Dossier : ces séries britanniques qui n’ont rien à envier aux séries américaines
Dans un de nos dossiers les plus récents, nous avions tenté d’éclaircir la manière dont est régi le monde des séries TV. Nous avions tenté de démontrer pourquoi les grands studios semblaient se tourner de plus en plus vers le petit écran. Mais notre étude restait – pour des raisons de facilité – très américanocentrée. Aujourd’hui, nous vous proposons un dossier sur ces séries britanniques qui n’ont rien à envier aux séries d’Outre-Atlantique, que ce soit au niveau de leur production ou de leur grande popularité.
Peaky Blinders
Sans aucun doute la meilleure série de toute la sélection. C’est bien simple, il s’agit, pour moi, de la meilleure série après Game of Thrones. Tout y frôle la perfection, dans cette série produite par la BBC. Créée par Steven Knight, le scénariste génial des Promesses de l’Ombre, le chef d’œuvre de David Cronenberg (avec Viggo Mortensen, Vincent Cassel et Naomi Watts, dans une histoire de gangsters russes), Peaky Blinders nous raconte les péripéties d’un gang local de Burningham pendant l’entre-deux guerres, la famille Shelby, plus connue sous le nom de Peaky Blinders. En effet, ces gangsters qui ont bâti leur commerce sur les paris truqués et illégaux, se baladent bien habillés (Angleterre oblige), avec des lames de rasoir cachées dans leurs casquettes. Mais, grâce à l’intelligence et à l’ambition de leur chef charismatique (c’est un euphémisme), Thomas Shelby (magistralement interprété par Cillian Murphy), les Peaky Blinders vont avoir une influence qui ne cessera de croître, de Londres à New York. En quatre saisons de six épisodes chacune, Steven Knight a su imposer son show parmi les plus grandes séries jamais produites. Il faut dire que chaque épisode de cette série de gangsters, à mi-chemin entre Sons of Anarchy et Boardwalk Empire (de Martin Scorsese), est un bijou de diamant brut. Cillian Murphy y est magnétique, époustouflant. Il campe un chef de gang violent, d’une intelligence froide et d’une tristesse absolue, qu’esquissent à merveille les magnifiques gros plans sur ses yeux bleus, qui nous émeuvent tant. Les autres acteurs sont également extraordinaires, notamment Sam Neill (The Tudors), dans un rôle d’antagoniste qui lui va comme un gant, ou encore mon acteur favori, Tom Hardy (The Revenant, Bronson, Legend), qui campe le rôle d’un gangster juif ultra-violent aux répliques cultes. Les scènes que partagent ces deux monstres au charisme fou, Murphy et Hardy, sont de grands moments de télévision, qui n’ont rien à envier aux plus grands chefs d’œuvre du cinéma. Le jeu sur les accents est hallucinant, la beauté des images et de la réalisation est digne des plus grands réalisateurs, et la BO (de Nick Cave à PJ Harvey, en passant par Leonard Cohen) me file des frissons. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi cette série est la série que je préfère au monde après Game of Thrones ? Non, toujours pas ? Dans ce cas, allez regarder ce chef d’œuvre (disponible sur Netflix), par ordre des fucking Peaky Blinders !!! Nous, on ronge notre frein en attendant la cinquième saison !
Doctor Who
Un monument de la télé anglaise doublé d’un monument de la Science-Fiction. Cette série est celle qui m’a fait aimer ce genre d’un amour fou. Non content d’être l’une des plus vieilles (et des plus longues) séries de l’Histoire, Doctor Who est également l’une des plus complexes. Trépidante, kitch, drôle, poétique et toujours surprenante, cette série est un pur chef d’œuvre. De nombreux acteurs de talent ont joué le Docteur, dont Matt Smith et David Tennant. J’avoue néanmoins ne pas avoir vu l’ancienne série. J’ai commencé à apprécier Doctor Who à l’arrivée de Steven Moffat comme showrunner. Si toutefois vous renâclez, comme je l’ai longtemps fait, à regarder cette pépite, je vous conseille de regarder l’épisode 10 de la saison 3, intitulé Blink. Il s’agit du premier épisode avec les Anges Pleureurs. C’est cet épisode qui m’a fait tomber désespérément accro de cette série hors-norme.
Sherlock
Après avoir révolutionné la SF avec sa reprise en main de la série Doctor Who, Steven Moffat, aidé par son ami acteur Mark Gatiss, a décidé de révolutionner l’écriture des séries policières. Mais peut-être est-ce là une prise de risque bien plus importante que la reprise de Doctor Who, pour le scénariste britannique. En effet, les Anglais sont les rois incontestés des romans, films et séries policières. N’oublions pas qu’Arthur Conan Doyle et Agatha Christie règnent en maître dans le domaine du policier. Et que des séries comme Inspecteur Barnaby, Broadchurch ou encore Miss Marple connaissent un succès qui ne se dément pas, au fil des années. Autre facteur à risque : Moffat et Gatiss prennent le parti d’offrir une nouvelle adaptation de Sherlock Holmes de Conan Doyle. Non content d’être la série de romans policiers la plus appréciée au monde, Sherlock Holmes a été maintes fois adaptées au cinéma et à la télévision. Parmi les plus fameuses adaptations, nous pouvons compter celle de 1960, la série TV de 1984 avec Jeremy Brett (un des meilleurs Sherlock, indéniablement !), l’adaptation par Disney, dans Basil, détective privé, par Hayao Miyazaki dans Sherlock Holmes, ou encore les deux films de Guy Ritchie, avec Robert Downey Jr. Comment surprendre avec une adaptation d’une série de bouquins maintes fois adaptés ? Moffat et Gatiss y parviendront en déplaçant l’intrigue à l’époque actuelle, réécrivant complètement dans Sherlock la mythologie créée par Conan Doyle. Et c’est une réussite, indéniablement. Les scénarios sont stupéfiants, toujours surprenants. Et le jeu d’acteur du duo Benedict Cumberbatch et Martin Freeman est extrêmement bon. Cumberbatch y démontre toute l’étendue de son talent d’acteur. Le rôle de Mark Gatiss (Mycroft Holmes) est jouissif, et j’ai été scotché par le talent d’Andrew Scott, qui excelle dans son rôle de Jim Moriarty, la célèbre Némésis de Sherlock Holmes. La réalisation est à la fois belle et dynamique. On ne s’ennuie pas une seule seconde dans ce show de grande qualité.
Taboo
Indéniablement, Steven Knight, que j’ai découvert avec Les Promesses de l’Ombre de David Cronenberg, et que j’ai commencé à aduler lorsque j’ai découvert Peaky Blinders, est devenu le scénariste de séries que je suis avec le plus d’intérêt. Donc quand a été annoncée la parution en 2017 d’une nouvelle série qu’il a scénarisée, et co-créée avec mon acteur favori, Tom Hardy, imaginez un peu ma joie. Cette nouvelle série de la BBC est une pure merveille, dont l’action se déroule dans le Londres gothique de l’ère Victorienne. Elle nous invite à suivre les aventures de James Delaney (interprété par Tom Hardy), homme violent que tout le monde croyait mort, et qui revient à Londres les poches pleines de diamants pour enterrer son père récemment décédé. Delaney hérite d’une parcelle en Amérique, très convoitée par la Compagnie des Indes, la Couronne Britannique et le Gouvernement des Etats-Unis. Problème : Delaney refuse de vendre cette parcelle, et compte bien en tirer le plus de profit. Eclate alors dans les rues de Londres une guerre sans pitié, entre les quatre parties belligérantes. Servie par une réalisation parfaite (oui, c’est le mot), une atmosphère sombre, saisissante de beauté, une musique planante (la BO a été confiée à l’excellent Max Richter, à qui l’on doit la magnifique musique On the Nature of the Daylight), cette série est un pur chef d’œuvre. On saluera également le casting prodigieux, avec un Tom Hardy plus charismatique que jamais, mais aussi Jonathan Pryce (qui, de victime de la Compagnie des Indes dans Pirates des Caraïbes, en devient le chef dans cette série, où il démontre à quel point il est un acteur exceptionnel, même si son interprétation du Grand Moineau dans les saisons 5 et 6 de Games of Thrones nous avait déjà conforté dans cette idée), Oona Chaplin (autre rescapée de Game of Thrones, série dans laquelle elle jouait Talisa, la femme de Rob Stark), Leo Bill (aperçu dans le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton), Stephen Graham (qui jouait Al Capone dans Boardwalk Empire), Jefferson Hall (aperçu dans Game of Thrones et Vikings), Tom Hollander (qui jouait Beckett dans les Pirates des Caraïbes), Roger Ashton-Griffiths (le père des Tyrell dans Game of Thrones) et Mark Gatiss (Doctor Who, Sherlock, Game of Thrones). A noter que Stephen Knight a annoncé qu’il était en train d’écrire la saison 2. Le génial scénariste britannique a également déclaré qu’il était en train de créer une série d’anthologie, avec Tom Hardy comme acteur principal, et Ridley Scott comme producteur (Scott officiait déjà comme producteur dans Taboo). Cette série adaptera les plus grands romans de l’écrivain britannique Charles Dickens. On comprend alors que Peaky Blinders, Taboo et cette nouvelle série formeront une trilogie thématique, une nouvelle mythologie de la classe ouvrière britannique. On attend avec impatience !
The Last Kingdom
Une autre série, qui permet de prendre son mal en patience entre deux saisons de Game of Thrones ou de Vikings. Cette série médiévale, produite par la BBC, est une adaptation de la saga The Saxon Stories de Bernard Cornwell. On y suit les aventures de Uthred de Bebbanburg, jeune noble spolié de ses terres par son oncle, suite à la mort de son père, avant d’être élevé par les Danois, dans l’Angleterre du IXième siècle. Rejeté par les Anglais et par les Danois, Uthred est décidé à prendre sa revanche. Cette série m’a beaucoup plus : le contexte médiéval y est très bien reconstruit. Seul point négatif de cette série, pourtant bien réalisée : le jeu d’acteur du personnage principal, s’il n’est pas mauvais, reste fade, si on le compare à celui de Travis Fimmel, l’acteur de Ragnar, dans la série Vikings, dont elle se veut l’héritière.
Downtown Abbey
Downtown Abbey est très certainement l’une des meilleures séries de l’Histoire. Cette série historique, qui analyse de manière aussi précise que poétique les relations de classe, est passionnante au possible. Le jeu d’acteur y est excellent, et le scénario prodigieusement maîtrisé. Elle apparait parfois comme un parfait contre-point à la série Peaky Blinders de Steven Knight, dont elle partage l’époque historique, mais avec un point de vue différent, puisque la classe ouvrière cède sa place à l’aristocratie anglaise. Un chef d’œuvre !
Black Mirror
Une série d’anthologie, qui traite notre rapport à la technologie de manière innovante. Glaçante par moment, cette série toujours maîtrisée, toujours surprenante, toujours passionnante, est un véritable bijou de la TV, à l’intelligence folle. Malheureusement, la réalité s’inspire souvent de la fiction… A voir sans hésitation
Mentions honorables
Parce qu’on ne peut pas tout mettre dans un top, certaines séries sont mises de côté. Ce qui n’enlève en rien leur qualité. Donc voici des séries, qui auraient amplement mérité de figurer ici, et qui seront présentes si nous faisons une suite à ce dossier : Broadchurch, The Crown, Victoria, Gunpowder, Luther, Penny Dreadful, Utopia, Misfits, The End of The Fuck*** World.
Oulà! je vais passer une mauvaise journée
-Wow-
on a plusieurs série craqués quand même
Sinon Nathan est carrément barré comme perso (plus barré que son "remplaçant" le gars qui à un double) :)
C'pas plutôt Fimmel?
Allez le stagiaire, vas chercher le fouet. :p
A l'entendre on dirait que Peaky Blinders n'a strictement aucun défaut.
Ce qui est très loin d'être le cas.
C'est simple : tu enlèves Cillian Murphy et la BO, et c'est une série banale.
Il restera une assez bonne reconstitution de l'époque, mais ça suffira pas à masquer les facilités scénaristiques, les personnages débiles, ou encore les scénarii rushés à mort.
La série veut développer une grande histoire épique, presque une fresque en fait, et n'a que 6 épisodes par saison, ce qui est 2 à 3 fois trop court !
Et GoT, des effets spéciaux dégueu ? T'es sûr de regarder le vrai GoT, et pas une adaptation chinoise illégale des années 2000 ? Parce que s'il y a un plan sur lequel elle est irréprochable, c'est bien celui des décors, des costumes, des effets spéciaux.
Déjà, le manque de moyens force les showrunners à avoir des idées (attention, je ne dis pas que les séries US n'ont pas d'idées hein) en dehors d'une certaine zone de confort qu'amènent les budgets réduits.
Ensuite, toujours ce manque de budget, force les équipes créatrices à innover autrement, que ce soit dans les scénarios mais aussi au niveau visuel et force à un constant renouvellement.
Doctor Who en est le meilleur exemple, le budget est assez réduit (même si la série a eu une augmentation) et arrive à nous faire rêver avec trois fois rien.
L'exemple de Blink cité dans le top en est un exemple brillant mais aussi entre autre Heaven Sent qui n'a pour seul personnage que le Doctor et un seul lieu, un château médiéval.
Misfits aussi, n'avait pas de moyens et à réinventé en quelque sort les super héros (beaucoup mieux à mon sens que Heroes).
En tout cas il y a une chose indéniable, c'est qu'il se dégage des séries UK une ambiance qu'on ne retrouve nul part, et rien que pour ça il faut les regarder.