Mutant Year Zero : Road To Eden, un X-COM like qui en a dans le ventre

Véritable icône des jeux tactiques, X-COM est une franchise qui traverse le temps et les âges sans encombre. Nombreux sont ceux qui tentent de marcher sur ses pas, beaucoup n'y parviennent pas. Néanmoins, quelques petites trouvailles ici et là offrent un rendu intéressant, c'est le cas de Mutant Year Zero : Road To Eden, développé par The Bearded Ladies Consulting, un studio indépendant suédois basé à Malmö, et édité par Funcom. Vaut-il le coup ? Notre TEST devrait vous éclairer sur la question, même si un gros indice se cache dans l'introduction. 

Quand la balade digestive prend le pas sur le combat

Débarqué aussi bien sur PS4 et Xbox One que PC, Mutant Year Zero : Road To Eden est un X-COM like, un jeu tactique au tour par tour qui suit le système popularisé par la franchise désormais entre les mains compétentes de Firaxis. Cependant, plutôt que de s'atteler à la pale copie revisité, les développeurs de The Bearded Ladies Consulting ont décidé de mixer un peu les choses. Dans Mutant Year Zero, abrégé de cette manière pour la suite de ce TEST, les phases de combat, dans lesquelles vous devez vous défaire de vos ennemis en misant sur des lancés de dés généralement en votre défaveur, sont entrecoupées de phases d'exploration rafraîchissantes.

Un mashup qui fait mouche, notamment grâce à sa direction artistique plaisante et ses décors champêtres et boisés. Durant ses phases d'exploration, vous pourrez mettre la main sur divers ressources, des pièces de récupération, la monnaie du jeu permettant d'acheter des objets et des améliorations pour vos armes, mais également des pièces d'équipements et des armes, pour une plus-value instantanée de vos statistiques.  

Pour dépenser vos ressources fraîchement acquises, il faudra vous rendre dans l'Arche, le refuge dans lequel vivent les survivants, humains et mutants, de ce monde dystopique, dévasté par des épidémies et terrassé par une apocalypse nucléaire. Un marchand vous y attend, toujours prêt à vous fourguer ses possessions en échange d'un petit quelque chose. Sous l'Arche se situe la Zone, le terrain de jeu dans lequel vous évoluerez tout au long de l'aventure. Divisée en plusieurs cartes, la Zone doit être explorée à foison, les caches d'objets se situant généralement sur les bords de cette dernière. Le chemin principal, quant à lui, aura tendance à vous envoyer droit dans la gueule de l'ennemi.

Ces ennemis, au viseur affuté, ne vous rate quasiment jamais, quand vos personnages semblent posséder deux mains gauches tant viser juste semble difficile. Ces dits personnages, Bormin, mi-homme/mi-sanglier, et Dux, canard mutant de son état, sont les deux protagonistes de départ. Rapidement rejoints par une humaine teigneuse et une renarde assassin, la petite bande ne manque pas de répondant. Chaque personnage a une personnalité atypique et des dialogues qui font mouche, tantôt acerbes, tantôt bon enfant. Une répartie qui donne le sourire, quand les environnements sont gorgés d'ennemis sanguinaires. À la manière d'un RPG, chaque personnage peut être équipé de la tête au pied via sa fiche personnelle. Un bon moyen de visualiser ses statistiques et de le préparer pour tel ou tel assaut. 

Une difficulté trop corsée

Sur la pression d'une simple touche, il est possible de tendre une embuscade à un groupe d'ennemis ou un ennemi solitaire. Un procédé gratifiant qui offre la possibilité de se positionner de manière avantageuse avant de donner l'assaut. Néanmoins, même si les ennemis sont aperçus de loin, la difficulté élevée du jeu nous force à effectuer des sauvegardes rapides assez souvent. Même avec 75% de toucher leur cible, vos personnages ont souvent les mains moites et tirent à côté, quand, encore une fois, vos ennemis ne vous manquent pas. Un système frustrant mais gratifiant, chaque affrontement se présentant comme un véritable challenge. Pour se soigner, il ne suffit pas de se reposer un temps dans un coin, une trousse de soins est nécessaire. Obtenables chez le marchand ou dénichées dans un coin de map, elles sont extrêmement importantes. Pour vous rendre la vie plus facile, vos personnages peuvent débloquer des mutations à mesure qu'ils gagnent en expérience.

Passives, gain de points de vie ou d'armure, ou actives, possibilité d'immobiliser les adversaires environnants, elles définissent aisément le rôle de tel ou tel personnage et son utilité en combat. Dux préfèrera garder ses distances quand Bormin ne sera pas contre une petite excursion en mêlée. Sa difficulté n'est pas le seul problème de Mutant Year Zero. Malgré ses nombreuses qualités, le jeu n'est pas exempt de défauts. Les zones sont peu explicites et votre exploration vous enverra fréquemment sur la route d'ennemis bien trop puissants, vous forçant à souvent rebrousser chemin. Mais même lorsque que le combat semble équilibré, les probabilités paraissent constamment en votre défaveur. Un problème frustrant qui demande d'être intériorisé et va mettre à mal votre patience. 

Conclusion

Outre sa difficulté bien trop élevée et la précision de vos personnages frustrante, même pour un jeu tactique, Mutant Year Zero : Road To Eden est un excellent cru dans la lignée des X-COM. Son scénario, même s'il est peu poussé, a la chance de prendre part dans des décors élégants et adéquats qui vous donneront parfois envie de vous arrêter pour étendre une nappe à carreaux au sol. Les personnages, atypiques et tranchants, profitent de dialogues très bien écrits et bourrés d'humour, parfois noir. Mais la grande force de Mutant Year Zero réside dans ses phases d'exploration qui apportent de la fraîcheur à un genre parfois crispé sur lui-même, où la pression est constante et l'ennemi en embuscade. Les touches RPG sont appréciables et ajoutent du cachet au titre, qui aurait mérité un peu plus de diversité dans les armes et les équipements.