Sea of Solitude, un jeu plus profond que l'océan sur lequel vous naviguez
Le 21 juin dernier, je vous parlais de Sea of Solitude, un jeu annoncé à l'E3 2018, et développé par le studio allemand Jo-Mei Games. Je vous avais présenté mes premières impressions face à une démonstration du jeu. Mais qu'en est-il lorsqu'on se retrouve manette en main ? Après quelques heures de jeu, Sea of Solitude est bien plus impressionnant que je ne l'imaginais.
des monstres qui n'en sont pas
Pour rappel, dans le jeu, vous incarnez Kay, une jeune fille qui se réveille seule, sur un bateau, en plein milieu d'une ville plongée sous les eaux. Vous devrez avancer pour découvrir les raisons de cette situation. En chemin, vous alternerez entre exploration à pieds ou en bateau, avec des phases "d'infiltration" ou de fuite, face à des monstres gigantesques.
Ces monstres parlons-en ! Tous ont une signification, une histoire, un trait de caractère lié à Kay, ou d'autres personnages. Tous viendront remettre en question la perception que Kay peut avoir d'elle-même, et à travers-elle, la perception que vous avez de vous-même. Car c'est là toute la beauté et l'intérêt de ce jeu qui vous pousse à regarder ces monstres de solitude, de colère, de frustration, de tristesse... Ces monstres qui ne cherchent pas (pas tous du moins) à vous nuire, mais plus à créer le déclic, tout comme le jeu en lui-même.
un jeu riche techniquement et ÉMOTIONNELLEMENT
Sea of Solitude dispose d'une direction artistique incroyablement belle, de musiques (l'un des gros points forts selon moi) qui se marient à la perfection à l'histoire. Le gameplay confirme sa simplicité d'utilisation, mais c'est ici le game design qui prend une toute autre dimension. Pour avancer, il vous faudra par moment libérer votre chemin de l'obscurité, supprimer la "corruption" qui vous bloque.
Dans un niveau (présent vers le début du jeu), la sensation d'harcèlement, de jugement est constamment présente. Votre personnage se fait rabaisser, bousculer de manière incessante, et seul face à cette agression, vous n'avez pas d'autre choix que de fuir, sous les railleries de ceux qui vous poursuivent et que vous devrez éviter. Une sensation de malaise et d'injustice vous prend alors au ventre... De là à parler d'une représentation du harcèlement, il n'y a qu'un pas que nous vous laisserons franchir en découvrant le jeu par vous-même (évitons de trop spoiler). Mais le jeu n'est pas que sombre, c'est également beaucoup de phases plus calmes, de découverte.
Durant ces phases, une autre mécanique souvent utilisée dans les jeux vidéos se présentera à vous : les collectables, qui ne sont pas de simples objets servant à compléter une collection. Des bouteilles à la mer vous raconteront une histoire au fur et à mesure que vous les trouverez, et les mouettes que vous ferez s'envoler vous donneront un tout autre point de vue sur l'univers dans lequel vous vous trouvez.
VERDICT
Il est difficile de vous parler de la richesse de ce jeu sans vous en dévoiler les éléments clés de l'intrigue. Sea of Solitude n'est pas un jeu déprimant, mais qui traite de la dépression et de la solitude. L'objectif du jeu n'est pas de vous faire sombrer, mais bel et bien de vous inciter à vous questionner sur vos propres actions : suis-je suffisamment à l'écoute des autres ? Pourquoi me dénigrer autant ? Toutes ces questions qui peuvent vous pousser, vous ou votre entourage, à vous enfermer. Un message qui est soutenu par l'incroyable travail technique et créatif du studio Jo-Mei Games. Je terminerai en disant que c'est définitivement un jeu à faire, peut être l'un de mes plus gros coups de coeur vidéoludiques. Mais pour l'apprécier, il faut savoir prendre son temps. Certains éléments scénaristiques pourraient faire écho à votre vie personnelle, c'est dans ces moments-là qu'il faut savoir décrocher pour ne pas que le jeu vous impacte trop et qu'il reste un plaisir.
Sea of Solitude est disponible dès aujourd'hui sur PS4, Xbox One et PC en dématérialisé, pour le prix de 19,99 euros.
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