Le Front National désire une seule monnaie en France, et une monnaie matérielle. En cas d'accès au pouvoir, les crypto-monnaies et les monnaies virtuelles seraient donc évincées des circuits légaux ! Et c'est plus particulièrement les bitcoins qui sont au cœur du débat. La monnaie virtuelle internationale est devenue une alternative pour les transactions online : un danger pour l'économie et les finances françaises selon le Front National.
Une monnaie physique unique sur le territoire français
Le 26 mai, le Front National publiait un communiqué officiel dans lequel son opposition aux monnaies virtuelles était clairement affichée : "Dans le cadre de l'application de son modèle de patriotisme économique, [le Front National] empêchera l'usage de crypto-monnaies, telles que le Bitcoin en France ". Mais pourquoi ? La peur de voir les monnaies physiques disparaitre et la perturbation que cela engendrerait sur le système financier actuel. Bernard Monot, eurodéputé FN et responsable du communiqué, explique les motivations du parti :
"De notre côté, nous sommes très clairs : seule une monnaie a cours légal dans un pays, et en l’occurrence l'euro, pour le moment. Les monnaies virtuelles et crypto-monnaies sont la conséquence de la fin de l'argent liquide, lui-même étant la conséquence de ce que j’appelle la fin du régime capitaliste, qui s'accompagne du passage en taux d'intérêt négatifs. Cette logique répond à la volonté de bloquer l'ensemble du système financier, pour empêcher les gens de retirer leur argent massivement quand ils réaliseront que leurs classements financiers sont à zéro ou négatifs."
Une vision qui n'est pas unanime
Primavera de Filippi, chercheuse et spécialiste de la Blockchain (technologie de stockage et de transfert d'informations sur lequel repose les bitcoins) ne considère pas la monnaie virtuelle de la même manière. Selon elle, le bitcoin "essaye de contre balancer une perte de contrôle sur notre argent et notre vie privée" : en effet, les bitcoins sont décentralisés et contrôlés par aucun opérateur financier. Cela présente bien évidemment un risque d'instabilité, mais les utilisateurs de bitcoins ont en revanche un contrôle total sur leur argent.
Primavera de Filippi compare le bitcoin à un billet classique : "En ce sens, les caractéristiques de bitcoin sont plus proches de celles d'un billet de banque que des transactions financières en ligne, qui doivent aujourd'hui être constamment approuvées par un intermédiaire financier. " Le bitcoin est donc une monnaie plus libre, internationale et efficace sur Internet.
Mais comment interdire ces monnaies ?
Le FN compte lutter contre les bitcoins en promulguant une loi qui interdirait son utilisation. La monnaie continuerait bien évidemment d'exister, mais elle serait "inutilisable" pour toute transaction légale. Mais Primavera de Filippi souligne la difficulté d'une telle interdiction :
"Il est possible d'en rendre les opérations interdites pour les opérateurs financiers et les autres opérateurs commerciaux, mais si les individus veulent acheter des bitcoins, ils peuvent le faire très facilement sur des plateformes à l'étranger. Évidemment, il est toujours possible de criminaliser la vente ou l'achat de bitcoin au niveau individuel, mais cela revient a la criminalisation du partage de fichier sur les réseaux pair à pair. "
Et c'est exactement ce qu'Hadopi a tenté de faire. Et ses retours sont clairement mitigés ! On imagine donc mal comment le Front National pourrait interdire les bitcoins. Avec une loi Hadopi souffrante, la question du contrôle d'Internet est encore tumultueuse.
Par catsanityo, il y a 8 ans :
Ahah, mais ils ont pas compris que c'était pas si facile ? Comme si internet n'avait pas déjà prouvé sa capacité à contourner les lois
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