On a vu Anna, le dernier film de Luc Besson, on vous dit tout !
Cela fait quelques temps déjà que Luc Besson, sans doute le réalisateur français le plus bankable, traverse une traversée du désert. Cette dernière décennie aura été assez difficile pour le réalisateur, autrefois adulé pour Léon ou Le Grand Bleu. Seul Lucy (qui pourtant est loin d'être un grand film) a marché au box-office. Tous les autres ont été des échecs, tant critiques que publics, et même Valérian et la Cité aux mille planètes, pourtant annoncé comme étant le film le plus cher du cinéma français, n'a pas eu le succès escompté. Alors qu'Europa Corp, la boite de production fondée par Luc Besson est au plus mal, le réalisateur semblait décidé de renouer avec le succès avec son dernier-né, Anna, qui lorgne plus vers ses premières amours. On l'a vu, et quelque chose nous dit que ce film va connaître le même destin que ces derniers. Que se passe-t-il donc avec Luc Besson ? On a essayé de trouver la réponse dans Anna.
Résumé sans spoil
Anna (Sacha Luss) est une jeune fille russe, aussi jolie qu'intelligente. Paumée, droguée, elle est approchée par Alex Tchenkov (Luke Evans), et devient une redoutable espionne au service de l'U.R.S.S. Mais très vite, Anna sera amenée à porter plusieurs casquettes, surtout lorsque Lenny Miller (Cillian Murphy), agent de la CIA, s'intéressera à elle.
Un film maladroit et sans originalité
La première chose qui nous vient à l'esprit quand on voit Anna, c'est que ce scénario manque d'originalité. Mais cela résulte de deux éléments concomitants. Tout d'abord, Anna ressemble beaucoup trop à Nikita, l'un des premiers films de Luc Besson (et sans doute un de ses meilleurs). Comme Nikita, Anna est droguée ; comme Nikita, Anna va changer soudainement de vie ; comme Nikita, Anna sera entrainée par un mentor, et ce pendant plusieurs années ; comme Nikita, Anna voit sa quête de stabilité menacée par des missions toujours plus dangereuses. Oui, Anna ressemble bien trop à Nikita... Mais en plus, Anna ressemble, par bien des aspects, à Red Sparrow, film d'espionnage avec Jennifer Lawrence, sorti en 2018. Et Red Sparrow surclasse, de loin, Anna...
Mais là où Anna pèche le plus, c'est par sa maladresse, récurrente. Si les faux-raccords sont récurrents dans la filmographie de Besson, certains posent ici de sérieux problèmes au niveau temporel. Quant, à la fin des années 1980, Anna, pauvre fille droguée sans le sou, utilise un ordinateur portable tel qu'on en trouvait dans les années 2000, cela fait bizarre. Même chose au niveau des téléphones portables, qui semblent plus high-tech que ceux en vente dans les années 90, tels que le bi-bop. Mais là où le film frise avec le ridicule, c'est lorsqu'il tombe dans les travers américanistes de Besson. Une bonne partie de l'intrigue se passe en France. Pour tout vous dire sans vous spoiler, au début du film, avant même que nous sachions qu'Anna est une espionne, elle se fait recruter à Moscou par un chasseur de tête travaillant dans le milieu de la mode parisienne, et emménage à Paris. Le chasseur de tête, français, sait qu'Anna est polyglotte, et qu'elle parle français. Dans les locaux de l'agence de mode parisienne, Anna et ses collègues français, dont son agent, interprétée par l'humoriste Alison Wheeler, parlent... en anglais. On me rétorquera sans doute que je reproche au film de ne jamais faire parler les personnages en français, alors que je ne reprochais pas à Chernobyl d'être uniquement en langue anglaise. Sauf que cet argument ne marche pas dans ce cas précis : en effet, si dans Chernobyl les acteurs anglais et américains ne jouent pas en russe, c'était parce que les acteurs ne le parlaient pas eux-mêmes, et que la production avait sans aucun doute d'autres priorités que de payer des cours de russe à tout un casting, alors que ces mêmes cours pourraient être inefficaces (on n'est pas tous égaux avec les langues étrangères). D'autant que cela aurait amoindri la capacité des acteurs à rentrer dans leur personnage. Il est beaucoup plus facile de contrôler les inflexions de notre voix et de nos tons dans une langue que l'on maîtrise totalement que dans une langue apprise récemment. Dans Anna, cette excuse n'est pas acceptable : l'action se passant en France avec des personnages français, interprétés par des acteurs français, il est dommage que ces passages soient en anglais, car cela ne s'y prêtait pas.
Besson l'américain
Anna souffre ainsi du même problème que Valérian et la cité des mille planètes, qui adaptait une bande-dessinée française culte avec des acteurs américains. Peut-être me diriez-vous que c'est normal, que les films sont dans la langue de ceux qui le paient. Sauf que Valérian et la cité des mille planètes est un film français, son réalisateur et sa production le sont. Seulement, Besson, La Cité du Cinéma et les autres producteurs veulent toucher le public américain, et non pas le public français, qui pourtant était le public-cible de base, étant donné l'impact qu'a eu dans notre culture cette bande-dessinée. Outre le fait que cela démontre à quel point les grandes boites de production françaises sous-estiment le public français, cela pose également un problème que les producteurs français n'ont pas encore compris. Faites un film de genre en langue anglaise, il sera aussitôt comparé aux autres films de genre en langue anglaise. Ainsi Valérian souffrait de la comparaison avec les space-opera américains, comme Star Wars. Et il en sera de même avec Anna.
Un faux retour aux sources ?
Si en apparence Anna semble être un retour aux sources pour Luc Besson, quelque chose manque pour retrouver la magie des premiers films. Et on n'a pas eu à chercher longtemps pour en trouver la raison : il manque à Anna ce brin de folie poétique et discrète qui faisait la magie de Léon comme de Subway et Nikita. Ici, pas de méchant de la trempe de Norman Stansfield, le psychopathe mélomane de Léon, magistralement interprété par Gary Oldman. Pas de petite fille avec une plante verte qui suit un Jean Réno inséparable de son bonnet. Pas de Nettoyeur, mot doux pour tueur à gage, utilisé dans Nikita et Léon. Luc Besson se prend beaucoup trop au sérieux, et son film souffre de ce fait d'un manque de saveur. J'aime beaucoup le Luc Besson des années 90.
Un film qui veut avoir des choses à dire, mais qui ne dit rien
On dit souvent de Luc Besson que c'est un bon réalisateur et un mauvais scénariste. Je ne suis pas nécessairement de cet avis : il fut un temps où Besson était capable d'offrir un film bien réalisé et assez bien ficelé. Posons-nous la question : pourquoi Léon et Nikita étaient aussi bons ? Parce qu'ils ne se prenaient pas au sérieux. Parce que Besson acceptait l'idée qu'un bon film se doit avant tout d'être divertissant. Mais dans Anna, le réalisateur ne semble plus d'accord avec son ancien crédo. Il alourdit son film avec un discours sur la libération des femmes, proposé avec beaucoup de maladresse. Et ce discours brouillon et maladroit tend à être ridiculisé par le style Besson, celui des gros films d'action à gros budget, avec des flingues et des explosions partout.
Bref, Anna n'est pas ce qu'on peut appeler un bon film. Et c'est dommage. Maladroit tant dans sa forme que dans son fond, le film nous rappelle sans cesse ce qu'il aurait pu devenir si Luc Besson n'essayait pas avant tout d'être bankable, quitte à perdre l'ADN de ses premiers films.
Rien qu'en voyant l'affiche en bas de chez moi j'ai su que c'était de lui. D'une insipidité totale.
Tu sais très bien que la grande majorité des viols sont causé par des hommes .
Ce que tu ne sais peu être pas c'est qu'aussi la majorité des viols sur jeunes garçon sont aussi causé par des hommes .