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Dossier : RLSH, les super-héros de la vraie vie !

De Justin Padawan - Posté le 14 septembre 2018 à 11h26 dans Insolite

Bienvenue dans un monde où les Hommes décèdent lorsqu’ils deviennent trop vieux. Bienvenue dans un monde où personne n’est encore capable de voler. Bienvenue dans un monde où le danger est malheureusement permanent mais où aucun personnage masqué n’est susceptible de venir vous sauver. Mais ça, c’est ce que vous croyez.

On a tous déjà rêvé de devenir un super-héros. Sauf qu’on s’est tous très vite rendu compte que sans super-pouvoirs, ce serait bien trop compliqué. Pourtant, certains en ont décidés autrement : on les appelle sobrement les Real Life Super Heroes (RLSH). Popularisés aux Etats-Unis où certains sont devenus de véritables figures dans leur ville, ce sont des gens tout à fait normaux qui combattent le crime avec les moyens du bord. Pas de laser qui sortent des yeux, ni de griffes entre les phalanges, simplement du courage, de l’altruisme et une bonne dose d’adrénaline. Très peu répandus médiatiquement sûrement pour éviter que le phénomène ne devienne incontrôlable, ces super-héros contemporains sont pourtant bien réels

La petite histoire des RLSH

Voilà désormais un bon siècle que les super-héros squattent les librairies et envahissent la culture pop. Pourtant, le phénomène a mis un peu plus de temps à devenir réel. Certains l’associent même au film Kick-Ass qui traitait sous un délicieux trait d’humour des RLSH. C’est d’ailleurs à cette période que l’on recense la plupart d’entre eux et qu’une grosse majorité des médias mainstream ont décidé de porter leur regard sur un sujet qui pouvait être généreusement vendeur. En hausse de popularité au pays de l’Oncle Sam, mais complètement méconnus en France, les RLSH finissent par traverser l’Atlantique et se retrouvent dans les colonnes des plus gros journaux français. Et ce, pendant une très courte période.

Le terme de Real Life Super Heroes, lui, personne ne sait trop d’où il vient. À vrai dire, il est plutôt simple et lucide. Les "super-héros de la vie" traduirons-nous littéralement pour ceux qui dormaient au fond de la classe dans les cours d’Anglais. Dans tous les cas, plus ou moins à partir des années 2010, le phénomène débarque en France. Ou en fait, pas vraiment. Si les Français s’intéressent de manière assez évidente à ces justiciers masqués américains, peu d’entre eux osent enfiler un costume moulant pour aller combattre le crime.

Pour ce qui est des RLSH, c’est derrière l’appareil photo de Pierre-Elie de Pibrac, un photographe français, que l’intérêt va être décuplé dans l’Hexagone. Alors qu’il parcourt les Etats-Unis, le jeune parisien rencontre tour à tour les plus prestigieux "super-héros de la vraie vie" qui prennent pose devant lui en racontant brièvement leur histoire. Pour l’occasion, il publie un livre intitulé sobrement Real Life Super Heroes aux éditions PapelArt et Serious Publishing. Un court-métrage retraçant le parcours de Pierre-Elie sur le sol américain est mis en ligne dans la foulée. Nous sommes en 2012, et les super-héros sont plus que jamais à la mode. Iron Man, Captain America ou encore Ant-Man débarquent au cinéma tour à tour. Marvel met en place son Marvel Cinematic Universe et DC Comics, avec un brin de retard, finit par s’y mettre. Dans la rue, les gosses ne jurent que par eux, se baladent avec des masques de Spiderman ou des capes de Batman. Désormais, la pop-culture respire super-héros.

Crédits photo : Pierre-Elie de Pibrac

Plutôt cool, mais plutôt dangereux

Devenu l’une des pierres angulaires en France du phénomène, Pierre-Elie de Pibrac confie :

"Il y a deux sortes de RLSH. Ceux qui vont combattre le crime de manière frontale, et ceux qui vont le faire à travers des moyens sociaux, humains".

Quitte à rompre le fantasme, cette première communauté est infime. Car que l’on porte un masque ou non, vouloir faire justice soi-même, c’est quelque chose qui reste profondément interdit par la loi. Au-delà de ça, les risques sont bien trop grands : aucun d’entre eux ne dispose d’une force surhumaine, ni d’un pouvoir d’auto-guérison. Et sans ça, et malgré quelques notions d’arts martiaux, les dangers sont beaucoup trop élevés.

Mais une fois n’est pas coutume, il en existe tout de même quelques-uns. A San Diego, l’un d’entre eux se nomme Mr. Extreme. Véritable armoire à glace, il combat le crime comme un CRS seul, dans son coin, avec taser, menottes et spray au poivre. De l’autre côté de la manche, c’est Shadow qui a construit sa petite légende. Justicier de la nuit, on raconte qu’il aurait même arrêté un voleur de voiture avec son nunchaku avant de le livrer à la police, attaché à un poteau. Anecdote plutôt sympa : il disposerait d’un appareil auditif qui améliorerait son ouïe. D’autres luttent aussi contre des trafiquants de drogue, à l’image de Dark Guardian à New York. Conscient du danger, il repère simplement les malfrats avant d’appeler la police pour qu’elle puisse terminer le travail.

Phoenix Jones

L’histoire la plus fascinante reste tout de même celle de Phoenix Jones. Ancien combattant MMA invaincu, ce jeune homme de 29 ans a décidé de patrouiller dans les rues de Seattle pour combattre le crime. Il s’est construit un véritable costume à la Batman : intégralement noir avec quelques pointes de jaunes. Très médiatisé dans l’Etat de Washington, il dispose d’une armure intégrale ainsi que d’un gilet pare-balles pour se protéger lors de ses interventions contre les dealers de Seattle. La police locale recense plusieurs dizaines de bonnes actions à son actif, tandis que de nombreux vilains ont été écroués grâce à lui.

S’il est sûrement l’un des RLSH les plus charismatique et crédible, il est drôle de noter à quel point Phoenix Jones doit assumer toutes les contraintes que traversent les véritables super-héros. Et notamment l’hostilité de la police de Seattle et surtout du procureur de la ville Pete Homes qui le considère comme un "individu profondément fourvoyé". Il a d’ailleurs été arrêté à plusieurs reprises avant d’être appelé devant la cour en octobre 2011. Apparaissant avec son costume, un officier lui a demandé de retirer son masque. Il a accepté, déclarant dans une scène tout droit sortie d’un film du MCU :

"En plus d'être Phoenix Jones, je suis Ben Fodor, père et frère. Je suis comme tout le monde. La seule différence, c'est que j'essaie d'arrêter le crime dans mon voisinage et tout autour aussi. Je crois que je dois regarder vers l'avenir et voir ce que je peux faire pour aider la ville."

Des justiciers au grand coeur

Cependant, ces héros badass et courageux ne constituent qu’une petite poignée des RLSH. Non pas que les autres ne le soient pas tout autant, disons qu’ils utilisent leur coeur et leur générosité plutôt que leurs muscles. Pour beaucoup, le combat contre le crime doit rester dans les mains d’autorités locales ou nationales. Néanmoins, de nombreux combats sociaux restent sans opposition, sans intervention de l’État. Ce sont ceux-ci qui sont loués par la grande majorité des justiciers masqués.

Nyx

Nyx, une super-héroïne pulpeuse et sexy, avec quelques airs d’Elektra, aide d’ailleurs les SDF de la ville de New York. Légèrement craintifs au départ, les sans-abris ont finalement accepté Nyx qui est devenue une véritable allégorie dans la Big Apple. Eric Maigret, qui a conduit une longue étude sur le sujet, avait pu récupérer le témoignage fascinant de la jeune femme. Laquelle expliquait son vécu, une nouvelle fois sortie tout droit d’une bande dessinée. Elle racontait l’agression de sa mère lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant, puis ses premières "patrouilles" en soirée, avec son costume raccommodé avec un budget d’étudiante.  Elle est souvent associée à l’un des incontournables des RLSH, Life, qui agit lui-aussi dans la ville new-yorkaise. Il mène des actions pour les sans-abris et collabore avec des associations. En soi, ils ne sont pas différents d’autres bénévoles, mais le fait de maintenir une identité plus ou moins secrète semble représenter beaucoup. Comme s’ils étaient un symbole d’espoir, d’altruisme. Toujours pour Eric Maigret, l’alter-égo de Chaim Lazaros se confie :

"Le costume sert à m’identifier et à rassurer. Si certains se moquent de moi ou me sifflent, la plupart du temps je suis bien reçu par les sans-abris qui me reconnaissent de loin et qui savent que je ne suis ni de la police ni des services sociaux. Il faut comprendre que les sans-abris n’ont presque rien, qu’ils défendent un territoire très exigu, leur personne, et qu’ils ont des rapports très difficiles avec les autorités. Moi, je me contente de donner des choses très utiles comme des brosses à dents, des vêtements, des paires de chaussettes par exemple, de la nourriture, que j’achète moi-même… Et je parle beaucoup, je donne des conseils, sur l’hygiène, les relations avec le voisinage…"

L’union fait la force

Et à l’instar des Avengers ou de la Ligue des Justiciers, ces héros se regroupent dans des collectifs qui leur permettent d’avoir une plus grande portée. Life est par exemple le co-fondateur des "Superheroes Anonymous" qui organisent des événements autour du monde des super-héros pour collecter de l’argent rendu ensuite disponible aux sans-abris. Phoenix Jones a lui-aussi été longuement à la tête d’un groupe dénommé le "Rain City Superhero Movement" à Seattle, où tous les justiciers étaient issus de l’armée ou du MMA. Le collectif qui comptait une dizaine de membres a été dissous après trois années.

Le mouvement le plus important reste tout de même le "Real Life Super Hero Projet" qui dispose de son propre site Internet. Il recense la plupart des super-héros déjà évoqués, dont Nyx, Life, ou encore Super Guardian. Désormais, malheureusement au point-mort, l’initiative souhaitait réunir plusieurs justiciers notoires pour créer des oeuvres à l’échelle internationale. L’une des plus notables souhaitait d’ailleurs créer un puits pour rendre l’accès à l’eau potable plus évident en Afrique. Porté par la bande, le projet a pu venir en aide à près de 500 000 personnes. A une échelle plus limitée, les "Défenseurs de France" ont souhaité importer le principe dans l’Hexagone, mais là encore, le projet s’est étouffé avec le temps.

Au final, ils n’ont peut-être pas de super-pouvoirs, mais ils témoignent d’une formidable et courageuse prise d’initiative. Le terme de "super-héros" n’est d’ailleurs plus qu’une vague illusion où sont regroupés des justiciers masqués qui souhaitent rendre service à autrui. Voilà la définition véritable de ces RLSH : rendre service, à n’importe quelle échelle. Que ce soit en allant combattre des dealers, aider des touristes perdus ou offrir des couvertures à des SDF. Le pouvoir des super-héros est à portée de tous.

Cet article a été rédigé par
un lecteur d'Hitek : Justin

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Mots-Clés : Super-heros

Par Justin

Du haut de mes 19 ans j'ai du mal à enterrer les souvenirs d'une jeunesse nostalgique qui aura corrompu mon esprit pour toujours. De dresseur pokemon à apprenti sorcier, mon CV particulièrement étoffé se dévoilera au cours de chroniques qui feront ressortir vos plus belles expériences.

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Commentaires (10)

Par Rick Deckard, il y a 6 ans :

Les champions du quotidien

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Par Youja, il y a 6 ans via l'application Hitek :

Nyx... va lui arriver du sale un jour à trop jouer au con

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Par Beniben95, il y a 6 ans via l'application Hitek :

"A hero can be anyone"

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Par Dior, il y a 6 ans :

Aider ceux qui en font la demande, ok. Se balader et défoncer des mecs sous prétexte qu'ils te semblent suspects.... bof.

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Par SubScorpion, il y a 6 ans (en réponse à Dior):

C'est le FAR WEST, mon gars!

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Par VicePrime, il y a 6 ans (en réponse à Dior):

C'est la Jungle ici !

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Par Meclent, il y a 6 ans :

Les "super-héros de la vie" traduirons-nous littéralement pour ceux qui dormaient au fond de la classe dans les cours d’Anglais.

Commentaire condescendant tout à fait inutile qui n'a pas sa place dans cet article.
Tout le monde n'a pas accès de la même manière à l'éducation. Ce genre de jugement peut décourager un nouveau lecteur qui tente s’immiscer dans le "monde des geek", lui faisant comprendre que ses lacunes l’empêchent de rentrer dans cette communauté.
Je peux comprendre la volonté d'un trait d'humour, celui qui n'est pas bon en anglais vois ça comme une mise à l'écart.

"Les "super-héros de la vie" traduirons-nous littéralement." suffit amplement.

Attention à vos formulations.

Merci

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Par Ulysse Steevens, il y a 6 ans :

J'aimerais bien servir la SDF car toute ma vie j'ai rêvé de devenir un vrai super héros et j'ai même rédigé mon film mais je n'ai pas de moyen nécessaire pour en réalisé mais je garde la foi car j'ai eu mon nom de super héros par surprise et j'ai pu croire que c'est ma mission ma vraie mission en ma venue sur cette terre pleine de crime et d'injustice.
Continuer à travailler les amis j'espère qu' un jour je serai à vos côté.
Courage!

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Par zaito, il y a 6 ans :

Noraj les ricains, nous on a le Batman de Vierzon.

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