Plus que les méchants, Black Panther doit combattre le climat social américain

Lorsqu’on évoque l’atmosphère qui plane au-dessus du paysage social américain depuis quelques mois, on évoque le mot "fracture". Qui aurait néanmoins cru qu’un personnage fictif, qui plus est en costume moulant de chat, serait capable de témoigner avec un tel réalisme l’ambiance crispante des Etats-Unis ? Dans les salles obscures, Black Panther est un véritable succès. En revanche, son message pourtant pourvoyeur d’honorables intentions n’a fait qu’approfondir une plaie qui devient terriblement inquiétante.

Un super-héros noir, et alors ?

14 février 2018, après de longs mois de teasing, Black Panther débarque enfin au cinéma. Il est indéniablement l’un des films les plus attendus de l’année et les critiques se rejoignent de manière quasi-unanimes pour dire qu’il s’agit là de l’une des plus belles œuvres de Marvel. Toutes ? Bien sûr que non. L’alt-right américain s’est dressée d’une seule voie pour faire barrage au super-héros qui, plus qu’un simple personnage, pouvait recoudre, sous reflet artistique, une fracture américaine pesante.

Tweets racistes, montages renommant le film La planète des singes, insultes envers les acteurs : une minorité se déchaîne contre le film. Une minorité qui, si elle n’était pas si virulente et si aguicheuse pour une presse américaine entre deux flammes, pourrait définitivement complètement passée inaperçue. Le film est un véritable succès et ces brèves critiques racistes ne l’atteignent définitivement pas. En revanche, c’est la communauté noire elle-même qui est touchée.

Il y a quelques semaines, cette dernière se félicitait de l’affiche du film, où se dressent fièrement uniquement des acteurs noirs. "Enfin" commentaient des protagonistes de la lutte pour les afro-américains. Sans doute ne s’imaginaient-ils pas les retombées sociales phénoménales que le film allait entraîner. Avec un Président qui s’autorise lui-même quelques réflexions ambiguës autour des immigrés, les portes aux réflexions racistes sont toutes grandement ouvertes. Qui plus est sur les réseaux sociaux. La ferveur d’un film fédérateur fut bien brève.

Les comics, le reflet d’une Amérique bien pâle

Les comics ont toujours été le symbole métaphorique des Etats-Unis. Cette fois-ci, le film n’a rien de bien critique, c’est plutôt l’appréhension du public qui est sujette à de nombreuses questions. Pourtant, les comics remplissent plutôt bien leur rôle en tentant de satisfaire tout le monde, sur tous les angles. Wonder Woman, dévoilé l’an passé, avait été applaudi au box-office et par les critiques, en devenant l’un des succès commerciaux les plus importants dans le monde des super-héros. Et cette prouesse, c’était une femme qui l’avait accomplie.

Et quand on sait que Civil War, le film où apparaît Black Panther pour la première fois est une parodie du Patriot Act ultra-conservateur de Bush, censé réguler l’immigration américaine, on ne peut que sourire ironiquement à la tournure des événements.