Critique 10 Cloverfield Lane, un thriller très angoissant : bande-annonce, date de sortie, casting

Que se passe-t-il au 10 Cloverfield Lane ? Où sont les montres ? C'est là tout le mystère du film de Dan Trachtenberg. Si vous vous attendez à une suite directe du premier film Cloverfield ou un remake de Godzilla version américaine, vous risquez d'être déçu ! En revanche, si vous avez envie de voir un film qui sort des sentiers battus, ce mystérieux thriller pourrait bien vous plaire. 

Un Cloverfield bien différent

10 Cloverfield Lane tranche dès les premiers instants avec le style de son ainé. Ici, plus de caméra embarquée tenue par les personnages principaux. Le film a une allure plus classique. Son histoire ne s’inscrit pas dans la continuité du premier film de Matt Reeves. Elle pourrait en être la suite, le préquel, se dérouler dans le même univers ou un monde parallèle. En réalité, on ne sait pas très bien ! Le film met un point d'honneur à effacer la notion du temps. Pas de date, pas de jour, pas de nuit. Hormis au début du film et à la fin, on n’aperçoit que très rarement le ciel, ce qui renforce l'effet de claustrophobie qu'essaye de construire 10 Cloverfield Lane.

Le film débute avec le personnage Michelle, une jeune femme dont on ne sait pratiquement rien, mais qu'on suivra tout au long du film. Elle quitte son compagnon pour une raison inconnue du spectateur et prend la route. En chemin, elle a un accident et se réveille dans un bunker. Le propriétaire Howard, personnage aussi inquiétant autant que ventripotent, l'informe qu'ils ne peuvent plus sortir de son abris. Quelque chose s'est produit à la surface. Une attaque... Peut-être nucléaire, biologique, de terroristes, d'aliens, il l'ignore. C'est lui qui l'a soigné et amené ici. Un autre compagnon d'infortune partage également leur abri : Emmett, un habitant des environs. Le ton du film est donné. Trois personnages mystérieux, dans l’ignorance totale de ce qui se passe à la surface, sont enfermés dans un lieu clôt. Entre soupçons, trahisons et vie domestique, le film trouve son rythme. Les allures du bunker sont tantôt rassurantes tantôt anxiogènes. On ne sait pas s'il faut sortir de là en courant ou s'y barricader, si les monstres sont à l'intérieur ou à l’extérieur...

Une tension à échelle humaine

10 Cloverfield Lane se rapproche plus d'un thriller très humain que d'un film de science fiction. Ce qui fait sa force ce ne sont pas ses effets spéciaux, (qui n'ont pas du tout une place centrale dans le film), mais son jeu d'acteurs. Voila ce qui porte le spectateur pendant plus de 1h30. La performance de Mary Elizabeth Winstead (Michelle) mérite tout particulièrement d'être saluée. La demoiselle joue très juste. On s'identifie facilement à l’héroïne alors qu'on ne sait quasiment rien d'elle. Michelle est un personnage simple, débrouillard et courageux qui pourrait être madame ou monsieur tout le monde dans une situation critique. Ce sont ses émotions, ses réactions qui la rendent attachante aux yeux du spectateur. On la soupçonne tout de même d'avoir déjà regardé pas mal de films catastrophes parce-qu’elle a plutôt de bons réflexes ! Autre élément étonnant : pour un huit clos, 10 Cloverfield Lane n'est pas un film très causant ! On en apprend peu sur les personnages, ce qui accentue les doutes, les craintes et la tension palpable entre eux tout au long du récit. 

Monstrueuse confusion

Après avoir passé tout ce temps bien au chaud dans le bunker, la sortie est douloureuse. De la situation à l’extérieur, on s'imagine un monde post-apocalyptique lointain dont on ne sait rien du tout. Dans sa dernière partie, le film adopte un nouveau rythme déconcertant : la notion du temps revient et la vitesse s’accélère. D’ailleurs, on ne sait pas très bien ce que l'on voit dans ces scènes. Le dénouement est rapide, assez incompréhensible pour le spectateur, comme pour Michelle. Le premier Cloverfield jouait sur une menace qui plane, une créature qui est là mais qu'on ne voit que très succinctement... 10 Cloverfield Lane reprend ses éléments à sa sauce. Le ton change brutalement, peut-être trop : on a l'impression d'être devant un tout autre film brutalement. L'effet souhaité est de déboussoler le spectateur autant que l’héroïne. On ne vous en dit pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.

En résumé, 10 Cloverfield Lane est un thriller psychologique à taille humaine, posé sur un arrière-plan de science fiction. Une vision en huit clos d'un film catastrophe, qui est en réalité prétexte pour explorer la relation entre les personnages humains. Si vous avez envie d'un film de suspense qui sort un peu des sentiers battus on vous conseille d’aller y jeter un coup d’œil !