Pornhub diffuse des vidéos amateurs sans le consentement des "actrices"

En 2018, Pornhub, c'est 33,5 milliards de visites sur l'année et 92 millions de visites par jour grâce à des vidéos fournies par de nombreux partenaires. C'est l'un d'entre eux qui est aujourd'hui sous le feu médiatique après avoir diffusé sur internet, des vidéos amateurs "sans le consentement" des femmes visibles à l'image. GirlsDoPorn (GDP) est un site spécialisé dans le contenu pornographique amateur, l'entreprise est aujourd'hui attaquée en justice par 22 femmes pour fraude, abus émotionnel et détournement d'images. Entre 2009 et 2018, le site aurait ainsi mis en scène une centaine de femmes de 18 à 23 ans, dans des films pornographiques amateurs, "garantissant" normalement, une certaine tranquillité concernant la diffusion des vidéos. Celles-ci ne devaient à l'origine qu'être envoyées à des « collectionneurs privés » australiens et néo-zélandais, mais se retrouvent finalement sur internet avec plus de  677 millions de vues.

qu'est ce que girlsdoporn ?

C'est donc un site pour adulte qui fonctionne par abonnement. Autrement dit, GDP fait sa promotion sur de grands distributeurs comme Pornhub, Youporn ou encore Xvidéo avec des extraits de vidéos que vous pourrez regarder en totalité en vous abonnant. Ces hébergeurs proposent de publier des vidéos aussi simplement que sur Youtube, simplement en créant un compte, rendant plus difficile le contrôle des droits des acteurs et actrices.

La particularité de GirlsDoPorn, proposer de l'argent à de jeunes femmes (18 à 23 ans) pour que celles-ci tournent une seule et unique scène. Leur première et dernière scène pornographique. Le propriétaire du site, un Néo-Zélandais du nom de Michael Pratt, a donc lancé le projet en 2009, trouvant des actrices par le biais du site Craiglist, qui propose de poster des petites annonces. Les scènes sont tournées dans des chambres d'hôtels, dans différentes villes des Etats-Unis. Sur les vidéos, seuls les corps des deux "acteurs" et le visage de la femme sont visibles.

l'origine du problème

Selon John O'Brien, avocat des plaignantes, au moins 100 femmes interrogées ont déclaré que GirlsDoPorn leur avait promis que les vidéos ne seraient pas diffusées en masse. De plus, toujours selon l'avocat, les contrats auraient été signés dans la précipitation et sous l'influence de l'alcool, l'une des filles aurait même été mineure au moment du recrutement, et tout juste majeure au moment du tournage :

Juste avant de tourner et après le maquillage et la coiffure, ils (GDP) présentent les conditions de sortie des vidées que les jeunes victimes doivent signer. Des termes manquent, notamment le prix et leur site web, le tout pendant qu'ils distraient les models, pressent les models, cachent le contenu et les effets du contrats, et biens souvent, offrent de l'alcool aux models (dont beaucoup était en dessous de l'âge légal).

Selon l'une des victimes, des pot-de-vin auraient également été versés pour que les "actrices" disent du bien de l'entreprise auprès de leurs amies.

Ils ont également essayé de me payer pour que je dise à d'autres filles que tout s'était bien passé, et qu'il n'y avait aucune conséquences, mais bien évidemment, c'était avant que la vidéo ne sorte sur GDP puis partout sur Pornhub.

De plus, aucun des mensonges du sites n'a été posé à l'écrit. En cas de questions ou de problème d'une victime qui pouvait contacter le site par sms ou mail, celui-ci répondait uniquement en demandant à la jeune femme de les appeler, évitant ainsi la preuve écrite.

un impact émotionnel à long terme

En juillet 2015, GDP commence à publier les informations personnelles des jeunes victimes sur PornWikileaks, un site qui répertorie des données et informations sur les personnes du milieu de la pornographie. Harcèlement, proches ayant découvert les scènes, suite à la diffusion des vidéos et de ces informations, de nombreuses victimes sont tombées dans la dépression. Certaines de ces jeunes femmes ont tenté de disparaître d'internet, de changer de pays, quand elle n'ont pas directement essayé de mettre fin à leur vie. 

J'ai pensé au suicide. Je me suis coupée moi-même. Je suis devenue dépressive, je ne pouvais pas sortir de chez moi. J'ai été harcelée au travail à propos de la vidéo, à tel point que j'ai du démissionner. J'ai maintenant peur de postuler à un nouvel emploi. Je reçois des demandes aléatoires sur les réseaux sociaux de personnes qui me demandent de coucher avec elles. Il n'y a pas un jour où je ne vis pas dans la peur que je vais rencontrer quelqu'un qui sait pour la vidéo. J'ai l'intention de changer d'Etat aussi vite que possible. 

A l'heure actuel, Pornhub n'a toujours pas supprimé les vidéos incriminées malgré les demandes de certains organismes de défense. Aucune rupture de contrat entre Pornhub et GirlsDoPorn n'a également été annoncé, bien que ce partenariat puisse être rompu à n'importe quel moment pour n'importe quel raison selon le règlement du diffuseur américain.