à souhaiter que les paroles de Podrick résonnent quelques secondes de plus pour profiter encore un peu de cette fragile tranquillité. Mais la voix s'évanouit laissant place à la scène la plus importante de la série. Dans la crypte de Winterfell, un lieu de mémoire gardien de l'histoire de Westeros, tout s'accélère. Une Daenerys plus froide et distante que jamais apprend les origines de Jon Snow. Les jeux de lumières vont varier le bleu et le rouge sur le visage de la mère des dragons comme pour nous rappeler la dualité de sa personnalité. La partie peut commencer, tous les pions sont sur l'échiquier, en place pour le dénouement final. Les lueurs chaudes du feu de bois sont maintenant dominées par le bleu de l'hiver.
Une construction narrative pour la mémoire
Qu'on se souvienne des bons ou des mauvais moments, des chansons, qu'on se crée de nouveaux souvenirs dans la chair de l'autre, qu'on réalise son rêve d'être reconnu à sa juste valeur, qu'on regrette ses erreurs... la narration est construite autour du souvenir. Car cet épisode 2 de la saison 8 nous donne LA réponse à LA question de la série. Que veut le Roi de la nuit ?
Et ce qu'il veut, c'est tout détruire. Détruire les hommes et leur mémoire. On le comprend grâce à Bran qui se dit cible du Roi de la nuit pour la simple raison qu'il est la mémoire des hommes. Cette nuit est la dernière nuit pour se souvenir de qui l'on est, de qui nous accompagne. Car qui sait s'il y aura un "après" à la bataille de Winterfell.
Je vois bien Jon devenir roi de la nuit
Vraiment hâte de l'épisode 3