Anonyme, le dessinateur qui dompte la culture geek avec des lapins

Lui et ses "lapins" parsèment Facebook de détournements hilarants du paysage geek et culturel. Anonyme, dessinateur aussi enthousiaste qu’agréable se confie pour Hitek sur son univers et ses ambitions.

D’où vient ta passion pour le dessin et comment en es-tu venu à dessiner sur Internet ?

Le dessin, la photo, la peinture, la création et plus encore tout ce qui touche à l'image ont depuis toujours été mes outils de communication. J'en ai fait très naturellement mon métier par passion, plus que par raison. Ainsi j'ai travaillé quelques années sur pas mal de projets tous en relation avec le dessin ou la création graphique, par exemple sur une quarantaine de licences comme Disney, Marvel, DC Comics...

Dessiner et publier sur le net a été un choix. Je me suis donné deux ans pour arriver à pouvoir vivre de ma passion. Internet était le moyen de pouvoir publier et l'accueil des fans est la réponse à ces publications.  

Sans Internet, comment aurais-tu vu ta carrière en tant que dessinateur ? 

Internet est un fabuleux vecteur de visibilité et d'empathie avec ceux qui partagent les mêmes passions. Mais les salons, les rencontres, les expos sont des moyens tout aussi viraux que le net. Le type d'échange est différent, mais la motivation et les centres d'intérêt rassemblent les communautés entre elles.

Finalement la grande différence se situe d'un point de vue géographique et espaces. Avec le net on peut faire pas mal de choses de chez soi et toucher virtuellement une population dispersée. Avec les salons et autres rencontres on a un contact direct, l'échange est plus concret, mais il est aussi géolocalisé.

Quels sont les principaux avantages des réseaux sociaux ? D’un côté, tu es libre, mais n’y a-t-il pas une contrainte à rester régulier auprès des fans ?

Les lapins d'Anonyme c'est vraiment moi. Ils mélangent tout, ils sont un brin poètes, toujours positifs et souvent drôles. Je suis un peu à contre-courant des webcomics darks, désabusés, sordides ou politisés... il y a un grand nombre de dessinateurs très doués pour ça.

Alors ma liberté consiste à rester moi-même peu importe les rageux ou les critiques fondées sur le goût ou l'humeur. Je ne fais pas un "produit" marketing au grès des tendances du moment. Je raconte des histoires qui n'ont qu'une raison : essayer de faire sourire dans un monde ou tout pourrait nous faire pleurer tant on communique sur son aspect glauque et triste.

Avec la proximité des fans qui sont tous si encourageants, réceptifs, drôles,  se créé un lien réciproque. On parle, on chat, on commente. Et tous ces échanges me donnent de l'énergie, des sourires, l'envie d'écrire encore plus et de rester dans l'esprit comique des lapins d'Anonyme. 

Alors que ta communauté gonfle, quel est ton prochain objectif ? Sortir une bande-dessinée papier ?

Les fans d'Anonyme sont en effet comme les lapins, ils se multiplient ! J'ai pas mal de projets en cours. Pour réaliser les premiers j'ai lancé un financement participatif sur ulule début mars. L'édition de la BD au format papier est donc proposée aux fans.

La page Anonyme en anglais existe déjà, j'aimerai pouvoir faire sa version en espagnol. De même faire un site qui permette de pouvoir publier sans être limité par l'algorithme de visibilité de Facebook qui est un vrai piège si on ne "paye pas pour être vu"... Facebook fonctionne presque comme le poker !

Quelle serait la valeur ajoutée de tes dessins par rapport à d’autres webcomics ?

J'ai une profonde admiration pour certains webcomics. Soit parce que ce qu'ils font me touche et me parle, comme Douze et sa poésie comique par exemple. Soit parce que leur humour me met des barres ou de la bonne humeur comme Drink a LoL ou Could Be Worse.

Les dessins d'Anonyme sont, peut être, graphiquement différents comparés à beaucoup de webcomics. L'illustration, le dessin, les couleurs et les détails font parties de ma culture. 

Après... pour reprendre la citation d'Oscar Wilde, "Be yourself; everyone else is already taken".